La question, surréaliste il y a encore quelques mois, ne paraît plus déplacée aujourd’hui, tant les rumeurs sur un rapprochement entre Israël et le royaume Wahabite se confirment.

Ce qui pourrait conduire Donald Trump à tenir compte de ce développement dans le plan de paix qu’il entend soumettre aux Israéliens et aux Palestiniens. Analyse.

Le 28 mars 2002, alors que l’Intifada fait rage en Israël, la Ligue Arabe réunie à Beyrouth valide une proposition saoudienne de règlement du conflit israélo-palestinien.

Cette proposition insiste sur le principe suivant : si Israël se retire de tous les territoires conquis en juin 1967 et permet la création d’un Etat palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est pour capitale, le monde arabe normalisera totalement ses relations avec lui. Ce texte prendra alors le nom d’option saoudienne.

15 ans plus tard, alors que le rapprochement stratégique et sécuritaire entre l’Arabie Saoudite et Israël est de plus en plus évident, l’idée d’un règlement du conflit passant par Riyad revient avec plus d’acuité. En effet, le quotidien libanais Al Ha’hbar a révélé l’existence d’un plan de paix saoudien qui aurait quelques ressemblances singulières avec l’option de 2002, mais qui inclut une série de clauses liées à la lutte contre l’ennemi commun de Riyad et de Jérusalem : l’Iran.

Certes, Al Ha’hbar est un quotidien proche du Hezbollah qui a un intérêt évident, dans la conjoncture actuelle, à accuser l’Arabie Saoudite de « pactiser avec l’ennemi sioniste », mais derrière cette publication pourrait se cacher une démarche assez particulière, directement liée au plan de paix que l’administration Trump envisage de déposer prochainement devant les Palestiniens.

Selon des informations diffusées en début de semaine, ce plan de paix américain prévoit certes la création d’un état palestinien, mais pas sur les frontières de juin 67. Il évoque un échange de territoires, mais ne parle pas d’évacuation d’implantations israéliennes. Il n’évoque pas le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem mais fait aussi abstraction du statut final de la capitale.

Il insiste sur les revendications sécuritaires d’Israël, mais promet aussi aux Palestiniens des centaines de millions de dollars pour consolider leur futur état. Bien sûr, ce ne sont là que des bribes de plan, et il faudra encore patienter quelques semaines avant d’en connaître précisément la teneur. Cependant, il sera intéressant de vérifier si ce plan s’inscrit dans le cadre d’un règlement régional.

En effet, au lendemain de la visite mémorable de Donald Trump en Arabie Saoudite puis en Israël, à la fin du mois de mai, il avait été question d’une intention américaine de modifier les priorités au Proche-Orient : jusqu’alors, l’approche qui a toujours prévalu soulignait que seul un règlement du conflit israélo-palestinien conduirait à une reconnaissance de l’Etat hébreu par l’ensemble du monde arabe.

Or apparemment, les Américains étaient persuadés, surtout après leur passage très réussi à Riyad, qu’il était temps de changer d’approche, et d’envisager un règlement du conflit israélo-palestinien dans le cadre d’un règlement régional et global. Un règlement qui impliquerait une solution face à la menace expansionniste iranienne. En d’autres termes, le problème palestinien devait céder la pôle position au problème iranien.

A l’époque, Mahmoud Abbas avait très vivement réagi à ces informations qui, finalement, n’avaient pas été confirmées officiellement. Mais avec la présence grandissante de l’Iran en Syrie et l’influence majeure de son allié chiite du Hezbollah au Liban, l’idée d’un règlement régional qui passerait par Riyad et qui serait un prélude au règlement du conflit israélo-palestinien, pourrait devenir une option de plus en plus plausible.

Surtout si dans les prochains jours, le roi Salman cède son trône à son fils MBS, et que celui-ci décide, pour faire face à la menace iranienne, de bouleverser l’ordre de ses priorités, et de confirmer le rapprochement avec Israël, dans une forme de remake modifié et adapté de la visite historique du président Sadate à Jérusalem. Il faut rappeler qu’il y a deux mois, des rumeurs sur une visite secrète du prince héritier en Israël avaient circulé.

Voilà pourquoi, même s’il y a un paramètre d’incertitude dans ce scénario, il n’est pas impossible que ce changement de priorité soit la botte secrète que le président Trump se réserve le droit d’abattre le moment venu.

Daniel Haïk

haguesher.com

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Elie de Paris

Parler de conflit est une erreur sémantique. Un conflit résulterait du désaccord sur une situation qui etait antérieurement neutre ou bonne.
Un conflit se règle, et se solde, par des accords et compromissions, et finalement une paix.
Il s’agit, en l’état, d’un antagonisme. Une guerre infinie, sans paix possible, puisque l’antagoniste majeur, le monde arabe habillé de son Islam, ne peut dédire ses dogmes fondateurs. Son essence Est la suprématie…
L’hégémonie.
En fait, tous les Peuples du monde qui ont été de l’idée « supremaciste  » ont produit les guerres…
Le peuple juif n’a jamais eu cette pretention.
Y-a-t-il une paix possible entre l’eau et le feu ? La première est le principe de vie.
Le second la mort et la cendre.