Mystification britannique ?

 

L’exemple britannique témoigne que l’euroscepticisme est insuffisant pour se libérer de l’Europe.

Gilles FALAVIGNA

Où en sommes-nous du Brexit ? Où en sont les britanniques ?

Il y a 2 ans, le 23 juin 2016, les Britanniques, par référendum, choisissaient de sortir de L’Union Européenne. Deux années, déjà.

Nous savons bien que le vote des peuples importe peu. Les Français, par référendum, avaient choisi de refuser la Constitution européenne et ils l’ont eue, en version plus sucrée ou plus salée, selon les goûts.

Le Brexit est-il une affaire entendue ? La presse annonce périodiquement une victoire à l’arrachée du Premier Ministre britannique, Theresa May, en faveur du Brexit. En fait, une période transitoire est en cours jusqu’en 2020. Cette période est une phase de négociation. Qui plus est, il est important de rappeler que la Grande Bretagne peut révoquer le Brexit, ou que la période transitoire peut être prolongée de manière indéfinie. Cet « indéfini », temps flou, pourrait être conçu jusqu’à acceptation du peuple britannique de réintégrer l’Union. Chaque jour qui passe renforce les difficultés du Brexit à se réaliser.

L’Union Européenne n’est pas une union douanière. Elle est une structure politique. Nous pouvons, alors, regarder la tendance de ce qui représente le plus sûrement le régalien britannique : l’usage de sa puissance militaire.

Alors que, traditionnellement, l’Angleterre est le premier allié des Etats-Unis, le sommet franco-britannique de Sandhurst, en début d’année, voit un renforcement spectaculaire de la coopération militaire entre la France et la Grande Bretagne par la création, entre autre, d’une force d’intervention extérieure commune.

Dans la continuité de Sandhurst, alors que la Cour Européenne de Justice a toujours été le symbole de suprématie européenne sur la souveraineté des peuples, le Premier Ministre britannique acceptait de soumettre le Royaume-Uni à cette Cour de Justice Européenne et ceci ultérieurement au Brexit.

Dans le cadre strict de la Défense, 40% des produits de Recherche et Développement militaire de l’Europe ont, actuellement, des fonds d’origine britannique. Theresa May a convenu que cette situation ne changera pas. Cela dépasse le cadre d’un partenariat.

Alors que le Renseignement est l’arme la plus importante de la guerre moderne, les Services Secrets britanniques sont considérés comme les plus performants d’Europe, et de très loin. Le MI5 et le MI6 seront dédiés à la sûreté de l’Union Européenne.

Alors que le Ministre britannique de la Défense, Gavin Williamson, semble poser la question du statut de grande puissance militaire de son pays, sollicité en coulisse par Theresa May, cette dernière vient de démentir totalement. Néanmoins, la situation est suffisamment préoccupante pour que Jens Stoltenberg, Secrétaire Général de l’OTAN, rappelle que la Grande Bretagne est le cœur de l’Alliance Nord-Atlantique. Selon l’agence de presse Reuters, la demande de Theresa May avait provoqué une onde de choc dans toute la structure militaire du Royaume-Uni.

En parallèle, L’effort en Afghanistan va être renforcé dans le cadre de l’opération « Resolute Support » portant au double l’effectif des forces britanniques. Ce choix est loin d’être anodin quand la situation afghane est particulièrement délicate. Les Talibans contrôlent désormais plus de 40% du territoire et Daesh s’est largement replié de Syrie et d’Irak en Afghanistan.

Le prochain sommet de l’OTAN se tiendra au mois de juillet à Bruxelles. Des annonces majeures quant aux choix stratégiques britanniques devraient être décelées pour démontrer que l’entité « Union Européenne » est au service d’une dimension autre et supérieure à celle des peuples européens, particulièrement britanniques.

Theresa May est une personnalité politique solide. Son questionnement « en coulisses » sur la réalité de la puissance militaire britannique ne peut pas être de nature candide. Theresa May ne peut qu’être bien plus au fait de la situation que la plupart des experts internationaux. Recadrée dans son contexte général, la question peut signifier qu’au sein de l’Union Européenne, la puissance militaire britannique est une grande puissance. Et quoi qu’il en soit, l’Union Européenne n’est une grande puissance qu’avec la Grande Bretagne.

C’est le caractère premier, à travers les forces armées, de la souveraineté qui est mis en cause.

Par Gilles Falavigna

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Xavier

L’UE a toujours contourné les expressions démocratiques. Qui peut encore croire que se sont les peuples qui décident ?
Ils prennent le temps qu’il faut mais ils finissent toujours par faire ce qu’ils ont décidé en étant convaincus que c’est pour notre bien …..
Nos élites nous trompent en permanence !!!