Le philosophe et essayiste Alain Finkielkraut était dimanche l’invité d’Elie Chouraqui dans « Elie sans interdit ».

Lors de ce tête-à-tête, le philosophe a fait part de ses réflexions sur la question de l’antisémitisme mais aussi de son pendant, l’islamophobie, laquelle est souvent défendue par une certaine partie de la gauche qui a fini par « sombrer dans le déni ».

« Je pensais qu’après la guerre nous étions protégés de la catastrophe par la catastrophe. Je ne crois pas qu’un événement de la dimension de l’apocalypse hitlérienne soit envisageable. Pourtant (…) à ma grande surprise l’antisémitisme est revenu et ce n’est plus l’antisémitisme résiduel du nationalisme français. C’est un antisémitisme fier de lui-même à qui on ne peut pas faire honte puisqu’il s’exprime dans la langue de l’antiracisme », a commencé à expliquer Alain Finkielkraut.

« Il s’agit d’un antisémitisme antiraciste car précisément pour ces antisémites-là, les Juifs sont passés de l’autre côté de la barricade avec Israël et l’occupation de la Palestine. Tout ça étant pensé dans des termes racistes: Israël est un Etat raciste, donc s’opposer à Israël et à tous ceux qui se sentent un lien avec ce pays, c’est combattre des racistes », a-t-il précisé.

Pour étayer son propos, il s’est avant tout référé à la haine « très répandue » dans le monde arabe, mais aussi à celle relayée par toute une partie de la gauche en France, citant notamment la gauche dite « insoumise » qui se soumet néanmoins de plus en plus « à la langue des quartiers » en raison d’une volonté « démagogue » d’épouser la cause des plus défavorisés.

Alain Finkielkraut est revenu d’ailleurs sur le fait que Jean-Luc Mélenchon, Président du groupe la France insoumise, a accusé Manuel Valls de « proximité » avec « l’extrême droite israélienne ».

« Dans les quartiers, c’est le candidat des Juifs et donc on adresse un message à ceux qui pensent ainsi pour leur dire ‘venez à moi avec votre antisémitisme, je suis preneur’ (…) Je m’attendais à tout sauf à avoir à combattre l’antiracisme comme nous devions combattre les idéologies totalitaires du XXème siècle », a-t-il déclaré.

Et de continuer: « l’hostilité aux Juifs est une des composantes d’une hostilité très générale à l’égard de la civilisation européenne. Un nouveau franco-judaïsme surgit », résumant ce concept comme une sorte de « convergence entre le message biblique et le message de la révolution française ».

Or selon lui, le nouveau franco-judaïsme ressemble aujourd’hui à une « communauté de destin » entre les Juifs et les Français d’origine française comme le démontre le recours aux deux insultes les plus répandues dans les quartiers sensibles qui sont « sale Français » et « ale Juif ».

« Il faut comprendre ce nouveau monde dans lequel nous sommes où l’inimité contre les Juifs et l’inimitié contre la France, la civilisation française et la civilisation européenne vont de pair et sont deux expressions d’une même haine », a-t-il expliqué soulignant par ailleurs les « trahisons » de la gauche et la tendance qu’elle a à diviser le monde en deux camps: celui des dominants et celui des dominés.

« La gauche a été prise à contrepied par l’existence d’un racisme venu du camp des dominés. Et plutôt que de prendre acte de cette réalité qui heurtait son système, elle s’est accrochée à son système et elle a dénié cette réalité. Elle a pratiqué le déni », soutient Alain Finkielkraut.

Cette gauche-là finit par légitimer son discours à partir des « souffrances » que les « dominés » peuvent subir, plus précisément « leurs frères palestiniens » et justifier l’existence de l’antisémitisme.

Le renoncement de la République face à l’islamisme

Il raconte d’ailleurs la différence qui existe entre l’affaire de la profanation du cimetière juif de Carpentras en 1990 et l’affaire Ilan Halimi (ou encore le meurtre de Sara Halimi) pour faire remarquer que dans le premier cas, toute la France s’était mobilisée quand il s’agissait d’un crime commis par des néonazis tandis que presque vingt ans plus tard, seule la communauté juive s’est rassemblée pour dénoncer un crime commis par des Musulmans.

De nos jours, « on vous taxe d’islamophobe en mettant en parallèle la judéophobie des années 30. Le sous-texte de cette accusation, c’est que les Musulmans sont les Juifs d’aujourd’hui. Et que nous, nous sommes les nazis », a insisté M. Finkielkraut, rappelant par exemple que le collectif contre l’islamophobie en France vise à « chasser tout discours critique sur l’islam » à commencer par son rapport à la laïcité.

De son côté, Jeannette Bougrab, ancienne ministre et ex-présidente de la Halde, également invitée à prendre part à cette discussion sur l’Islam, a rappelé que ses parents sont nés en Algérie mais après avoir quitté le pays, ni sa mère, ni sa grand-mère n’ont jamais porté le voile.

« Ce qui m’effraie, c’est le renoncement de la République, mais ce renoncement face à l’islamisme ne date pas d’hier, (il remonte aux) histoires de voile à la fin des années 80 où on voyait déjà cette scission entre les mouvements antiracistes et la laïcité », a-t-elle indiqué.

« Cet islam tel qu’on le voit aujourd’hui est un islam reconstruit et fantasmé », a-t-elle ajouté, tout en dénonçant la « lâcheté » de la République – à partir de cette période – face aux décisions relatives à l’islam et à sa place au sein de la société pourtant laïque.

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« Il suffit que le Front National parle de laïcité et d’interdiction du voile pour que tout à coup, la laïcité elle-même – ce grand principe républicain apporté par la gauche – devienne elle-même suspecte de fascisme », a surenchéri M. Finkelkraut tandis que Mme Bougrab a fait remarquer qu’en Algérie – pays pourtant musulman- on vient d’interdire le voile intégral.

« Dans les pays arabo-musulmans aujourd’hui ce qu’on réclame c’est la laïcité, l’émancipation et d’interdire le voile », a-t-elle précisé ironisant sur le fait qu’elle s’attendait à entendre des réactions en France sur le caractère « islamophobe » de l’Algérie après cette décision.

En outre, tous deux se sont mis d’accord sur la problématique de la place de la femme musulmane au sein de la société occidentale en comparaison avec la position qu’elle tend à occuper dans les pays arabes.

« La trahison vient de l’occident. Aujourd’hui le vent de l’émancipation vient d’Algérie, de Tunisie, du Maroc », a affirmé Jeannette Bougrab, laquelle a par ailleurs relevé qu’en France en revanche, il est déjà arrivé qu’on demande de ne pas porter plainte en cas de harcèlement dans la rue ou de ne pas le pénaliser, de peur de « stigmatiser une communauté ».

« Les dominés sont innocents même quand ils sont coupables, et les dominants sont coupables même quand ils sont innocents, voilà le principe de base de cette gauche qui ruine et trahit la gauche », a conclu Alain Finkelkraut soulignant toutefois que la présence du FN dans l’espace public contribue à la « persistance dans l’aveuglement » en alimentant un « antifascisme anachronique dont nous sommes victimes ».

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stevenl

… and defective.

stevenl

The « Human construct » is intensely deficient.

[…] Lire la suite sur jforum.fr […]

Saul

Paix à vous tous.
Dieu aime comme l’emeuraude est verte.
(Simone Weil)
Shalom.
Peace.

Miraël

Shalom Aleira Saül.