Dans la paracha Choftim, Moïse enjoint au peuple de nommer des juges et des officiers de police dans chaque cité. « Justice, c’est la justice que tu rechercheras », commande-t-il et elle devra être rendue sans corruption ni favoritisme.

Les crimes seront l’objet d’investigations méticuleuses et les preuves soigneusement examinées. Il faut qu’au moins deux témoins crédibles soient entendus pour qu’un suspect soit reconnu coupable et qu’une sanction puisse être prononcée.

Dans chaque génération, dit Moïse, certains se verront confier la charge d’interpréter et d’appliquer les lois de la Torah. « Selon la doctrine qu’ils t’enseigneront, selon la règle qu’ils t’indiqueront tu procéderas ; ne t’écarte de ce qu’ils t’auront dit ni à droite ni à gauche. »

La paracha de Choftim contient aussi les interdits relatifs à l’idolâtrie et à la sorcellerie, les lois régissant la nomination et la conduite d’un roi, les règles présidant à la création des « villes de refuge » destinées au meurtrier involontaire.

Nombre des lois de la guerre sont aussi affirmées : l’exemption du jeune marié, de celui qui vient de construire sa maison, de planter une vigne ou qui est effrayé ; l’obligation de proposer la paix avant d’attaquer une ville ; l’interdiction de détruire arbitrairement quelque chose de valeur, illustrée par la loi interdisant d’abattre un arbre fruitier en faisant le siège d’une ville (dans ce contexte, la Torah énonce la célèbre sentence « Car l’homme est un arbre des champs »).

La paracha s’achève avec la loi de la Eglah Aroufah, la procédure qui doit être suivie lorsqu’un cadavre dont le meurtrier est inconnu, est trouvé dans un champ, soulignant ainsi que la responsabilité de la communauté est engagée non seulement au regard de ce qui est commis, mais aussi pour les actes qu’elle n’a pu empêcher.

chabad.org

La parasha Choftim commence par deux mots très importants et très lourds de sens :

שופטים ושוטרים תיתן לך בכל-שעריך אשר ה’ אלקיך נתן לך לשבטיך ושפטו את-העם משפט-צדק :

Des juges et des policiers tu prendras pour toi dans tes portes que l’Éternel ton D. t’a données pour tes tribus et ils jugeront le peuple et établiront des jugements équitables.

Un peu plus loin dans la parasha nous trouverons aussi un verset très célèbre et ces deux  versets  nous permettront de comprendre l’esprit du premier des thèmes de la sidra :

צדק צדק תרדוף למען תחיה וירשת את הארץ.

Tu poursuivras la justice pour pouvoir vivre dans le pays dont tu hériteras.

La recommandation est d’instituer des juges et des policiers et de chercher la justice activement.

En effet, D. énonce un commandement : donne-toi des juges et des policiers. Dans un premier stade il nous faut comprendre la différence entre ces deux offices puis de saisir que nous assistons à une première esquisse de quadrillage de la société. En effet, de manière très schématique nous dirons que les juges sont là pour « faire » des lois et les policiers pour les faire appliquer.

Où ? Dans « tes portes »   est-ce dire dans tes villes ? Non, car il est écrit dans tes portes que l’Éternel ton D. t’a donné pour tes tribus : cela donne une dimension: les juges seront nommés ainsi que les policiers dans chaque « agglomération » et dans chaque région que D. a attribué à chaque tribu : agglomération, région, district…… et, avec des fonctionnaires qui seront supérieurs aux simples juges puis d’autres qui seront supérieurs aux derniers ou, si l’on préfère on possède ici un organigramme ou une structure élaborée du système judiciaire.

Et, après que ce système ait été imaginé, D. demande : tsedek tsedek tirdof : poursuis la justice mais plus précisément : tu vas chercher et bien chercher pour extraire de la justice (tsedek) ce qui peut être encore plus juste. Ou, encore, il faut que tu t’attaches à ce qui peut exister de plus juste au sein même  de la justice.

Chercher et fouiller encore et encore jusqu’à extirper de tout ce qui s’appelle système judiciaire la véritable justice morale, celle qui prend l’Autre en compte, chercher et écouter et aller vers l’autre pour que la véritable justice s’exerce.

Rashi explique : ce sera grâce aux bons juges et aux bons policiers que nous pourrons être dignes du pays d’Israël mais, pour cela il nous faut atteindre un degré tel de justice que nous vivrons dans une société juste véritablement.

Le « Sefat Emet » explique un peu différemment ce « shoftim veshoterim titen lekha ». Pour lui, si D. ordonne « titen lekha » tu te donneras des juges et des policiers : le grand penseur s’exprime ainsi : ce n’est pas que tu doives toi en tant que peuple : nommer des juges et des policiers mais toi, prends toi, en tant qu’individu, pour toi-même ou envers toi-même, deviens un juge et un policier car tu as reçu des commandements applique les pour toi et fais les appliquer par les autres, et juge-toi toi-même !

Il existe dans les mots שעריך- tes portes –  et שוטרים   – des policiers/gardes – des allusions très importantes que nos Maîtres mettent en relief : dans ces deux mots, disent-ils, D. a voulu nous faire comprendre que trois organes peuvent provoquer nos réactions : les yeux, les oreilles et la bouche ce sont « nos portes » (שעריך) et les policiers ou gardes sont les paupières que par notre volonté nous allons baisser pour éviter à nos yeux de voir certaines choses, nos lèvres ou notre langue que nous allons fermer et/ou empêcher de fonctionner et nos doigts (auriculaires) à l’aide desquels nous pourrons empêcher nos oreilles d’entendre ce qu’il ne faut pas entendre. Le fait d’empêcher nos yeux/oreilles/bouche de fonctionner se fera sous l’impulsion de notre libre-arbitre.

Ceci est si aléatoire et difficile à réaliser que nous avons des exemples dans notre histoire d’une période où les juges étaient corrompus et qu’il fallait qu’eux-mêmes soient jugés ainsi, le livre de Ruth commence par les mots : ויהי בימי שפוט השופטים  « Ceci se passait au temps où les Juges étaient jugés ».

Cette corruption, ce manque de véritable justice n’est pas innocente et le peuple en pâtit : car la corruption des juges amène la guerre et la famine, conséquences directes de la corruption.

Le Or HaHayim dit à propos de ces versets que les juges et les policiers sont indissociables les uns des autres car s’il n’y a pas de juges pour faire des lois, il n’est nul besoin de policiers pour faire appliquer des lois qui n’existent pas !

Mais le grand penseur nous fait remarquer qu’il est possible qu’une « erreur grammaticale » se soit glissée dans le verset où D. S’adresse au Juif à la deuxième personne du singulier pour ensuite parler de jugement au pluriel.

L’explication est simple : si un juge peut être seul à juger, un témoignage ne peut être recueilli que s’il émane de deux personnes ainsi qu’il est dit : « על פי שני עדים יקום הדבר » Un témoignage ne peut être pris en considération que s’il provient de deux personnes.

Le juge devra enquêter et écouter, et chercher de manière à faire ressortir un détail qui pourrait être important.

De manière à ne pas défavoriser un pauvre vis-à-vis d’un riche, on aidera le pauvre à paraître de la même façon que son adversaire  soit en priant le riche de s’habiller comme un pauvre ou en aidant un pauvre à s’acquitter de sa peine/dette en cas de besoin.

Le Zohar attire notre attention de manière à  comprendre que le jugement ne peut être que divin et l’on demande aux juges d’être circonspects en rendant la justice : « malheur aux juges d’en bas s’ils renient l’œuvre de la création et si un juge ne se prononce pas de la même manière que l’autre car « en-haut » existent aussi des juges et des policiers et il y en a qui jugent les âmes car les juges et les policiers « d’en bas » sont corporels, alors que ceux d’en haut sont liés aux âmes : l’un n’est pas mieux que l’autre, et les uns comme les autres doivent être égaux.

Lorsqu’il est question de משפט צדק  c’est pour exprimer le fait que entre le moment où la justice va être rendue, on doit rechercher le lien qui existe entre les deux jugement et justice l’un n’étant pas l’autre.

Le mishpat est d’un degré supérieur au tsedek.

Lorsqu’on fait la tsedaka on fait ou bien on rétablit la justice au nom de HaShem car tsedaka c’est tsedek plus la lettre hé : HaShem.

En donnant de l’argent à quelqu’un, on répare une injustice et on enlève un peu de la part qui nous a été donnée pour agrandir la part de l’autre ou encore, pour radoucir le sort de quelqu’un qui n’a pas fait l’objet d’une répartition équitable pour des raisons qui nous échappent.

Caroline Elisheva REBOUH

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Avigail

Enfin un bon article !!!! Il faudrait l’appliquer à la réalité !!!!