Deir ez Zor, manœuvres de Tsahal et tactiques du Hezbollah©

 

L’exercice de Tsahal et l’emploi de nouvelles tactiques par le Hezbollah (et ses alliés) à Deir ez Zor

 

La victoire syrienne avec l’aide du Hezbollah à Deir Ez Zor, ainsi que l’appui aérien massif des Russes démontre que le Hezbollah mène des combats dans une guerre assez différente du scénario qui guide les grandes manœuvres qu’entreprend Tsahal pendant 11 jours. Des ajustements seront nécessaires. 

 

Mercredi 6 septembre, troisième jour des grandes manœuvres de Tsahal en préparation de la prochaine guerre avec le Hezbollah – après que l’armée syrienne et deux brigades du Hezbollah, grâce à l’appui aérien massif et des missiles russes, aient brisé un siège de trois ans mené par Daesh dans et autour de Deir ez Zour – il est apparu évident que le Hezbollah mène une guerre assez différente du scénario pratiqué par des dizaines de milliers d’hommes de troupe de Tsahal dans le nord.

 

Les sources des renseignements militaires de Debkafile n’ont aucun doute sur le fait que sans l’appui des Russes, les Syriens et le Hezbollah auraient trouvé très difficile voire improbable d’abattre les défenses de Daesh, avant même de pouvoir avancer dans l’Est de la ville assiégée depuis trois ans, de libérer la population misérable et de faire la jonction avec les forces qui tenaient encore la base aérienne syrienne encerclée.

Les Forces de la milice Tigre syrienne, autour du Commandant de la base aérienne assiégée depuis 3 ans par Daesh, Issam Zahreddine.

Les avions de chasse et bombardiers russes étaient là pour frapper tous les djihadistes de Daesh qui sortaient pour venir reconsolider les lignes endommagées et rebâtir des positions militaires, empêchant ainsi les ressources en personnel de se déplacer entre les différents points chauds. Le Ministère de la Défense à Moscou a confirmé qu’un navire de guerre en Méditerranée a tiré des missiles de croisière Kalibr, afin de détruire le centre de communications et de commandement de Daesh, des dépôts de munitions et un atelier de réparation des véhicules blindés.

Les occupants djihadistes de Deir ez Zor ne disposaient d’aucune défense anti-aérienne pour entraver les frappes aériennes russes.

Cette opération à Deir ez Zor compte quoi qu’il  en soit comme une victoire majeure pour le dictateur syrien, Bachar el Assad, et son armée, bien qu’il reste encore bien des combats à mener vers l’est, alors que Daesh vaincu bat en retraite plus à l’est vers un autre de ses bastions, la ville frontalière syro-irakienne d’Abu Kamal.

Le Hezbollah a certainement pris sa part à cette victoire contre Daesh, après dix jours de combat.

Ce n’est pas la première fois. La semaine dernière, le crépitement des armes contre Daesh et d’autres groupes islamistes dans les montagnes du Qalamoun, sur la frontière syro-libanaise s’est terminé par la reddition virtuelle des djihadistes et le retrait, justement vers Abu Kamal.

Nonobstant des démentis véhéments, il y a eu une coordination entre les forces des armées libanaise et syrienne ainsi que le Hezbollah combattant sur les enclaves insstallées par Daesh des deux côtés de cette frontière, avec des forces spéciales américaines et britanniques qui ont également pris part aux combats. C’est cette coalition virtuelle qui a fait basculer l’équilibre en faveur des alliés du Hezbollah et mené l’opération à une conclusion victorieuse.

Nous voyons, par conséquent, le Hezbollah émerger comme une armée, qui a obtenu une expérience de grande valeur au combat en cinq ans, à force de mener des opérations au coude à coude avec l’armée syrienne et les milices chiites étrangères inféodées à la tutelle de Téhéran. Cette expérience s’est encore étoffée ces dernières semaines par une conjonction militaire étroite avec deux grandes superpuissances, la Russie et les Etats-Unis.

L’exercice en grandeur nature de Tsahal qui doit encore se prolonger sept jours, est conçu pour mener une guerre contre une invasion du Hezbollah depuis le Liban vers le nord d’Israël. Ce scénario est-il encore réaliste, à la lumière de cette expérience et des derniers événements concernant ces deux dernières batailles en Syrie?

C’est assez improbable, selon nos sources militaires. Elles soulignent que, bâti sur les apports de son expérience dans l’arène de la guerre syrienne, le Hezbollah pourrait choisir une tactique assez différente, c’est-à-dire, une tentative d’entraîner les forces israéliennes à l’intérieur du Liban, puis ensuite,en Syrie, en ouvrant un deuxième front à partir de là contre Tsahal.

En Syrie, le Hezbollah peut compter sur le soutien de l’armée syrienne et des milices chiites pro-iraniennes – une alliance qui a fait ses preuves dans la guerre en Syrie – tandis qu’une invasion du nord d’Israël déboucherait sur un combat isolé de la part du Hezbollah, encerclé par les forces de Tsahal,d’où son élimination rapide. Au cours des sept jours qui restent, pour ces grandes manœuvres, Tsahal dispose encore d’assez de teps pour mettre à jour son scénario.