Des espaces réservés à la Haine sur les campus américains

 

Récemment, un documentaire américain intitulé : Espaces de Haine : la politique d’Intolérance, a été projeté au Centre Begin de Jérusalem. Ce long métrage est dirigé par Avi Goldwasser, qui, si on remonte jusqu’en 2004, a révélé l’antisémitisme et la discrimination contre les étudiants juifs, dans le cadre des Etudes sur le Moyen-Orient, à l’Université Columbia, dans le film Columbia Inconvenant. Le film : Hate Spaces est distribué par Américains pour la Paix et la Tolérance (APT), dirigés par Charles Jacobs.

Ce documentaire décrit un tableau horrifiant de l’antisémitisme sur un certain nombre de campus américains. La plupart prennent la forme de l’expression d’un antisionisme extrémiste, néanmoins on y voit aussi l’expression d’une haine intense envers les Juifs. Sous couvert du Premier Amendement de la Constitution des Etats-Unis, qui ne permet pas de limiter la « liberté d’expression », on mène une propagande haineuse contre les Juifs et Israël, qui est censée passer pour une expression protégée. Dans la réalité  universitaire américaine contemporaine, ce documentaire ne peut être décrit que comme anticonformiste.

On peut compléter le travail réalisé par ce film grâce à d’autres informations. Il y  dix ans, j’ai publié un livre : Academics against Israel and the Jews (Universitaires contre Israël et les Juifs). Il traitait de haine sur les campus, dans un certain nombre de pays, parmi lesquels les Etats-Unis détenaient une place prédominante[1]. Dans ce film, on peut voir à quel point  la haine antisémite s’est répandue sur certains campus. L’un d’entre eux, c’est à l’Université d’Etat de San Franscisco (SFSU). En 2002, on avait rapporté que des manifestants étaient arrivés jusqu’à la Maison de Hillel, à l’issue d’un rassemblement et qu’ils hurlaient : « Sortez ou nous allons vous tuer » et « Hitler n’ pas fini le travail[2]« .

Quelques années plus tard, une étudiante interne au SFSU, nous a parlé, au Centre des Affaires Publiques de Jérusalem, de l’antisémitisme, tel qu’il est vécu dans son université. Elle a refusé de s’exposer publiquement avec ce type d’informations, parce qu’elle devait revenir au SFSU et qu’elle craignait les représailles.

L’université a finalement été traînée devant le tribunal, principalement, à propos de l’interruption d’un discours du Maire de Jérusalem, Nir Barkat, en 2016. Parmi les cris des manifestants, on entendait : « Du Fleuve à la Mer, la Palestine sera libérée », un but qui ne peut être réalisé que grâce au génocide des Juifs Israéliens.

Le jugement accuse les administrateurs de l’université d’avoir permis les perturbations de se poursuivre et d’avoir ordonné à la police du campus de « se retirer ». Ce jugement a aussi affirmé que la SFSU cultive depuis longtemps un environnement hostile pour les étudiants juifs. Il l’illustrait en mentionnant d’autres incidents. Parmi eux, on trouvait des inscriptions murales de trois mètres de long, dans le bâtiment du syndicat étudiant en 1994 qui représentait des étoiles de David jaunes entrelacées par des billets de dollars, des têtes de mort et des os entrecroisés, avec les termes « Sang Africain »[3](?).

Le campus Irvine de l’Université de Californie est une autre institution universitaire mise en lumière, dans ce documentaire, où la propagande haineuse antisémite remonte à de nombreuses années[4]Hate Spaces met à nu l’antisémitisme sur beaucoup d’autres campus, dont l’Université Temple, l’UC Davis et Vassar. Des manifestants criant « mort aux Juifs » au sein du Collège Hunter à New York. En 2012, concernant l’antisémitisme à l’Université du Nord-Est à Boston, l’association APT a diffusé une vidéo intitulée (l’Université) Nord-Est Inconvenante[5].

De nouveaux phénomènes de haine apparaissent constamment. La semaine de l’Apartheid Israélien est à présent, un événement établi sur un certain nombre de campus américains. Des avis d’expulsion apposés sur les portes de dortoir des étudiants juifs fait partie de ces phénomènes plus récemment apparus. Un des campus où cela s’est produit est l’Université de New York[6]. Un cas extrême est survenu à l’UCLA en 2015, quand une candidate juive du Bureau juridique du Conseil étudiant a été interrogée, en lui demandant  si jamais elle était active dans des organisations juives, elle serait capable de faire preuve d’une vision impartiale[7].

On ne peut pas faire un film véridique sur les campus sans évoquer le rôle extrémiste et prédominant des Musulmans dans la promotion de la haine antisémite. Hate Spaces dévoile ainsi le rôle de l’Association des étudiants musulmans. Il en fait autant avec les Etudiants pour la Justice en Palestine, une organisation nationale d’agitateurs antisémites sur les campus d’universités, dans laquelle les Musulmans et les gauchistes antisémites conjuguent leurs forces conjointes.

Mais même quand une université enquête sur l’antisémitisme sur un campus, cela ne garantit pas un résultat adapté. En 2016, l’Organisation Sioniste d’Amérique (ZOA) a écrit une lettre au Chancelier de CUNY, James B. Milliken et au Conseil d’Administration, en 2016; La lettre détaille une longue liste d’incidents antisémites sur une grande diversité de campus de CUNY, principalement attribués aux militants des Etudiants pour la Justice en Palestine. Le Chancelier a alors, commandité une enquête. Les deux avocats travaillant sur ce sujet ont démontré peu de compréhension de ce qu’est l’antisémitisme et n’ont même pas utilisé une définition de ces appels à la haine dans leur rapport. Ce n’est qu’une des nombreuses raisons pour lesquelles ce rapport est structurellement faux ou/et défaillant[8].

Dans le cadre de ce qui précède, il n’est pas surprenant qu’un rapport de l’université Brandeis de 2015, renseignait sur la prévalence de l’antisémitisme sur les campus américains[9]. Une étude antérieure de Barry Kosmin et Ariela Keysar du Trinity College a découvert que 54% des étudiants juifs se plaignent d’avoir fait l’expérience ou d’avoir été témoin d’antisémitisme sur les campus, au cours des six mois entre septembre 2013 et mars 2014. Cette étude couvrait 1.157 étudiants juifs sur 55 campus[10].

Le manque de tolérance dans des universités que met en relief ce documentaire soulève clairement un grand nombre de questions. Cela comprend : Pourquoi révéler et lutter contre l’antisémitisme sur les campus ne devient pas une question prioritaire pour les organisations juives américaines? Pourquoi est-ce APT, une organisation relativement modeste, qui ait dû produire ce documentaire? Est-ce que cela n’aurait pas dû être fait par une association telle que la Ligue contre la Diffamation?

Une autre question, c’est pourquoi le Département de l’Enseignement n’a pas été en mesure d’intervenir contre ce fanatisme continuel? Pourquoi n’a t-il pas systématiquement enquêté sur la défaillance en  matière d’intégrité universitaire, de la part de professeurs aux opinions orientées dans des institutions d’enseignement supérieur. N’est-ce pas d’un intérêt national que les administrations universitaires fassent preuve de compassion morale? Tout ceci n’est pas qu’une question juive, mais aussi une indication qu’il y ait  beaucoup de choses qui aillent de travers dans la sphère universitaire américaine (et ailleurs).

Les politiques de discours protégé (protection de la liberté d’expression) permettent, en fait à beaucoup de haine de s’exprimer. Des administrateurs  et professeurs au comportement politiquement correct enseignant des points de vue orientés unilatéralement sont le reflet d’une dégénérescence académique. La probabilité qu’il y ait bien d’autres défauts sur les campus, au-delà des enseignements orientés (politiquement) et l’expression de discours de haine antisémite est élevé. C’est la question la plus importante, parce que certains étudiants infectés par leurs professeurs peuvent en définitive en venir, plus tard,à occuper des positions de la plus haute importance dans le pays.

Par le passé, quand quelqu’un se présentait comme libéral, on savait évidemment quelles valeurs il défendait. De nos jours, on doit se demander : Est-il ou est-elle un libéral (démocrate) classique ou perverti? Finalement, ce film montre une fois encore qu’il est nécessaire de revoir avec un regard critique le Premier Amendement de la Constitution et comment il s’applique.

Par Manfred Gerstenfeld

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Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

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[1] www.jcpa.org/text/academics.pd

[2] https://nypost.com/2002/05/14/hatefest-by-the-bay/

[3] www.latimes.com/local/lanow/la-me-edu-sfsu-anti-semitism-lawsuit-20170619-story.html

[4] www.jcpa.org/text/academics.pd

[5] www.israelnationalnews.com/News/News.aspx/160347

[6] www.timesofisrael.com/jewish-nyu-students-served-eviction-notices/

[7] www.nytimes.com/2015/03/06/us/debate-on-a-jewish-student-at-ucla.html

[8] www.algemeiner.com/2016/12/02/revisiting-cunys-flawed-antisemitism-investigation/

[9] https://www.brandeis.edu/cmjs/pdfs/birthright/AntisemitismCampus072715.pdf

[10] http://edition.cnn.com/2015/03/10/opinions/kosmin-anti-semitism-campus/index.html

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Franco

Bizarrement la présidence du noir afro-américain Obama a été l’explosion de l’antijudaisme et de l’antiisrael
Cela correspond aussi à l’arrivée permise et soutenue par ce meme noir de 8 millions de musulmans en8 ans de présidence et des fondations dans les campus américains financées par le Qatar , les Émirats Unis et l’Arabie Saoudite
Souvenons nous qu’Obama s’est incliné devant le roi de cette Arabie en soumission du musulman qu’il est et l’a dévoilé ouvertement
Je ne comprends pas la réaction des grandes et puissantes associations americaines qui jouent les autruches tête dans le sable poir penser que le problème se résoudre par lui même ce qui est une énorme erreur quand on connaît les arabes et les gauchistes et la cupidité des présidents des universités américaines avides d’argent et complices volontaires de ces situations
Les américains juifs doivent réagir en liquidant physiquement les meneurs

Roques

Une seule manière de régler le pb: l’élimination des éléments néfastes

jmenfous

Des espaces de haine….Ça rappelle étrangement la prophétie de George Orwell dans 1984.
Comment peut on tomber aussi bas, et surtout comment parer la chute inévitable. Merci M. Soros, le danger n°1 du monde libre!!!

DANY83270

Il ne faut donc pas s’étonner de voir autant d’américains qui pètent les plombs et qui vont acheter des armes pour exterminer leurs contemporains; quand on sait ce qu’ils ont subi de pression et de propagande arabo-musulmane « nazislamiste » pendant leurs études universitaires, ils ne peuvent que finir dans un délire de haine raciale et antisémite.