La protestation populaire s’amplifie contre les enquêtes de police interminables sur Netanyahu.

Voter Likoud devient un vote protestataire contre l’arbitraire institutionnalisé

La police est toujours à court de preuves suffisantes pour inculper le Premier ministre Binyamin Netanyahu d’avoir reçu des pots-de-vin, même après qu’un troisième témoin à charge soit sous la pression des autorités de l’Etat et que nous en soyons à la deuxième année d’enquête contre l’homme qui gouverne le pays.

Les derniers sondages d’opinion attestent de deux tendances parallèles qui agitent la rue israélienne : si le Likoud du centre-droit du Premier ministre se présentait aux élections générales aujourd’hui, il s’en sortirait vainqueur en améliorant son score actuel de 26 sièges actuels à la Knesset de 120 membres jusqu’à 30, voire même 36, selon certains sondeurs très optimistes ; et 56% des sondés ne font pas confiance aux autorités chargées du respect de la loi, à savoir la police, le ministère public et les tribunaux, y compris la Cour suprême.

Ces tendances découlent de l’indignation populaire face à la façon dont le premier ministre et sa famille sont traités par la police et les médias grand public, qui les montrent du doigt comme des criminels condamnés sans bénéficier d’un procès équitable. Il y a un sentiment que si ces autorités sont assez puissantes et impitoyables pour persécuter les plus hautes personnalités du pays – en les présentant comme coupables avant même de bénéficier de la moindre présomption d’innocence – cela pourrait arriver à n’importe qui.

Les gens ordinaires disent qu’ils voteraient pour le Likoud pour la première fois de leur vie, en signe de protestation – surtout après le spectacle offert par la police, le vendredi 2 mars.

Alors que le pays célébrait Purim par des parades, de drôles de costumes et des fêtes, Netanyahu et sa femme Sarah ont été enfermés séparément, pour être mis sur le grill, lors de séances d’interrogatoires de police de cinq heures, au cours desquelles ils ont été confrontés à des témoignages de témoins détenus dans des locaux séparés. Le porte-parole de la police s’est fièrement vanté de cette opération de type «militaire» et a roganisé des fuites en parlant de soit-disant «sources anonymes» qui révéleraient que des centaines de millions de shekels auraient changé de mains, sous forme de en pots-de-vin.

Cette sinistre mise en scène a eu lieu trois jours avant que le Premier ministre ne s’asseye avec le président Donald Trump à la Maison Blanche pour discuter de questions d’importance vitale pour la sécurité nationale.

Mais ce n’était pas encore la fin de ce scénario de pressurisation. La rumeur selon laquelle l’ancien responsable de communication de la famille Netanyahou, Nir Hefetz, aurait été appelé à témoigner a été suspendue au-dessus de la tête du Premier ministre le jour-même où lui et sa femme Sarah étaient reçus à la Maison Blanche avec beaucoup d’affection et de respect. Le Premier ministre a rétorqué : « Un ou mille témoins (d’Etat) à charge ne changeront rien au fait que je n’ai rien à cacher ».

Les gens ont encore été choqués quand les reportages télévisés de cette nuit-là ont relégué les discussions de Netanyahu-Trump à une place marginale, au cours du journal télévisé et ont entamé la Une par de longues harangues de « journalistes » sur la façon dont Hefetz a décrit les scènes de famille entre Netanyahu et sa femme, ainsi que leur fils Yair, autour d’une décision sur une question de sécurité que devait trancher le Premier ministre [à propos des portiques de sécurité et de détection sur le Mont du Temple]. Le journaliste savait tout, bien que le témoignage de Hefetz ait été couvert par un ordre de censure. Même si ces ragots de caniveau étaient parole de Torah, les gens se sont demandé en quoi ces éléments pourraient-ils constituer une affaire criminelle contre le premier ministre? Aussi, quel pouvait bien être l’intérêt de faire courir de tels bruits de couloir? Et ne pouvait-il pas attendre que Netanyahu soit rentré au pays?

Les reportages des médias fondés sur des « sources anonymes » s’appuient avec une quasi-certitude sur des fuites précises, soit de la part de l’enquête policière ou de l’accusation – pour faire pression sur les suspects – soit, des avocats impliqués dans l’affaire. Pourtant, ces bribes de ragots, de calomnies et de spéculations préjudiciables sont présentés dans les bulletins de nouvelles télévisés et les grands titres des actualités, martelés jour après jour comme s’il s’agissait de faits établis. Chaque fois, on prétend que la police détient le dernier clou pour refermer définitivement le couvercle du cercueil du Premier ministre – et au bout du compte, cela ne mène nulle part. Lundi soir, un journaliste de télévision est allé jusqu’au bout. Il a annoncé : « Une source élevée  dans la hiérarchie m’a dit que [la police] avait bouclé le Dossier 4000. La corruption équivaut à la prison. » (Ce dossier couvre l’allégation selon laquelle Netanyahu a offert des avantages illicites à Shaul Elovitch, propriétaire de la compagnie de télécommunications Bezeq et des nouvelles en ligne Wallah site, en l’échange d’une couverture favorable dans la presse).

Le présentateur de télévision a alors ricané, en disant que Netanyahu, qui était assis à ce moment-là, dans le bureau ovale avec le président américain, était sans aucun doute plus préoccupé par l’affaire menée en Israël contre lui que par les sujets de leur conversation [sur le nucléaire iranien, le plan de paix avec les Palestiniens ou les troupes américaines en Syrie] – un autre « fait » censé alimenter une audience, désormais de plus en plus sceptique.

Ce scepticisme est d’autant plus grave lorsqu’il touche la police. Si tout ce que celle-ci a à offrir aux médias est constitué de calomnies et de ragots, dans quelle mesure leur dossier peut-il être solide? Cela devient une question communément partagée. Trois suspects, d’anciens aides proches ou des confidents du Premier ministre, sont devenus des témoins à charge de l’Etat – Hefetz a affirmé qu’il avait été détenu pendant deux semaines dans des conditions inhumaines pour le briser – pourtant la police n’est parvenue, jusqu’à présent accusation de foi, qu’à réunir au mieux, le matériel suffisant à n’établir qu’une accusation de simple abus de confiance, une déception humiliante pour la police, après plus d’un an de graves accusations de corruption contre un premier ministre en place. Leur comportement dans cette affaire a donné lieu à une prise de conscience que quelque chose ne va vraiment pas avec les services chargés de l’application de la loi, si l’axiome posant que personne n’est au-dessus de la loi dans une société démocratique, peut à ce point être dénaturé pour finir par signifier que personne n’est à l’abri de la loi.

Adaptation : Marc Brzustowski

Popular protest mounts over never-ending police probes against Netanyahu