L’Europe n’est pas tendre envers Israël, à bien des égards. Et ceux qui prennent la défense de l’état hébreu sont vus d’un mauvais oeil. Ce qui n’empêche pas les organisations juives de se mobiliser pour que justice soit rendue à l’Etat juif.

Israël a de nombreux alliés aux Etats-unis, qui se battent au coude à coude, contre BDS ; Mais en Europe, où les communautés juives sont plus petites et donc plus fragiles, mobiliser des frères d’armes relève d’un âpre combat.

Le nouveau fer de lance du ministère des affaires stratégiques, dirigé par le ministre Gilad Erdan, est justement d’encourager ces communautés juives à passer à l’offensive, et de leur donner des outils pour se défendre face à une ONG qui affirme ne se préoccuper que de droits de l’homme, mais qui est dans les faits en cheville avec des groupes terroristes, et dont la propagande antisémite présente Israël comme un état paria qui pratique l’apartheid.

Le Jerusalem Post s’est entretenu avec trois organisations européennes qui sont à l’avant-garde de cette lutte contre BDS.

Démasquer le nouveau visage de l’antisémitisme

Pascal Markowicz, responsable du service juridique du CRIF se consacre à la lutte contre BDS: « En France, dans la plupart des cas, le mouvement de Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) porte ses coups sur le plan économique», explique Markowicz, spécialiste de ce genre d’affaires. « C’est un problème qui se manifeste surtout dans les supermarchés, où des panneaux très voyants, voire même des autocollants à même les produits, indiquent« fabriqué dans les colonies israéliennes ».

C’est la conséquence directe de la directive de l’UE, qui exige l’étiquetage des produits fabriqués dans les territoires disputés et sur les hauteurs de Golan, entrée en vigueur en 2015.  » La France est le premier pays de l’UE à avoir appliqué cette mesure. Cependant, en vertu de la loi Lellouche, adoptée en France en 2003, les défenseurs d’Israël, comme Markowicz, peuvent porter le combat devant les tribunaux.

Cette loi, nommée d’après Pierre Lellouche, le politicien juif qui l’a mise sur pied, permet de traduire les militants de BDS en justice, au motif que leurs actions sont discriminatoires. Ce qui a considérablement réduit lea portée de leur activisme. « C’est une loi unique au monde. Cela empêche les gens de boycotter non seulement Israël, mais aussi l’Iran et l’Amérique. La loi stipule qu’il est interdit de boycotter quelqu’un en raison de sa race ou du pays dont il est originaire « , a-t-il expliqué. « Sur le plan juridique nous avons remporté un certain nombre de batailles « , admet-il. « Beaucoup de gens pensent que BDS, ce n’est pas de l’antisémitisme, ils pensent que ce mouvement doit être défendu au nom de la liberté d’expression. Au tribunal, je démontre que c’est faux. Leurs agissements sont purement discriminatoires et à ce titre, doivent être punis par la loi ». Ce succès, selon Markowicz, indique que le gouvernement français ne cautionne pas BDS. « C’est très important », affirme-t-il. Il en veut pour preuve l’ancien Premier ministre français Manuel Valls, qui dans une de ses allocutions, il y a quatre ans, affirmait haut et fort, que l’ « antisionisme est un nouvel antisémitisme ». Il semble que le nouveau chef d’état français en soit conscient lui aussi. Le 16 juillet, le président Emmanuel Macron a prononcé des propos très semblables, lors d’un événement commémoratif de l’Holocauste, en présence du Premier ministre Benjamin Netanyahou, en disant: «Nous ne cèderons jamais aux messages de haine; Nous ne cèderons pas à l’antisionisme, parce que c’est une réinvention de l’antisémitisme « .

De l’opinion de Markowicz, en France ce n’est pas BDS qui cause le plus de tort à Israël. C’est l’étiquetage et l’ignorance. « Ce n’est pas un problème de hasbara [diplomatie publique], mais de communication. En France et dans la majorité des pays d’Europe, ils pensent vraiment que la terre est littéralement occupée par Israël. Nous devons faire connaître la vérité, et cela passe par une vérité vocabulaire. Il faut utiliser une terminologie adéquate qui correspond à la réalité juridique, afin de la faire entendre « , a-t-il déclaré.

La lutte acharnée contre la discrimination institutionnelle

 

« Si BDS est un problème économique en France, en Espagne, c’est carrément une institution », pointe Angel Mas, président d’ACOM, un groupe de lobbying pro-israélien basé en Espagne. « ça a commencé par être un phénomène culturel qui a aussi pris pied dans la société académique, puis c’est devenu institutionnel, ce qui est unique », a expliqué Mas.

A l’instigation des partis d’extrême gauche, quelques 70 municipalités locales se sont entichée de BDS, adoptant des résolutions favorables au mouvement. L’ACOM a été fondé afin de les combattre pied à pied, pour qu’elles soient abrogées les unes après les autres.

L’ACOM a pour objectif de mettre à jour la perversité des agissements de BDS et de traîner ses militants en justice afin de rendre leur propagande inopérante.  » Pour les militants des partis d’extrême gauche espagnols comme Podemos, soutenir BDS c’est le nec. Pour ces gars-là, c’est le top du top dans leur liste de priorités ». On aimerait pouvoir dire que les activistes de BDS sont des marginaux. Mais leurs agissements sont loin d’être un épiphénomène.

Mas déplore que leur influence délétère se fait sentir dans de nombreuses villes importantes, dans toute l’Espagne. Les conseils municipaux de Madrid, de Barcelone, de Valence et de Séville ont été gangrénés par leur propagande et tous ont adopté des mesures pro-BDS. « C’est une menace existentielle. Un fossé se creuse entre Israël et l’Espagne, mais aussi entre la vie juive normale et l’Espagne » regrette-t-il. « Ce n’est pas possible que l’Espagne se targue d’être un allié d’Israël et un pays ami d’un côté, tout en faisant la promotion d’un activisme hostile à l’Etat juif. Et pourtant c’est ce qui se passe ».

ACOM espère démasquer la nocivité de ces résolutions coercitives, sous couvert de défense des droits de l’homme. « L’organisation a réuni un groupe d’avocats qui attaquent ces résolutions de BDS en justice, au motif qu’elles sont discriminatoires. Comme en France, ils ont d’ores et déjà remporté un vif succès. « Les tribunaux ont déclaré que ces résolutions BDS étaient anti constitutionnelles, parce qu’elles ont effectivement violé un certain nombre de principes constitutionnels », a-t-il expliqué. Tout récemment encore, en Galicie et dans la région de Valence (respectivement au nord et dans la partie orientale du pays,) deux tribunaux administratifs ont abrogé les résolutions de BDS, adoptées l’année dernière. Pour Mas, la victoire la plus significative, c’est qu’à partir de maintenant, les militants de BDS vont devoir « y réfléchir à deux fois » avant de proposer une résolution anti-israélienne, qui pourraient les amener à répondre de leurs actes devant les tribunaux.

Du coup, même leurs propres conseillers juridiques, leurs déconseillent de risquer une comparution en justice. Toutefois, renforcer les liens entre Israël et l’Europe devrait aller de soi. « J’ai honte que nous, en tant qu’Européens, nous rendions ce rapprochement si difficile », a-t-il déclaré. « Le récit est perverti », avoue-t-il sans ambiguïté, en disant que des mots comme « occupation » et « colonies » ne vont pas contribuer à résoudre le conflit ou à améliorer les relations avec Israël. Cependant, Mas reste malgré tout optimiste quant à l’avenir des relations israélo-espagnoles. « Il y a de plus en plus de personnes qui commencent à comprendre que nous avons des valeurs et des intérêts communs; Israël gagne en sympathie aux yeux des Européens, aujourd’hui plus que jamais. « 

L’Europe est encore un partenaire à ne pas négliger David Siegel est le PDG du European Leadership Network, ELNET- Israel. Il est convaincu que compte tenu des nombreuses crises qui secouent l’Europe – le terrorisme, les réfugiés et le Brexit, pour n’en nommer que quelques-unes -, les critiques européennes contre Israël ne pèsent pas lourd dans le règlement des affaires régionales. Pour autant, Siegel soutient qu’avoir les faveurs de l’Europe est encore très pertinent. « Il est important de comprendre que l’Europe, malgré tout ce que nous entendons dire de son déclin, reste un acteur majeur sur l’échiquier mondial « , a-t-il déclaré. Il souligne que de solides organisations et groupes internationaux comme le G7 et l’équipe des P5 + 1 qui ont négocié le contrat historique avec l’Iran, en témoignent. Et de son point vue, Siegel pense qu’Israël a tout intérêt à s’attirer les bonnes grâces de ce continent. Selon lui, renforcer la relation euro-israélienne est l’un des nombreux défis qu’Israël devra relever, en saisissant les nombreuses opportunités qui s’offrent pour développer des partenariats. C’est ce quoi son organisation consacre ses efforts.

La relation Europe Israël a toutes les chances de se renforcer dans la mesure où elle repose sur des valeurs et des intérêts communs. L’organisation, qui a quatre bureaux en Europe, fonctionne de la même façon qu’une ONG indépendante. Elle a déjà tissé un réseau d’influence dans toute l’Europe, qui atteint les plus hauts échelons de son leadership. Ce qui l’inquiète en revanche, c’est cette tendance qui se manifeste de plus en plus en Europe, de vouloir séparer Israël des implantations.

Siegel craint que ces nouveaux développements mènent sur une pente glissante, qui par un effet pervers, aboutirait à un boycott plus général d’Israël. « Nous sommes conscients que c’est un grand danger. Nous luttons contre la confusion que cela crée dans les esprits qui pourrait entretenir des amalgames délétères, fédérer les modérés européens et pas seulement les extrémistes, et à terme, entraîner un boycott global d’Israël « , s’inquiète-t-il. « C’est en fait une façon plus pernicieuse d’appeler à un boycott général contre Israël « , a-t-il ajouté.

Pour lutter contre cela, ELNET s’emploie à faire connaître Israël aux dirigeants du continent européen en organisant des séjours à leur intention, afin qu’ils soient plus à même de comprendre les défis auxquels est confronté l’Etat hébreu. Grâce au dialogue stratégique et à l’accueil de toutes sortes de délégations en visite en Israël, les Européens ont la possibilité de constater sur place, qu’ils ont beaucoup en commun avec l’Etat juif. Les faire venir en Israël est essentiel, car beaucoup n’ont tout simplement jamais pu se faire leur propre impression de la situation sur le terrain. Selon Siegel, seulement 10% des députés européens se sont rendus en Israël, contre 85% des députés américains.

Ce type d’action de diplomatie publique est indispensable, non seulement pour lutter contre le problème de BDS, mais aussi dans le dossier iranien, dans la lutte contre la montée en force de l’antisémitisme et les relations commerciales.  » Il est essentiel de travailler ensemble dans ce domaine et de nous concentrer sur nos intérêts communs. Plus nous allons construire un partenariat solide au sommet, plus nous pourrons lutter efficacement contre BDS « , a déclaré l’ancien diplomate, ancien consul général dans le sud-ouest des États-Unis.

Noa Amouyal – Jérusalem Post

 

 

 

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Cohen

À L’ADRESSE DE BDS ( Bandes De Salauds )
Rien d’autre à ajouter !