Libye : Une société militaire privée russe a envoyé des démineurs près de Benghazi

 

En Russie, et en vertu de l’article 359 du Code pénal, les activités liées au mercenariat sont passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à huit ans de prison. Pour autant, cela n’empêche pas l’existence de sociétés militaires privées (SMP) russes, comme Moran Security Group (immatriculuée au Belize), Tigre, Antiterror-Orel, Slavonic Corps (enregistrée à Hong-Kong) ou encore RSB Group, qui a son siège à… Moscou.

Depuis 2012, plusieurs tentatives visant à donner un cadre légal à ces SMP ont échoué car le ministère russe de la Défense et le FSB [service de renseignement intérieur, ndlr] y seraient défavorables dans la mesure où de telles organisations, financées par des oligarques, pourraient nuire aux intérêts de l’État. Mais, dans les faits, elles sont tolérées.

Ainsi, au cours de ces derniers mois la présence d’employés de Slavonic Corps et de Wagner (créée par Dmitri Outkine, un ancien officier du GRU) en Syrie a été rapportée à maintes reprises. Même chose en dans le Donbass (sud-est de l’Ukraine).

Si Vadim Gussev et Evgueni Sidorov, deux dirigeants de Slavonic Corps ont été condamnés à trois ans de prison pour avoir fait combattre 267 citoyens russes en Syrie, alors que ces derniers pensaient protéger des installations pétrolières, certains responsables de SMP ont pignon sur rue, comme Dmitri Outkine, vu lors d’une réception donnée au Kremlin en décembre 2016. Or, les employés de Wagner auraient mené des opérations en Syrie, en étroite collaboration avec les forces russes.

Le flou juridique qui entoure ces SMP est « très pratique » car « officiellement, la Russie peut dire qu’elle ne participe pas à des opérations au sol en Syrie. Et si des collaborateurs de ces sociétés sont tués, ce n’est pas le problème de l’armée et il n’y a aucune résonance médiatique », expliquait Alexandre Khramtchikhin, expert à l’Institut d’analyse politique et militaire, dans les colonnes du Figaro, en septembre 2016.

Ce recours à ces SMP permettrait ainsi à Moscou d’agir sur des terrains sans l’air d’y toucher. Fondateur de RSB Group et ancien diplômé de l’Académie du KGB, Oleg Krinitsyn, se plaît à répéter que « ce qui n’est pas interdit est autorisé ». Au quotidien Le Figaro, il avait affirmé, l’an passé, que 86 de ses « collaborateurs », tous d’anciens militaires expérimentés, effectuaient des opérations de déminage en Libye, pour le « compte d’un commanditaire » inconnu.

Quelques mois plus tard, M. Krinitsyn a fini par lever un coin du voile en donnant un entretien à l’agence Reuters. Ainsi, il a affirmé qu’une douzaine de sociétés de sécurité privées russes ont envoyé des « dizaines d’hommes » dans les secteurs contrôlés par l’armée nationale libyenne, sous les ordres du maréchal Khalifa Haftar et des autorités de Tobrouk, non reconnues par la communauté internationale.

La présence de ces « contractors » était un simple « arrangement commercial », a fait valoir M. Krinitsyn. Leur mission, qui s’est terminée en février, a consisté à déminer des infrastructures industrielles dans la région de Benghazi, où les forces du maréchal Haftar sont aux prises avec des groupes jihadistes. En outre, a-t-il ajouté, ils avaient les moyens de « se protéger et protéger la vie de nos clients ». Et d’ajouter : « Selon la science militaire, une contre-attaque doit suivre une attaque. Cela signifie que nous devrions détruire l’ennemi. »

Par ailleurs, le patron de RSB Group a aussi indiqué que sa société ne travaillait pas avec le ministère russe de la Défense mais que, en revanche, elle avait des contacts avec le ministère russe des Affaires étrangères. Enfin, il n’a pas précisé si cette mission des « contractors » russes avaient été initialement approuvée par le gouvernement d’union nationale (GAN), formé sous l’égide des Nations unies. Mais tout laisse à pense que cela n’a pas été le cas.

Le soutien de la Russie au maréchal Haftar n’est pas une surprise. Cependant, Moscou tente de jouer un rôle dans le réglement de la crise libyenne, en cherchant à favoriser le dialogue entre les deux gouvernements rivaux. C’est ainsi que Fayez el-Sarraj, le chef du GNA, a été reçu à Moscou le 3 mars dernier.

Par ailleurs, le maréchal Haftar bénéficie du soutien de l’Égypte et des Émirats arabes unis, ainsi que de celui de la France, qui a envoyé près des ses troupes, des conseillers du service Action de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

Posté dans Afrique, Opérations par Laurent Lagneau Le 13-03-2017

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