Affaire Elor Azaria : un Malaise israélien

 

Une Ethique à n’appliquer que par les hommes du rang?

 

L’affaire Elor Azaria touche à sa fin, aujourd’hui, mercredi matin, 9 août Elor a rejoint la prison militaire connue sous l’appellation « kelé arba ». Beaucoup à présent respirent car les erreurs étaient nombreuses.

Cette affaire a divisé la société israélienne entre ceux qui ont condamné Elor avant son procès et ceux qui voulait instaurer une éthique au sein des soldats de Tsahal.

Autant, durant un an et demie, la durée de son procès et l’appel, Azaria était le héros de beaucoup d’Israéliens qui ont soutenu l’idée qu’un Arabe qui tue un Israélien doit mourir, autant, à présent qu’il a accepté sa sentence et ne fait plus appel, il est critiqué par des mots forts et traité en tant que coupable.

 

L’armée israélienne tente-elle de se donner bonne conscience, en mère moralisatrice de ces soldats ?

 

Le 3 juillet 2015, un Lieutenant-colonel, Israël Shoumer, a été présumé par l’organisation « B’Tselem » avoir tiré dans le dos d’un jeune Arabe palestinien de 17 ans, Mohamad Al-Kasaba. Comme dans le cas d’Azaria, c’est  une vidéo de l’ONG B’Tselem qui a semé le doute dans la version de l’officier de Tsahal. Dans cette vidéo on voit la Jeep de l’officier arriver au niveau d’une station-service. Un jeune court vers la Jeep et lance une grosse pierre qui brise le pare-brise de la Jeep et il s’enfuit.

On distingue alors deux personnes sortant de la Jeep (un est identifié comme le Lieutenant-colonel, Israël Shoumer) tirant en direction de Mohamad Al-Kasaba. Le jeune est atteint, selon la version israélienne par deux balles dans le dos, de six balles selon l’hôpital de Ramallah.

Laissé à terre sans lui apporter une aide ni appeler les secours, la Jeep quitte la place avec ses passagers. Le premier témoignage de l’officier a été contredit et modifié.

Aussi, à partir du moment où l’officier a poursuivi le jeune en lui tirant dessus, il est difficile de prétendre comme il a fait, que sa vie était menacée. [NDLR : A sa décharge, il est logique d’un point de vue de police, qu’il fallait entraver le délit de fuite et ne pas laisser l’agression impunie -mais de façon « proportionnée » : arrestation et jugement]

Le 10 avril 2016, l’avocat général des forces armées de Tsahal, le général Sharon Afek, le même qui a décidé de poursuivre Azaria, a classé l’affaire Israël Shoumer sans suite, en arguant que ce dernier a respecté le processus visant à appréhender un suspect en lui tirant dans les jambes, mais, les balles ont atteint le dos de Mohamad Al-Kasaba par erreur. L’officier a commis une faute professionnelle, affirme l’avocat général, il ne fallait pas tirer sur le suspect en courant. Les balles ont touché le dos du jeune par simple erreur de trajectoire, l’officier n’avait aucune intention de le faire. Cependant, l’officier à quitté l’endroit sans appeler les secours. Aucune mention sur le non assistance à personne en danger n’a été retenue contre lui non plus.

C’est ce même Sharon Afek, l’avocat général des forces armées de Tsahal qui a inculpé le 18. Avril 2016 Elor Azaria pour homicide involontaire de l’Arabe qui a poignardé un soldat à Qalandia près de Hébron. Le terroriste était à terre blessé par 6 balles.

Azaria a été condamné à 18 mois de prison en première instance, confirmée en appel. En outre, la cours a argumenté que le terroriste était à terre et ne présentait aucun danger ni pour Azaria ni pour ses camarades. Y a-t-il une différence avec l’agissement du Lieutenant-colonel, Israël Shoumer ?

Ce même Sharon Afek, avocat général, a, ensuite, refusé de demander au tribunal la condamnation à la peine de mort de l’assassin de la famille Salomon comme l’a préconisé le Premier ministre Netanyahou.

Le 14 juillet, trois arabes d’Oum Al Fahm tirent et tuent deux policiers en faction sur le Mont du Temple. Un des assaillants est arrêté, mis à terre, malgré plusieurs policiers israéliens qui l’entourent, il arrive à se lever et tente de prendre la fuite. Les policiers tirent et le touchent, bien qu’il soit à terre, il semble selon la vidéo qu’ils continuent à tirer. Ils n’ont pas étaient inculpés.

Souvenez-vous d’Yitzhak Rabin, le « faucon » Ministre de la défense en 1987 durant la première Intifada dans le gouvernement d’union nationale de Yitzhak Shamir. Il demande alors aux soldats opérant contre les lanceurs de pierres d’utiliser des matraques pour « briser les bras et les jambes » des Palestiniens, fauteurs de l’Intifada. Les TV du monde entier ont projeté une vidéo montrant quelques soldats tenter de briser les mains d’un arabe palestinien avec des grosses pierres.

Est-ce la faute de ces soldats ou celle d’Yitzhak Rabin, un des officiers les plus illustres de l’armée israélienne. Est-ce que les soldats ont manqué d’éthique ?

Pourtant, il faut assumer qu’une pierre, comme une balle peut tuer. Israël ne l’a pas encore assimilé.

 

Y a-t-il des limites dans la lutte anti-terroriste ?

 

Entre des slogans « moralistes » disant que même la lutte antiterroristes veut s’imposer des limites et ceux qui prônent la peine de mort contre terroristes qui tuent des Israéliens, la société israélienne semble ne pas parler d’une seule voix et est fortement divisée sur ce point. Certes, on n’achève pas un ennemi désarmé, néanmoins, celui qui nous attaque au couteau, a-t-il épargné sa victime lorsqu’elle est à terre, désarmée ? Il continue à la poignarder même après son dernier souffle… Celui qui a poignardé la famille Salomon n’a pas eu l’intention de les épargner, même à terre il a tout fait pour les achever.

Est-ce que l’Arabe a épargné la vie de la famille Fogel ? Même le bébé n’a pas été épargné et le terroriste était fier de tuer un bébé.

Est-il venu tuer avec dans une main un couteau et dans l’autre l’idée d’une l’éthique ayant pour horizon de ne pas achever une victime à terre et désarmée ?

Est-ce que les assassins du Bataclan avaient une éthique en tuant les gens ? Leur seul objectif était de tuer le plus grand nombre de gens. Le terrorisme suit la même « éthique » dans le monde entier… Tuer pour tuer sans épargner la vie de personne.

Le 12 avril 1984, quatre arabes membres de FPLP de Gaza ont pris en otage un bus N° 300 d’Eged, la compagnie de bus israélienne, qui assurait la ligne Tel Aviv-Ashkelon. Ils ont exigé la libération de 500 arabes du Fatah prisonniers en Israël. Une femme enceinte a été libérée et a alerté la Police.

Les forces spéciales de l’armée se sont emparées du bus, tuant deux terroristes. Deux autres ont été pris vivants.

Avraham Shalom, à l’époque à la tête du Shabak, a donné l’ordre d’éliminer les deux terroristes restant afin que les Arabes sachent qu’aucun ne restera vivant lors d’une prise d’otages.

Les deux Arabes photographiés vivants, ont été amenés dans un champ et tués par des membres du Shabak. D’un mensonge à l’autre, l’affaire, connue sous l’appellation du scandale de la ligne 300, a éclaboussé plusieurs personnes dans le service des renseignements intérieurs du Shin Bet et dans le gouvernement. Des accusations ont fusé et avec elles, des tentatives de colmater les brèches. Plusieurs hommes ont été graciés avant même un jugement. Malgré l’opposition des conseillers juridiques de différents services, la Haute Cour a jugé, dans le cas de services sensibles, qu’il était possible de gracier avant jugement…

Avraham Shalom devait démissionner du Shabak, d’autres, probablement sous influence sont restés ou ont changé de poste.

On aurait pu imaginer que dans le cas d’Azaria, la jurisprudence pouvait être adoptée…

Une illusion sans doute pour un simple soldat sans influence…

©Par Claude Tencer pour JForum

 

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Pierre-Richard KLEMM

Un combattant sans uniforme n’a droit à aucune justice civile ni miliaire (comme un franc-tireur). Dans toutes les armées du monde, on l’abat sans délai et évidemment sans procès (pas de juridiction compétente).
Sauf en Israel ? Je me demande pourquoi ? Hyper parfait?

Richard Mauden

Chacun a compris qu’il s’agit-là d’une décision éminemment politique avec une dimension internationale afin de protéger Israël de nouvelles attaques polémiques. Le sort du soldat n’en sera pas altéré. C’est sa collaboration nécessaire au « bien national » et je suis sûr que tous les gens raisonnables pourront le comprendre, mais pas les activistes du passionnel et du sensationnalisme compassionnel pour vendre de la presse à scandale.

richard malka

Bien sûr que c’est une décision politique, mais il faut savoir se faire entendre aussi, la presse à scandale ne peut avoir le dernier surtout quand il s’agit de préserver ce que nous sommes. En Israël, et aujourd’hui enfin dans beaucoup d’autres pays on ne peu pas continuer à prendre les gens pour des cons.
Les muslims dans cette affaire comme dans les attaques cherchent constamment à défier les pouvoirs des différents pays pour motiver leurs abrutis de bourricots sanguinaires à aller au combat.
Bibi je l’espère parviendra à faire aplliquer la peine de mort au terroriste, ce sera un grand pas pour Israël, et un grand pas pour l’humanité!

Danielle

Ce qu’Israël doit s’efforcer de faire et de réussir, c’est informer continuellement les méthodes du gouvernement palestinien qui récompense les Arabes qui tuent des Juifs et qui les encourage.
Ils faut leur ouvrir les yeux et leur dire que leur gouvernement leur met de la poudre aux yeux pour ne pas qu’ils s’intéressent aux corruptions gouvernementales..
Si les Palestiniens savaient ce que leur cache leur gouvernement, ils se retourneraient contre lui.
Parler aussi de l’enseignement scolaire accusateur d’Israël.
Il faut mettre de l’ordre dans ce désordre permanent !