Elles fument pas, elles boivent pas, elles draguent pas, mais elles flinguent… 

Les controverses peuvent bien faire rage sur l’intégration des femmes par Tsahal, mais le bataillon mixte des «Lions» a un travail à faire

Les hommes politiques, les rabbins s’interrogent sur la stratégie suivie par l’armée en matière de relations publiques, quand elle met en valeur les femmes soldats; pour ces femmes et les hommes qui servent avec elles, cependant, ces avis extérieurs n’ont aucune pertinence quant à la réalité du travail qu’elles effectuent et au service qu’elles rendent. 

 

Lors d’une rencontre avec le chef d’état-major de Tsahal, Gadi Eisenkot le mois dernier, le ministre de l’Agriculture Uri Ariel, du parti de droite Foyer Juif, a demandé au général pourquoi le porte-parole de l’armée «met toujours en avant des articles sur l’intégration des femmes et des homosexuels ? A quoi ça sert? « 

La question reflétait un profond malaise parmi les membres de la communauté religieuse nationale face à l’intégration croissante des femmes dans l’armée, en particulier dans les bataillons de combat mixtes. Les réactions se sont orientées, en partant de questions techniques telles que la gestion des ressources humaines et les capacités physiques intrinsèques, à celles de certains rabbins extrémistes qui blêmissent à l’idée que les femmes «s’avilissent», en tant que femmes, en accomplissant leur service militaire.

Cela a atteint son paroxysme lorsque, au cours du week-end, l’armée de l’air a retiré une vidéo de sa page Facebook qui avait été préparée pour la Journée internationale de la femme jeudi dernier, en réponse aux protestations des membres de la communauté religieuse nationale. Dans la vidéo, les aviatrices décrivent la myriade de façons dont les gens disent que les femmes ne devraient pas servir dans l’armée, la séquence se terminant par l’image d’une femme qui hausse les épaules, en soulignant : «Enfin, il paraît …» avant de monter dans un chasseur F-16.

Dans la vallée du Jourdain, où un bataillon mixte s’entraîne et mène des opérations, une telle répulsion est tout aussi insignifiante, pour les hommes que pour les femmes qui sont quotidiennement sur le terrain, au contact.

« Il y a beaucoup de gens qui ne croient pas en ces unités [mixtes]. Les gens qui ne pensent pas qu’ils puissent être justifiés. Il est important que les gens voient des photos des soldats … qu’ils sachent que derrière toutes les rumeurs et l’opposition de principe, il y a des soldats qui accomplissent une mission, une mission sacrée : défendre le peuple d’Israël, défendre l’Etat d’Israël « . . Barkan Dahan, commandante de compagnie au sein du bataillon des Lions de la Vallée du Jourdain. (Pour être tout-à-fait clair, ses commentaires ne s’adressaient pas spécifiquement à Ariel.)

La cpt. Barkan Dahan dirige une compagnie de soldatsdu bataillon mixte des Lions de la vallée du Jourdain, lors d’un exercice au sein de la base militaire de Tze’elim (Negev) le 5 février 2018. (Luke Tress / Times of Israel)

Dahan, 24 ans, commande l’une des quatre compagnies qui composent le bataillon des Lions de la vallée du Jourdain, une unité composée d’hommes et de femmes – respectivement environ un tiers et deux tiers – qui, depuis sa création en 2015, a été chargée de défendre la vallée du nord du Jourdain, une partie de la Judée-Samarie, qui jouxte la frontière jordanienne.

Des soldats du bataillon mixte des Lions de la vallée du Jourdain participent à un exercice dans la base militaire de Tze’elim le 5 février 2018. (Judah Ari Gross)

« C’est une belle région, mais elle est également compliquée en termes de sécurité car elle inclut la frontière avec la Jordanie – avec qui nous sommes en paix, mais elle reste toujours une frontière à surveiller – et qui (puisqu’elle) comprend également une population palestinienne importante ». .

Des journalistes ont pu se joindre aux Lions de la Vallée du Jourdain pour un entraînement au combat urbain dans la base de Tze’elim dans le désert du Néguev le mois dernier, alors qu’ils simulaient des combats de maison en maison dans un village arabe factice, bâti à cet effet (et appelé : « Gaza-City »). Ils escaladent les murs, brisent les portes et se montent sur les épaules pour obtenir de meilleurs points de vue, au bout de leurs mitrailleuses.

« Il est important de prouver qu’il n’y a pas de différence entre les garçons et les filles », a déclaré la jeune Gil Doron, qui porter une mitrailleuse au sein du bataillon des Lions de la Vallée du Jourdain, qui a immigré en Israël avec sa famille en provenance d’Afrique du Sud.

Ici, il y a des filles ; là, il n’y en avait pas

Bien que les femmes aient servi à des postes de combat en Israël même avant la fondation de l’Etat, la question reste l’une des plus sensibles de la société israélienne.

Certains s’opposent à l’ouverture des rôles de combat à des femmes, affirmant qu’elles sont physiologiquement incapables de les exécuter. De nombreux rabbins de la communauté religieuse nationale avertissent que les hommes et les femmes qui servent ensemble sur des postes de combat risquent d’être sujets à une formule débouchant sur une promiscuité inappropriée.

D’un autre côté, beaucoup soutiennent que c’est un pas important vers l’égalité entre les hommes et les femmes.

Pendant ce temps, Tsahal soutient qu’elle ne fonctionne pas sur la base d’un agenda pro- ou anti-féministe, mais qu’elle cherche simplement à répondre aux préoccupations sécuritaires du pays, et si cela signifie donner des fusils d’assaut M-16 aux femmes soldats et les envoyer patrouiller à la frontière – ainsi soit-il.

Le lieutenant-colonel Rami Mizrahi, commandant du bataillon des Lions de la vallée du Jourdain, sur une photographie non datée. (Tsahal)

Le commandant du bataillon des Lions de la vallée du Jourdain, le lieutenant-colonel Rami Mizrahi, ne voit pas de véritable distinction entre son unité mixte actuelle et les anciennes unités entièrement masculines dans lesquelles il a déjà servi – au-delà des apparences physiques évidentes.

« Ici, il y a des filles, et là, il n’y en avait pas », a-t-il dit en riant, interrogé sur les différences entre les unités.

Dahan a acquiescé, en remarquant que la seule différence mineure est qu’elle doive travailler plus dur pour que son unité se rassemble et forme véritablement un groupe, puisqu’ils passent moins de temps ensemble dans leur vie sociale et qu’ils dorment dans des quartiers séparés.

« Mes difficultés sont les mêmes que celles d’un commandant de compagnie de la brigade Golani: prendre soin des soldats, les préparer à les envoyer dans des formations, s’assurer qu’ils rentrent chez eux en toute sécurité, s’assurer que tout est pris en charge ». .

Des soldates du bataillon mixte des Lions de la vallée du Jourdain participent à un exercice dans la base militaire de Tzeelim le 5 février 2018. (Luke Tress / Times of Israel)

M. Mizrahi a déclaré que le discours politique et social sur les femmes combattantes ronronne, mais ne fait pratiquement aucune différence dans le cadre des opérations quotidiennes de son unité et ne l’intéresse pas personnellement.

« Quand il y a un article qui est publié sur un site d’information sur ce problème, je le fais glisser et il disparaît. Avec les smartphones, c’est très facile, « dit-il, avec ironie.

« Ces débats n’ont aucun lien réel avec la réalité sur  le terrain. Les hommes et les femmes, ensemble, sont égaux. Ils sont très professionnels, très agressifs s’il le faut. Nous les entraînons pour cela. Tel ou tel journaliste ou ce rabbin peut venir ici et voir ce que les troupes font sur le terrain », a déclaré le commandant du bataillon.

Des soldats du bataillon mixte des Lions de la vallée du Jourdain participent à un exercice dans la base militaire de Tze’elim le 5 février 2018. (Judah Ari Gross)

Mizrahi et Dahan ont tous deux déclaré que les résidents du nord de la vallée du Jourdain les harcelaient littéralement pour qu’ils reviennent dans la région, après leur départ pour effectuer quelques semaines d’exercices d’entraînement.

« Quand nous sommes hors de la zone, ils nous demandent toujours : » Quand reviendras-tu? Quand revenez-vous?’ C’est bon à entendre « , déclare Dahan.

Mizrahi relève que beaucoup de ces personnes sont des juifs religieux, qui ne semblent pas être sensibles aux commentaires des rabbins dirigés contre les femmes servant dans l’armée israélienne.

Des soldats du bataillon mixte des Lions de la vallée du Jourdain participent à un exercice dans la base militaire de Tze’elim le 5 février 2018. (Judah Ari Gross )

Avant de prendre la tête des Lions, Mizrahi a occupé des postes dans des unités de combat entièrement masculines, d’abord dans la brigade Nahal puis dans l’unité d’élite Duvdevan.

« J’ai eu les Lions parce que je le voulais (le commandement de ce bataillon), avec toutes ses complexités », a-t-il dit. « Et je suis très heureux qu’ils m’aient donné l’opportunité de commander une unité comme celle-ci. »

Les distinctions qui existent entre les unités masculines et mixtes, a-t-il dit, ne sont « pas dans les capacités des unités, mais dans leurs objectifs à réaliser ».

Des soldats du bataillon mixte des Lions de la vallée du Jourdain participent à un exercice sur la base militaire de Tze’elim le 5 février 2018. (Judah Ari Gross)

La brigade Nahal, par exemple, est une unité de «manœuvre» (mobilité), dans le langage de l’armée, qui traverse les frontières en temps de guerre et prend part aux campagnes terrestres (au Liban, par exemple), alors que les Lions du Jourdain et les autres bataillons mixtes ont été conçus pour être stationnaires, des unités de garde (sécurisation du territoire et des frontières), a déclaré Mizrahi.

« Mais le bataillon [des Lions] est agressif, prêt à se battre, professionnel, il prend des initiatives et est prêt à entrer en contact (avec l’ennemi) », a-t-il déclaré.

Des soldats du bataillon mixte des Lions de la vallée du Jourdain participent à un exercice sur la base militaire de Tze’elim le 5 février 2018. (Judah Ari Gross)

« Il y a ici des femmes soldats plus fortes et plus dures que les soldats (hommes). Ce n’est pas drôle pour moi de le dire, mais certaines d’entre elles sont même plus fortes que moi. Sérieusement, « a t-il dit.

« Je ne parle pas seulement de celles qui ont du poison dans leurs yeux » – argot israélien pour parler de motivation intense – « je parle des capacités physiques », a ajouté Mizrahi.

Gil Doron, du bataillon mixte des Lions de la vallée du Jourdain pose avec sa mitrailleuse Néguev lors d’un exercice sur la base militaire de Tze’elim le 5 février 2018. (Luke Tress / Times of Israel)

Par exemple, Doron, la soldat portant la mitrailleuse, a dit qu’elle avait obtenu son poste uniquemznt parce qu’elle était «la plus forte de mon équipe» (sa mitrailleuse Néguev pèse plus de deux fois le poids d’un fusil d’assaut M-16, sans même prendre en compte compte le surplus de munitions et le baril supplémentaire.)

« Nous avons fait beaucoup d’exercices et avons vu qui était le meilleur et sur quelle arme. J’étais la plus forte et la plus rapide « , a-t-elle dit.

Sur les traces de sa soeur

L’un des principaux moteurs de la création de ces unités était qu’elles pouvaient être stationnées dans des zones plus calmes – Caracal, le long de la frontière égyptienne ; Bardelas dans le désert d’Arava ; Lions de la vallée du Jourdain dans le nord de la vallée du Jourdain; et Lavi dans le sud de la vallée du Jourdain – afin de libérer les brigades d’infanterie axées sur les «manœuvres», plus avancées pour mener un niveau d’entraînement supplémentaire ou d’autres activités nécessaires.

Des soldats du bataillon mixte des Lions de la vallée du Jourdain participent à un exercice sur la base militaire de Tze’elim le 5 février 2018. (Judah Ari Gross)

Dahan, de la ville de Migdal Ha’Emek, au nord d’Israël, dit plus simplement: « Quelqu’un qui siégeait là au niveau politique et aux plus hauts échelons de l’armée, a décidé qu’il devait y avoir une force comme celle-ci, quelqu’un pour accomplir cette mission. Et nous sommes les personnes qui effectuons cette mission. Et nous le faisons avec amour. « 

Le premier bataillon mixte, Caracal, a été formé en 2001 et il est resté le seul jusqu’en 2014, lorsque les Lions de la vallée du Jourdain ont été formés, suivis rapidement par Bardelas en 2015 et Lavi en 2016.

La sœur aînée de Dahan était l’une des «fondatrices de Caracal, l’une des personnes qui s’est assise autour d’un feu de camp pour en choisir le nom», a-t-elle dit. (On pensait alors que les chats Caracal mâles et femelles avaient des différences minimes entre eux, bien que ce ne soit pas vrai.)

«Quand j’étais petite à la maison, j’ai vécu l’expérience d’avoir une sœur qui rentrait à la maison avec une arme à feu et une mère qui s’inquiétait. Même après qu’elle ait été libérée, c’était toujours quelque chose dont nous avons continué à parler », déclare Dahan.

Quand ce fut son tour de rejoindre l’armée, Caracal était toujours le seul bataillon mixte et c’est ainsi qu’elle y est entrée.

Des soldats du bataillon ixte des Lions de la vallée du Jourdain participent à un exercice sur la base militaire de Tze’elim le 5 février 2018. (Judah Ari Gross / Times of Israel)

«Construire un nouveau bataillon mixte était considéré comme un scénario insensé qui ne pourrait probablement pas se réaliser. Mais au fil des années, ces phénomènes se produisent et se produisent relativement rapidement « , a déclaré M. Dahan.

Au cours des cinq dernières années, le nombre de femmes combattantes dans l’armée israélienne a explosé, multipliant par cinq le nombre de bataillons de combat et ouvrant des postes supplémentaires dans le renseignement de combat et l’artillerie.

Construire un nouveau bataillon mixte était considéré comme un scénario insensé qui ne pourrait probablement pas se réaliser. Mais au fil des années, ces choses se produisent et elles se produisent relativement rapidement

En 2017, l’armée a enregistré un nombre record de 2 700 femmes rejoignant des unités de combat, contre 547 en 2012. Pourtant, le nombre de femmes officiers de combat reste relativement faible.

« Il y a toujours un écart, négatif, entre les femmes et les officiers de combat, mais il y en a (des combattantes ) plus qu’avant », a déclaré Dahan. « Et je suis heureuse de voir que les femmes soldats de combat commencent vraiment à aspirer à en être. »

 11 mars 2018, 1:19 pm

TOI.

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SAPORTA ALAIN

Pour moi il n’y a pas de différence qui est derrière le fusil ,la mitraillette,le fusil mitrailleur homme ou bien femme pour défendre monsieur et madame le rabbin qui ne souhaitent pas se défendre (air connu à l’époque avec les pogroms)il est vrais que si madame se fait violer ou monsieur le rabbin se fait égorger c’est Dieu qui le souhaite ineptie totale des religieux de toute sorte ( rappel 6 millions sont morts dans les camps )
alain

Line

Et qu’avait fait Yaël, femme courageuse et discrète, avec Siséra? il y a des circonstances où il faut s’adapter pour défendre sa Nation!

Bentata David

Parfait! on veut des êtres asexués! Quand un soldat et une soldate se sont embrassés ils allèrent en prison;
Il faut faire des unités de femmes seulement et hommes seulement. Toute autre conception ignore les besoins sexuels des jeunes.

jojo

Bravo pour ces jeunes femmes courageuses.Que ceux qui critiquent en fassent autant