La Rafle du Vel d’Hiv, le 16 juillet 1942, fait partie de ces tragédies qui ont marqué à jamais les consciences et dont le peuple juif veut entretenir la mémoire. Or, cette année, c’est par un hymne à la vie que l’OSE et le Musée israélien ‘Beit Lohamei Hagetaot’ (Maison des combattants du Ghetto), ont choisi de commémorer l’évènement, avec l’inauguration de l’exposition ‘Sauver des enfants, de 1938 à 1945’.

L’exposition fait entendre la voix de 10 enfants juifs, cachés et sauvés, en retraçant leur parcours pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle s’attache également à décrire l’action de leurs sauveteurs à l’intérieur des différents réseaux de sauvetage clandestins, une histoire souvent mal connue.
Créée en Russie par des médecins juifs, l’OSE, qui voulait dire en russe, « œuvre sanitaire hébraïque », met en place un réseau de dispensaires, qui offrait une aide médicale aux juifs démunis de l’Empire tzariste. Interdit suite à la révolution bolchévique et après bref un passage par Berlin, l’OSE s’ancre en France et trouvera une nouvelle vocation en recueillant tout d’abord les enfants juifs allemands et Autrichiens, en fuite avec la montée du nazisme, que leurs parents envoient trouver refuge dans l’Hexagone.

« Cette période a connu de véritables héros. Je pense à certaines assistantes sociales, qui pour pouvoir venir en aide aux enfants, se sont laissées volontairement interner dans les camps de Gurs par exemple ou le camp des Mille, ouverts par le gouvernement de Vichy qui craignait, avec le flux de réfugiés de ces pays, l’émergence d’une cinquième colonne », confie à IsraPresse Jean-François Guthman, l’actuel Président de l’Association. « Pour qu’il soit possible de les placer dans les maisons d’accueil de l’OSE et de les sauver, elles ont eu la lourde tâche d’obtenir le quasi abandon de leurs parents ».
Puis en novembre 42, en représailles au débarquement allié en Algérie, les allemands envahissent la zone sud, et Exposition OSEl’OSE, devenu ‘L’Oeuvre de Secours aux Enfants’, entre dans la clandestinité, ayant eu écho de ce qu’on appelle dans l’histoire de la Shoah « le Télégramme de Rigner », qui informait de la solution finale. Les maisons de l’OSE ferment et les enfants sont placés par ses soins, au sein des populations locales. Des Francs-maçons, communistes, prêtres catholiques et évêques courageux s’élèvent contre les mesures antisémites. Des villages entiers, comme Chambon sur Lignon dans la Loire, se sont pleinement investis pour sauver des enfants juifs. « Les israéliens ont pour la plupart, une opinion négative de la France de cette époque. Il est important qu’ils sachent qu’il y a eu des gens qui ont voulu sauver des enfants », souligne Claude Meyer, un de ces rescapés, « sans leur courage, ma femme et moi ne serions pas là aujourd’hui ».
Exposée pendant deux ans aux Archives nationales à Paris, puis en tournée en France, l’exposition créée  en 2012 à l’occasion du centenaire de l’OSE, s’installe pour deux ans dans le Nord d’Israël, au Musée Beit Lohamei Hagetaot.
Kiboutz fondé en 1949 par un groupe de rescapés, issus de la résistance juive, née dans les ghettos polonais et présente dans les unités de partisans, le musée attache une grande valeur à l’enseignement des conséquences humaines et sociales de l’Holocauste aux générations. « La Maison des combattants du Ghetto a pour vocation de toucher toutes les composantes de la société israélienne, juifs, arabes druzes, chrétiens, par des activités éducatives, qui visent à les sensibiliser au danger qui guettent toute société qui persécute les étrangers et les minorités, et ne tient pas compte de leurs droits fondamentaux », explique, pour IsraPresse, Anat Livne, directrice du Musée. « L’exposition, qui met en lumière l’héroïsme de ceux qui ont sauvés des enfants au péril de leur vie et les motivations qui les animaient, entre dans le cadre de ce projet éducatif » souligne Anat Livne. L’idéal incarné par ces actions héroïques doit être vivant dans la réflexion qu’il nourrit chez les visiteurs, scolaires, étudiants et soldats. Il contribue à les sensibiliser aux valeurs qui animaient leurs acteurs, et les encourager au respect mutuel et au dialogue, au fondement de toute société humaniste », souligne-t-elle.
On notera la présence de l’Ambassadeur de France, Mr Patrick Maisonnave à cette inauguration, une première remarquée, puisque la France ne commémore jamais la Rafle du Vel d’hiv en Israël. M. Maisonnave  a eu des propos forts, la qualifiant de « faute collective » de la France.

« Il a fallu beaucoup de temps, beaucoup trop de temps, pour que la France reconnaisse sa responsabilité dans ces crimes », a fait remarquer le diplomate, qui s’est dit « dépositaire de cette histoire sombre », qu’il le « veuille ou non ».

« Et finalement, 50 ans plus tard, 50 ans plus tard!, le président Jacques Chirac, dans son discours évoquant la Rafle du Vel d’Hiv, avait évoqué cette faute collective et reconnu que l’occupant, le nazi, avait été assisté par des Français, par l’État français », a rappelé l’Ambassadeur.
« Cette exposition va contribuer à renforcer la foi en l’homme et sa capacité à choisir le bien, même pendant les jours les plus sombres de l’Holocauste, et transmettre un message d’espoir », se réjouit Anat Livne.
Hava Kriegel pour israpress

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