Antisémitisme : un Président français pour les USA?©

Antisémitisme : et si un Président français sauvait l’Amérique de ce fléau? 

 

Si c’était un homme politique français de premier plan qui était Président des Etats-Unis, comment aurait-il réagi à l’explosion de la dernière vague d’antisémitisme en Amérique? Et d’où provient cette question qui semble absurde? Récemment, une campagne bidon a commencé à promouvoir la candidature de l’inéligible Barack Obama en tant que Président de la France, dont le système électoral est en crise. Cela a démarré comme une simple plaisanterie pour souligner à quel point les candidats actuels sont décevants et quelconques. Le 3 mars, cette fausse campagne a reçu le soutien de 45.000 partisans. Se donner la peine de répondre à cette interrogation tout-à-fait hypothétique permet néanmoins d’obtenir une perspective comparative sur les attitudes américaines et françaises confrontées à l’antisémitisme.

Quand la Seconde Intifada a éclaté à l’automne 2000, il y a immédiatement eu une hausse soudaine de l’antisémitisme en Europe. En France, en particulier, on a assisté à une énorme explosion, provoquant de nombreux incidents violents. Le sociologue français Shmuel Trigano déclarait qu’on relevait des indications convaincantes que le gouvernement du Premier Ministre Socialiste Lionel Jospin exigeait de la communauté juive qu’elle se tienne tranquille et ne « verse pas d’huile sur le feu »[2].  La police classait le plus souvent les actes antisémites dans le registre de la « petite délinquance » ou du « hooliganisme », afin de masquer que les crimes commis l’étaient spécifiquement contre les Juifs en tant que tels.

Ce n’est qu’en juin 2002 que la vérité sur ces exactions est devenue un peu plus officielle. A l’époque, ce dernier, plus tard Président de droite, est devenu Ministre de l’Intérieur. Il a admis l’existence de cet antisémitisme et a cherché des moyens de mieux le combattre[3]. Mais son propre Président, lui-même de droite, Jacques Chirac, cependant, continuait de nier tout antisémitisme.

Le Rabbin Marvin Hier, Doyen du Centre Simon Wiesenthal, déclarait alors : « Après les nombreux incidents antisémites qui se déroulent en France, au cours de ces dernières années, Le CSW a dû diffuser une alerte, disant que les Juifs qui se redent en France ne voyage, et dont l’apparence extérieure est juive, doivent être conscients qu’ils encourent un risque… Nos communiqués publics ont débouché sur une rencontre avec le Président Jacques Chirac en mai 2003… Le Président français nous a dit qu’il n’y avait aucun antisémitisme en France . Il ne s’agissait que de quelques jeunes délinquants qui ont attaqué des Juifs un peu au hasard. Nous avons répliqué que de nombreux Juifs français – en particulier dans les banlieues parisiennes et aussi en province – nous racontaient une histoire bien différente et qu’il existe bien un antisémitisme substantiel en France ».

Hier poursuivait  : « Cela a été une âpre conversation et, à la fin, nous sommes tombés d’accord sur notre désaccord palpable sur tous les points importants. Il a déclaré que si c’était le cas, qu’il lutterait de tout cœur contre l’antisémitisme en France, mais que cela n’existait pas. Après avoir quitté le Palais de l’Elysée, nous nous sommes rendus à une réception au domicile du Baron de Rothschild. Deux membres de notre groupe ont manqué le rendez-vous et ont dû prendre un taxi. Ils portent la kippa et se trouvaient juste à l’extérieur de la Résidence du Baron de Rothschild quand un petit groupe de gens ont commencé de les insulter en leur disant des choses comme : « Partez de France, vous les Juifs ». C’était une réponse éloquente aux prétentions vaines de Chirac qu’il n’y a pas d’antisémitisme en France[4]« .

Israël Singer, Président du comité exécutif du Congrès Juif Mondial, offre une autre perspective sur la vision de l’antisémitisme par Chirac. Il rappelle comment, il y a quelques années, Chirac lui avait déclaré que ce sont les Juifs et eux-seuls qui sont responsables de l’antisémitisme en France et partout ailleurs[5]. On doit insister ici sur la vérité fondamentale qui est que seuls les antisémites sont la cause de l’antisémitisme et no les Juifs eux-mêmes.

Ce n’est que vers la fin 2003, -soit plus de trois ans après le déclenchement de cette explosion massive – que Chirac s’est, finalement, ravisé et a déclaré que la France devait lutter contre l’antisémitisme.

Certains négateurs de l’antisémitisme prédominants ont, cependant, continué de persévérer. En février 2004, l’ancien Premier Ministre de Centre-droit, Raymond Barre et l’ancien Président de la Commission de l’U.E Jacques Delors, ont publiquement nié à la télévision l’existence du moindre antisémitisme en France, en particulier qu’il puisse concerner les Musulmans et encore moins les écoles françaises – deux principaux points de focalisation des plaintes émanant de la communauté juive – dans chacune de leurs déclarations[6].

Au début de ce mois de janvier 2017, on a constaté une première vague d’alertes à la bombe contre les institutions juives américaines, ainsi qu »‘un certain nombre d’autres types d’incidents antisémites [profanation de cimetières, etc.]. Cela n’a pris que quelques semaines au Président Trump pour les condamner pour ce qu’elles sont, parmi d’autres remarques plus énigmatiques disant que « parfois, c’est peut-être l’inverse [le camp adverse? Les activistes d’extrême-gauche favorables aux Démocrates?] pour faire en sorte de décirer les gens -les autres – comme foncièrement mauvais[7] « [accusations de collusion avec l’Alt-right]. Pourtant, il n’y a aucun doute que Trump a condamné ces actes. Il a déclaré le 21 février : « Les menaces antisémites prenant notre communauté juive et les centres communautaires sont horribles et douloureuses, et cet un rappel très triste qu’il reste encore beaucoup à faire afin d’éradiquer les préjugés et ce fléau[8]« .

Cette brève comparaison démontre que Trump est de loin, bien plus positif envers les Juifs que toute une liste d’anciens dirigeants français provenant aussi bien de la droite que de la gauche. Cela prouve aussi que les organisations juives américaines ont bien plus d’influence et de recours possibles que celles subsistant en France, qui est pourtant le pays européen qui a la communauté juive la plus importante, avec environ un demi-million de membres[9].

En outre, la solidarité manifestée à l’égard des Juifs est bien plus spontanée et forte aux Etats-Unis qu’en France. Le Vice-Président Mike Pence s’est immédiatement rendu en visite dans le Missouri, après la profanation d’un cimetière et il a déclaré [en se retroussant les manches pour restaurer l’endroit], « Nous condamnons dans les termes les plus fermes cet acte vil de vandalisme et ceux qui l’ont commis[10]« . En France, au début de ce siècle, des actes importants de solidarité ont dû attendre bien plus longtemps [plus de 15 ans?] pour se manifester.

 

Par Manfred Gerstenfeld

 

Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

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[1] https://au.news.yahoo.com/world/a/34563017/obama-urged-to-run-for-president-of-france/#page1

[2] http://jcpa.org/article/french-anti-semitism-a-barometer-for-gauging-societys-perverseness/

[3] Greer Fay Cashman, Katsav’s France visit a ‘surprising’ success, » Jerusalem Post, February 22, 2004.

[4] Manfred Gerstenfeld, interview with Marvin Hier, “Building a Major Organization from Scratch, American Jewry’s Challenge: Addressing the New Century, (Lanham, Maryland: Rowman and Littlefield, 2005). Pgs 187-188.

[5] www.jcpa.org/phas/phas-14.htm

[6] Eytan Ellenberg, « ‘Négationisme’ à la television publique française, » Guysen Israel News, 17 February 2004. (French)

[7] http://nypost.com/2017/02/28/no-one-knows-what-trump-meant-in-response-to-anti-semitic-acts/

[8] http://edition.cnn.com/2017/02/21/politics/donald-trump-anti-semitism/

[9] Ibid.

[10] www.latimes.com/politics/washington/la-na-essential-washington-updates-vice-president-pence-visits-desecrated-1487798441-htmlstory.html