« Sentir le pouls du Hezbollah »
Face au Hezbollah, le long de la frontière nord d’Israël, se trouvent les combattants du bataillon Shahaf de recueil de renseignements au Combat. «En dépit du renforcement technologique du Hezbollah, les capacités de Tsahal dans le domaine de la collecte de renseignements sont nettement supérieures», explique le commandant du bataillon, le lieutenant-colonel Tomer Meltzman. Visite spéciale dans l’un des secteurs frontaliers les plus chauds d’Israël

Photo :Tsahal

Le bataillon Shahaf de recueil de renseignements au Combat est responsable de la collecte d’informations visuelles dans le secteur du Liban, depuis la rive méditerranéenne à Rosh-Hanikra jusqu’au pied du Mont Hermon. Le poste de commandement du bataillon est situé dans la région de Galilée et le bataillon emploie des opérateurs de surveillance, des ressources de surveillance mobile et des combattants qui effectuent des opérations de collecte de renseignements, le cas échéant, de l’autre côté de la frontière. « Nous sommes le cœur de la division et des brigades déployées dans ce secteur », explique le lieutenant-colonel Tomer Meltzman, commandant du bataillon.

Le bataillon de recueil de combat a un effectif d’environ 750 soldats réguliers et une capacité de 100 soldats supplémentaires en cas d’urgence. De plus, le bataillon maintient un effectif relativement restreint de réservistes. Il s’agit du deuxième plus grand bataillon de collecte de renseignement de combat de Tsahal, après le déploiement du bataillon équivalent, dans le district de Judée et Samarie .

Le secteur où opère le bataillon est assez complexe. La végétation dense et les cultures, ainsi que et le Hezbollah lui-même, en tant qu’ennemi complexe (sophistiqué) rendent leur mision de collecte de renseignements très difficile. «Les systèmes radar introduits au sein du bataillon en 2009 ont changé le monde de la collecte de renseignements», explique Meltzman. « Dans le passé, lorsque l’optique dominait, l’opérateur de surveillance balayait le secteur. Un tel cycle de numérisation prenait quelques minutes à être effectué, ce qui signifiait que chaque point du secteur était balayé une fois toutes les quelques minutes, laissant au Hezbollah la possibilité de profiter des intervalles.

« Aujourd’hui, les Radars règnent en maître car ils permettent un balayage continu d’un secteur donné. Cette technologie a changé le concept opérationnel du bataillon. Récemment, des radars capables de voir à travers le feuillage ont été introduits, et ils ont amélioré notre capacité à identifier les tentatives d’intrusion du Hezbollah et à émettre des alertes. « 

Un autre élément de collecte de renseignements introduit dans le secteur du Liban et de la Syrie ces dernières années, est le système de surveillance MARS. Ce système est composé de plusieurs caméras de surveillance pour différentes portées et avec différentes caractéristiques de résolution, capables de surveiller un très large secteur. Le système optique est intégré au radar, et lorsque le radar repère quelque chose, le système optique est alerté et reprend le processus de surveillance en cours.

Le système de surveillance MARS aest un autre facteur qui a contribué à l’amélioration de l’efficacité du travail de collecte de renseignements du bataillon. Au lieu d’avoir chaque caméra de surveillance gérée par une équipe de six opérateurs de surveillance en équipes, le système MARS permet à un seul opérateur de surveillance de contrôler simultanément plusieurs capteurs. Cette configuration permet à Tsahal d’améliorer l’efficacité de la configuration de la collecte de renseignements tout le long de la frontière.

« Le renseignement pris dans son contexte »

Nonobstant les technologies de pointe de recueil de renseignements utilisées dans le secteur libanais, il existe encore des défis le long de la frontière en raison de la culture sur le terrain au Liban. « La culture du Liban pose denombreux défis au monde de la collecte de renseignements », explique Meltzman. « Les systèmes de surveillance au sol connaissent plusieurs limites inhérentes. Afin de combler les lacunes existantes, Tsahal utilise d’autres ressources de surveillance à partir du ciel, qui, combinées à la configuration de la collecte de renseignement de combat, fournissent un tableau d’ensemble au statut unifié.

« Ce concept a été nommé » Intelligence in Context » (Renseignement dans son contexte). C’est un concept de recueil de renseignements qui intègre une vaste gamme de ressources et cette intégration permet de surmonter les faiblesses de chaque ressource prise individuellement. Un autre avantage de ce concept opérationnel est la capacité de se concentrer sur la collecte réellement pertinente. Au lieu de commencer à chercher une maison l’une après l’autre dans la ville de Bint Jbeil pour découvrir ce que fait le Hezbollah, le contexte, à savoir – l’intégration avec d’autres sources de renseignement, nous permet de nous concentrer. Nous ne savons pas toujours d’où provient l’information, pour des raisons de compartimentage, mais ils nous disent «regardez par là». Cela améliore l’efficacité des capacités du bataillon par ordre de grandeur et de priorité. « 

Les gens du bataillon de collecte de renseignements comprennent que l’autre côté, le Hezbollah, utilise aussi ses propres ressources de surveillance. « Le Hezbollah est obsédé par la collecte de renseignements », explique Meltzman. « Cette organisation acquiert les meilleures technologies disponibles sur le marché, sur lesquelles ils peuvent mettre la main. Nous en sommes conscients et opérons en conséquence. Pour des raisons de sécurité de l’information, je ne peux pas élaborer sur cette question. « 

L’un des défis de la collecte de renseignements vis-à-vis du Hezbollah concerne la compétence de l’autre partie. « L’ennemi est intelligent », dit Meltzman. « Le Hezbollah est pleinement conscient du fait que nous les surveillons, et les soldats du bataillon ne cessent de se demander si ce qu’ils voient à travers la lentille doit être pris au pied de la lettre. La procédure de rédaction des rapports de mission au bataillon comprend des faits, des interprétations et des recommandations. Les faits sont ce que vous voyez, soutenus par des preuves visuelles. Le contexte est l’interprétation de ce que vous voyez, et les recommandations sont la combinaison de faits et d’idées. La question que se pose chaque membre de l’équipe au sujet du Hezbollah est la suivante : «Est-ce que ce que je vois reflète réellement ce qui se passe vraiment?

« Tous les rapports de collecte de toutes les compagnies me sont acheminés, et un dialogue s’instaure avec les équipes de collecte autour de la question de savoir ce que fait le Hezbollah ou ce qu’il prévoit. Comme dans le secteur libanais, la question de la sécurité de l’information est observée très strictement par rapport aux autres secteurs, la compartimentation est mise en œuvre, même entre chacune des compagnies et des équipes, au sein du bataillon. Par conséquent, une équipe peut voir quelque chose et arriver à une certaine interprétation de l’événement local dans son secteur, mais au niveau du commandant du bataillon, cette interprétation est intégrée pour former une image de recueil plus complète. Bien que la sécurité de l’information et la compartimentation aient pour but de protéger les activités opérationnelles, elles constituent un sérieux défi en ce qui concerne le concept de mise en contexte des renseignements.

Le bataillon, même s’il est formé pour collecter des renseignements, sert également de force d’intervention pour les brigades locales ou la division, au besoin. Tous les combattants sont des hommes, car l’ennemi est le Hezbollah, mais cette situation est sur le point de changer. « Dans un proche avenir, une première commandante-adjointe de bataillon sera nommée pour le bataillon. Je ne vois pas pourquoi elle ne pourrait pas faire partie d’une équipe de réplique ou d’une équipe de collecte de renseignements en face du Hezbollah si elle le souhaite », explique Meltzman. « Les combattants du bataillon sont formés pour gérer les affrontements avec le Hezbollah dans notre secteur. Dans la plupart des cas, nous sommes le premier élément qui les repère, donc la possibilité de fermer immédiatement la boucle est importante pour gérer de tels incidents. « 

Nouvelles technologies requises

Depuis que l’armée israélienne s’est retirée du Liban au début des années 2000, la collecte de renseignements dans le secteur libanais est devenue une entreprise plus complexe. Le coût de l’entrée physique sur le territoire libanais a augmenté, sur le plan opérationnel et politique. L’armée israélienne n’a plus de présence permanente à l’intérieur du Liban et le Hezbollah a, depuis lors, développé une collecte de renseignement avancée et une protection de la frontière de l’autre côté. Tous ces éléments obligent Tsahal à utiliser une pensée techno-opérationnelle créative afin de conserver l’avantage inhérent à la collecte de renseignements, à partir d’Israël ou à travers l’utilisation de l’espace aérien libanais. « Nous intervenons à deux niveaux : nous rencontrons périodiquement les compagnies concernées sur le terrain, afin de faire germer de nouvelles idées qui résoudraient les problèmes opérationnels. En outre, nous suivons de près les technologies civiles qui peuvent nous aider », explique Meltzman. «Malgré le renforcement technologique du Hezbollah, les capacités de Tsahal dans le domaine de la collecte de renseignements sont nettement supérieures, à la fois parce que le Hezbollah se limite à l’acquisition de technologies civiles non supervisées et à cause de nos propres industries.

Un domaine difficile est l’automatisation. L’installation des Radars, du système MARS et des autres ressources qu’utilise le bataillon permet de collecter des informations de même qualité, voire meilleures, en utilisant moins d’opérateurs. Depuis le retrait du Liban, la collecte à distance, à l’intérieur des frontières de l’État d’Israël, a représenté une part plus importante de l’activité et nécessite des technologies supplémentaires et des capacités automatiques qui répondent rapidement.

Un autre domaine consiste à comprendre le contexte de la cible en temps réel. « Bien que nous ayons eu jusqu’à présent des radars et des systèmes optiques, le prochain bond en avant impliquera l’identification du contexte de la cible. Quand vous repérez un individu de l’autre côté de la frontière, vous voulez savoir qui il est, si la communauté du renseignement israélien a un dossier pour lui, s’il est nouveau dans le secteur et s’il est connecté à d’autres personnes dans le secteur. La possibilité d’analyser de telles informations en temps réel peut raccourcir les processus de fermeture de la boucle pour les cibles que nous repérons. « 

Ami Rojkes Dombe | 9/06/2018 

Adaptation : Marc Brzustowski

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(1) Commandant de bataillon, lieutenant-colonel Tomer Meltzman (Photo: Meir Azulay)

(2) Les combattants du bataillon en exercice (Photo: IDF)

http://www.israeldefense.co.il/en/node/34498

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