Mohammed Dahlan: le Représentant d’Egypte et des Emirats dans les territoires palestiniens?

 

Le dirigeant du Hamas, Ismail Haniyeh (à gauche) et Mohammed Dahlan en 2014.

  • Mohammed Dahlan, militant politique palestinien depuis son adolescence, a occupé le poste de chef des services de sécurité préventive de l’Autorité Palestinienne à Gaza. En tant que dirigeant du Fatah, il a brutalement serré la vis au Hamas. Après les élections de 2006, le Hamas a lancé une offensive armée afin de chasser le Fatah de Gaza. En tant que Gazaoui, il n’avait que des chances limitées de prendre une position de pouvoir sur la rive ouest du Jourdain, où de fortes réserves sont endémiques au sujet des élites palestiniennes issues de la Bande de Gaza. Aujourd’hui, Dahlan, 55 ans, vit à Abu Dhabi, la capitale des Emirats Arabes Unis.
  • Dahlan est le représentant non-officiel et le protégé de l’Egypte et des Emirats Arabes Unis. Il est leur candidat préféré pour occuper le poste de prochain Président de l’AP. Il jouit aussi d’un fort soutien de la part du Fatah à Gaza.
  • On prévoit que Dahlan parviendra à conclure un accord afin d’alléger substantiellement le blocus de la Bande de Gaza, qu’il puisse résoudre la pénurie d’électricité et qu’il mène la Bande de Gaza vers un développement économique, grâce aux contributions du Golfe.
  • Du point de vue de Dahlan, Gaza n’est qu’un tremplin vers le but principal, qui est de s’emparer des quartiers généraux de l’AP, la Muqata à Ramallah.

Les préparatifs sont en marche dans la Bande de Gaza, pour l’arrivée de Samir Masharawi, le bras droit de Muhammed Dahlan.

Masharawi est supposé arriver dans la Bande de Gaza depuis l’Egypte dans quelques jours, après une absence forcée de plus de dix ans. Il recevra les honneurs de milliers d’activistes du Fatah, lors d’une gigantesque réception approuvée par le Hamas.

Le retour de Masharawi dans la Bande de Gaza symbolise l’instauration des conditions d’entente auxquelles sont récemment parvenues le Hamas et Dahlan sous les  auspices de l’Egypte, à la grande consternation de Mahmoud Abbas, le Président de l’Autorité Palestinienne.

La prochaine étape sera apparemment le retour de Dahlan lui-même à Gaza. Selon ce protocole d’entente, Dahlan est supposé servir comme une sorte de Ministre des affaires étrangères de Gaza, de collecteurs de fonds pour son développement économique et d’homme facilitateur des contacts avec Israël pour les affaires courantes.

Le retour de Dahlan pourrait survenir à un moment proche de la période d’ouverture de long terme du passage terminal de Rafah pour les personnes et les biens, qui est prévu pour l’Aïd al-Adha, au début du mois de septembre 2017. L’ouverture signifiera le début de l’allègement du blocus qui est imposé à la bande de Gaza depuis 2007.

Le Hamas s’est emparé de la Bande de Gaza après avoir remporté les élections parlementaires palestiniennes de 2006, en expulsant violemment les membres de l’appareil gouvernant de l’AP.

Dahlan est l’ennemi juré du Qatar, qui est le principal soutien des Frères Musulmans dans le monde arabe. Quoi qu’il en soit, le Hamas, qui est le mouvement frère de la Confrérie, a adopté une approche pragmatique décisive et s’est réconcilié avec Dahlan indépendamment de ses intérêts perceptibles.

Dahlan est le représentant non-officiel et le protégé de l’Egypte et des Emirats Arabes Unis. Il est leur candidat préféré pour occuper le poste de prochain Président de l’AP.

Les relations de Dahlan avec le Hamas et le Fatah

Il jouit aussi d’un fort soutien de la part du Fatah à Gaza. Né dans le camp de réfugiés de Khan Yunès, c’est une connaissance depuis l’enfance de Yahya Sinwar, lenouveau dirigeant du Hamas à Gaza, et avec  Muhammad Deif, le commandant en chef de la branche armée du Hamas, Izz ad-Din al-Qassam.

 

Photo d’une époque révolue : Mahmoud Abbas flanqué du chef du Hamas, Ismail Haniyeh (à gauche) et de Mohammed Dahlan

 

Le nouvel accord trilatéral entre le Hamas, Dahlan et l’Egypte donne au Hamas son pesant d’or. L’accord est censé faciliter substantiellement le blocus de la Bande de Gaza, résoudre la pénurie d’électricité et mener la Bande vers le développement économique, avec l’aide des fonds que Dahlan pourra accumuler de la part des Emirats Arabes Unis, des Etats du Golfe et de la Communauté Internationale.

Le Hamas a déjà obtenu de quoi se remplumer : il s’est fait retirer de la liste des groupes terroriste au sein du « Quartet Arabe » (Egypte, Arabie Saoudite, Emirats AU et Bahrein), qui a été publiée le mois dernier après le début de la crise avec le Qatar.

L’Egypte a commencé à fournir du carburant diesel industriel via le passage de Rafiah, pour faire fonctionner la centrale électrique de Gaza.

Le Hamas a été contraint de se conformer à la ligne égytienne concernant la crise entre le Qatar et le Quartet Arabe, alors que le Président Trump a désigné le Hamas comme une « organisation terroriste » au cours du sommet de Riyad.

Le ravalement de façade du Hamas n’a pas fonctionné

 

La dernière astuce du cercle dirigeant du Hamas est tombé à l’eau. Durant plusieurs mois, les principaux dirigeants du mouvement ont travaillé dur sur un nouveau document diplomatique, une sorte de ravalement de façade de la Charte antisémite du Hamas, rédigée en 1988. Jusqu’à présent, en tout cas, l’Administration Trump et l’Union Européenne ne sont pas preneurs.

Le Hamas a dû accompagner l’Egypte et Dahlan pour prendre conscience que les jours du Qatar à Gaza sont comptés et que ce sont les Emirats Arabes Unis qui assumeront son rôle consistant à fournir une assistance économique.

Au cours des pourparlers au Caire, Dahlan a promis à Sinwar qu’il pourrait obtenir une aide à grande échelle de la part des Emirats Arabes Unis, afin de construire un nouveau site de centrale électrique, ainsi qu’un hôpital dans la Bande de Gaza.

Les sanctions que le Président de l’AP Mahmoud Abbas a imposé à Gaza n’ont fait que renforcer un peu plus la motivation du Hamas à faire amende honorable envers le pire ennemi d’Abbas, Dahlan et de faire progresser la coopération avec l’Egypte, qui a des relations glaciales avec le Président à vie de l’AP à cause de ses conflits vec Dahlan.

En même temps, le Hamas doit payer un prix exorbitant afin d’alléger le blocus et ouvrir une nouvelle page dans ses relations avec l’Egypte. Il doit cesser ses activités terroristes en Egypte et sa coopération étroite avec la branche du Nord Sinaï de l’Etat Islamique.

Le Hamas a donné son accord afin d’établir une zone de sécurité le long de la frontière de Gaza avec l’Egypte et a même commencé à travailler sur le projet. Il a aussi lancé une coopération opérationnelle et dans le domaine des renseignements contre l’Etat Islamique dans le Sinaï.

Dahlan revient sur la scène palestinienne 

 

Ces mesures dynamisent le pouvoir politique de Dahlan. Ses arrangements avec le Hamas sous le patronage de l’Egypte enracinent son statut à Gaza, restaure son image dans l’arène palestinienne en tant qu’acteur important et lui ouvre une fenêtre d’opportunité vers la Rive ouest du Jourdain.

Même aujourd’hui, Dahlan dispose déjà de bastions et de groupes d’hommes en armes qui lui sont fidèles dans la plupart des camps de réfugiés de la Rive Ouest du Jourdain (AP).

Du point de vue de Dahlan, Gaza n’est seulement qu’un tremplin pour atteindre son but principal, qui consiste à prendre d’assaut les quartiers-généraux de l’AP, la Muqata à Ramallah, avec le soutien politique de son ami proche Marwan Barghouti, qui effectue une peine de prison à vie en Israël.

Selon des sources au sein du Fatah, Dahlan est parvenu à une entente avec Sinwar disant que le nom de Barghouti serait sur la liste d’une tentative de nouvel accord avec Israël, un de ceux qui inclurait aussi les quatre Israéliens disparus et emprisonnés par le Hamas ou la dépouille des soldats tués en opération.

L’instauration de cet accord entre Dahlan et le Hamas renforcerait l’influence de l’Egypte et des Emirats Arabes Unis à Gaza, et mettrait le Qatar à bonne distance de la Bande de Gaza.

Le Hamas devra se conformer à la force des circonstances, en dépit de ses relations étroites avec le Qatar.

Dans le court terme, le compromis entre Dahlan et le Hamas devrait stabiliser la situation sécuritaire dans la Bande de Gaza. Les relations en développement entre le Hamas, l’Egypte et Dahlan, constitueront, avec l’allègement du blocus, un facteur modérateur et limitatif, en dissuadant le Hamas de se lancer dans un cycle supplémentaire de combats contre Israël, même s’il poursuit ses préparatifs militaires, dont sa fabrication de roquettes et le creusement de tunnels.

Si Dahlan s’avère capable de récolter des fonds pour le développement économique de Bande de Gaza,aux Emirats Arabes Unis et des Etats du Golfe, qui devraient également contribuer au clame le long de la frontière entre Gaza et Israël.

Conclusion

L’axe tripartite Egypte-Hamas-Dahlan s’appuie sur une convergence d’intérêts entre les trois camps. Bien que de circonstances, il est en mesure de pouvoir durer une période relative longue.

Cette convergence d’intérêts peut contribuer à alléger le blocus de la Bande de Gaza et réaliser les conditions d’une stabilité sécuritaire relative, en ramenant le calme à sa frontière avec Israël.

Au fur et à mesure que l’entente entre les trois partis prendra corps, la situation humanitaire à Gaza devrait progressivement s’améliorer. L’Egypte augmentera son influence dans la Bande de Gaza ; les Emirats Arabes Unis y assumeront progressivement leur présence et mettront le Qatar dehors.

Jalila Dahlan. A la différence de son mari,elle vient souvent à Gaza en visite et inaugure publiquement des  projets financés par sa fondation

Le statut de l’Egypte, de plus en plus important vis-à-vis du Hamas, lui permettra de s’ériger en principal médiateur entre Israël et le Hamas sur toutes les questions, dont l’épineux problème d’un nouvel échange de prisonniers contre les otages et les dépouilles des deux soldats entre les mains du groupe terroriste.

Le principal perdant de l’opération est Abbas, qui a tenté par tous les moyens de subvertir ces arrangements et même de se réconcilier avec le Hamas de façon à neutraliser Dahlan, mais jusqu’à présent sans succès.

Egypt expects to gain greater security quiet from this new state of affairs, along with cooperation from Hamas in the war against the Islamic State in northern Sinai. Egyptian intelligence is closely monitoring Hamas’ military wing. Its experience with Hamas over the years has been bitter and it does not trust the group; if Hamas violates the understandings that were reached, they will collapse like a house of cards. Egypt will not sacrifice its national security concerns.

L’Egypte s’attend à obtenir uneplus grande quiétude sécuritaire de ce nouvel ordre des choses, ainsi qu’une certaine coopération de la part du Hamas dans sa guerre contre l’Etat Islamique, dans le nord Sinaï. Les renseignements égyptiens surveillent étroitement la branche armée du Hamas. leur expérience concernant le Hamas, au fil des années, conserve un goût amer et ils ne font pas confiance au groupe terroriste, malgré l’insistance des diplomates. Si jamais le Hamas enfreint le cadre de cette entente obtenue, elle s’écroulera comme un château de carte, sans préavis et sans retour. L’Egypte ne sacrifiera pas ses préoccupations nationales de sécurité.

Yoni Ben Menachem – Jérusalem Center for Public Affairs (JCPA)

Mohammed Dahlan: The Representative of Egypt and the Emirates in the Palestinian Territories?

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