Quelques jours avant Pessah, le Commandant Eytan Dana-Picard a été décoré du prix d’excellence du Chef d’Etat-major. Père de 6 enfants et habitant d’Otniel, il est le fils du Pr Noah Dana-Picard, président émérite du Jerusalem College of Technology.

Le Cdt Eytan Dana-Picard occupe un poste important dans le commandement de la région de Hevron. Une seule raison le ferait renoncer à ses responsabilités militaires: que sa femme le lui demande.

 

Le P’tit Hebdo: Vous êtes né à Nice. Arrivé en Israël à l’âge de deux ans, vous grandissez auprès de parents olim hadashim. Cela a-t-il influencé vos choix?

Commandant Eytan Dana-Picard: Cet environnement m’a bien sûr influencé. Le français était la langue à la maison, même si pour ma part, j’ai toujours répondu en hébreu à mes parents. Je voulais prouver que j’étais israélien. J’ai grandi avec de la famille en France. Il m’est arrivé de m’y rendre à plusieurs reprises. Ce qui m’a frappé c’est le profond et sincère attachement des Juifs de France à Israël. Ils ont le drapeau bleu et blanc dans leur ADN.

Mes parents sont des modèles pour moi. Mon père, grand mathématicien, a repris des études à Bar Ilan: ici personne ne le connaissait. Je me souviens quand j’étais enfant et que je l’attendais à la sortie de ses cours. Il a réussi à passer un doctorat puis le professorat en Israël. Je ne peux qu’admirer ce parcours et remercier pour tout ce qu’on m’a apporté et inculqué.

 

Lph: Une carrière militaire, c’est beaucoup d’abnégation. Vous arrive-t-il de vous décourager?

Cdt E.D-P.: Servir comme je le fais suppose de payer un prix personnel. Je ne vois pas mes enfants. C’est très difficile de les entendre dire: ”Papa vient nous rendre visite” quand je rentre à la maison. Mais je ne me plains pas parce que je sais que j’ai le mérite de servir dans Tsahal. Et je le dis à mes enfants: ce sont eux les héros. Je me soucie qu’ils sachent ce que je fais.

Quand je pense à ce qu’ont dû traverser les Juifs pendant la Shoah; je suis heureux que nous ayons une armée forte et fier d’en faire partie. Lorsque je vois que 40 000 personnes sont venues à Hevron pendant Hol Hamoed Pessah et que je sais que c’est grâce à la présence militaire que cela est possible, je me réjouis de pouvoir participer à ce rassemblement de tout le peuple dans la Cité de nos Patriarches. Le prix personnel que je dois payer en vaut la peine.

Lph: Dans le cadre de votre mission, quels ont été les moments les plus forts?

Cdt E.D-P.: Il y en a eu beaucoup. Malheureusement on se souvient toujours plus facilement des mauvais. La découverte de la famille Fogel assassinée a été très dure. Je revois ce bébé à côté de ses parents et les larmes me montent aux yeux. La recherche des trois jeunes enlevés dans le Goush Etsion est aussi une période qui demeure gravée.

Et il y a des satisfactions. Lors de mon service militaire, on était en pleine deuxième intifada. Je me souviens que nous avons reçu une information des Renseignements comme quoi trois terroristes avec des ceintures d’explosifs se trouvaient dans un taxi en route pour perpétrer leur attentat. Le soulagement était grand lorsque nous les avons trouvés avant qu’ils ne puissent parvenir à leurs fins.

Et même dans les moments difficiles, on sent que nous sommes un peuple éternel, Am Hanetsah’. Nous ne laissons pas la réalité nous tirer vers le bas.

Lph: Que représente Yom Haatsmaout pour vous?

Cdt E.D-P.: C’est la plus belle journée, voir les drapeaux se hisser partout, c’est magnifique. Pour moi, cela se traduit surtout par les expositions que l’armée organise partout. Elles sont très importantes parce qu’elles permettent à nos enfants, aux citoyens israéliens de constater la force de l’armée: de la voir, de la comprendre.

Lph: Quels conseils donneriez-vous aux jeunes olim qui veulent s’engager dans Tsahal?

Cdt E.D-P.: Rien ne vient facilement. Pour être un bon combattant, il faut beaucoup s’entraîner. Puis petit à petit tout se met en place et au bout du compte, on sait que cela en valait la peine. Dans les moments difficiles, il faut se souvenir de la raison pour laquelle nous nous battons au sein de Tsahal.

Lph: Quel est votre cadeau à l’Etat d’Israël pour ses 70 ans?

Cdt E.D-P.: Je commencerais par faire un cadeau à mon épouse qui élève nos six enfants et s’occupe avec un dévouement incroyable de tout.

A l’Etat je lui souhaiterais de continuer sur sa belle lancée, qu’aucun pays n’a jamais égalée et de grandir démographiquement aussi!

 

Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay

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