Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture avec Alexandre Benalla à ses côté, le 24 février 2018. ( Thibault Camus / POOL / AFP)

L’affaire rappelle les heures sombres de la Ve République : un nervi de l’Elysée qui joue les auxiliaires de police comme au temps du SAC de Pasqua, un président qui semble « couvrir » un de ses proches collaborateurs soupçonné de « violences par personne chargée d’une mission de service public » et « usurpation de fonctions », et une communication élyséenne qui rame pour tenter d’expliquer l’imbroglio.

« La République est inaltérable », s’est contenté de répondre Emmanuel Macron aux journalistes qui le poursuivent, alléchés par le fumet du scandale d’Etat. Soit, mais les présidents de la République, eux, ne sont pas inoxydables.

La probabilité est élevée que l’affaire de l’ancien adjoint au directeur de cabinet de Macron qui a molesté un manifestant un 1er-Mai en empruntant un brassard de la police ne devienne un poison pour l’actuel occupant de l’Elysée.

Un signe ne trompe pas : toutes les oppositions, du Rassemblement national (ex-FN) à La France insoumise en passant par LR et le PS s’en sont saisies.

Rien n’est plus pernicieux que ce genre de scandale qui touche au premier cercle du monarque républicain.

François Mitterrand, en son temps, et Nicolas Sarkozy en ont fait la cruelle expérience : l’opinion n’a pas besoin de preuves matérielles pour considérer que le patron est, en l’espèce, responsable des vilenies de ses obligés. A tort ou à raison, elle en tire généralement la conclusion qu’il y a quelque chose d’opaque et de pourri au royaume de France.

Gestion sournoise de la faute

L’Elysée a-t-il sous-estimé la faute commise par Alexandre Benalla ? C’est peu probable puisque son complice, intérimaire de la sécurité de l’Elysée lui aussi infiltré dans les manifs, a été écarté de la présidence.

Pourquoi, dans ses conditions, n’avoir infligé que quinze jours de mise à pied et une rétrogradation à Benalla, pourtant filmé en flagrant délit par un manifestant ? Et comment justifier que les services de l’Elysée n’aient pas signalé les faits et leur auteur au parquet comme les y enjoint l’article 40 du code de procédure pénal ?

Sans doute, le Palais a-t-il voulu pousser la bavure sous le tapis en espérant que l’auteur des brutalités, dont la vidéo a circulé dans les rangs de La France insoumise, ne serait pas identifié. Raté.

Cette gestion sournoise de la faute provoque une crise morale. Comment prétendre donner force à la loi républicaine tout en s’arrangeant avec des agissements aussi contraires à la légalité ? Les oppositions vont pouvoir brocarder à l’envi « la République irréprochable » promise par Emmanuel Macron lors de sa campagne.

Benallagate

L’enquête judiciaire enfin ouverte ne fait que commencer. Mais les adeptes de la théorie du complot se demandent déjà à qui a profité le crime et quelles considérations occultes pourraient bien expliquer la mansuétude du président de la République à l’égard d’un « Monsieur sécurité » qui apparaît si souvent à ses côtés et qui semble avoir bénéficié d’une grande confiance de la part du chef de l’Etat.

Emmanuel Macron déteste être soumis à la pression médiatique. Mais on voit mal comment il pourrait s’abstenir d’expliquer au plus vite les tenants et les aboutissants de ce « Benallagate ». Sauf à laisser couver une crise politique majeure.

La seule stratégie possible consiste désormais à limiter les dommages.

Sylvain Courage

www.nouvelobs.com

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Rosa SAHSAN

A mon avis ce Bellaar doit avoir des dossiers.
ROSA