INTERVIEW – Yaïr Lapid est depuis cinq mois à la tête du ministère des Finances dans le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, il a reçu lundi Le Figaro.Le ministre des Finances israélien Yair Lapid a eu plusieurs carrières avant la politique. Il a été acteur, journaliste, présentateur vedette à la télévision, boxeur amateur et écrivain à succès. Un an à peine après avoir créé son parti, Yesh Atid («Il y a un futur»), il est arrivé en deuxième position aux élections de mars dernier et est devenu un partenaire clef de la coalition gouvernementale de Benyamin Nétanyahou.

LE FIGARO. – Vous venez pour la première fois d’exprimer votre désaccord avec le gouvernement auquel vous appartenez, après l’annonce d’un appel d’offres pour de nouvelles constructions de l’autre côté de la ligne verte, dans les Territoires occupés?

Yaïr Lapid. – Je pense que c’est une décision qui intervient à un très mauvais moment, à la veille de la reprise des négociations avec les Palestiniens et alors que nous devons faire preuve de bonne volonté. Sur le fond, cette décision ne change pas grand-chose. Comme une majorité d’Israéliens, je pense que le statut de Jérusalem n’est pas en question et que la ville ne doit pas être divisée. Mais quand bien même, il n’y a pas de raison pour annoncer juste à ce moment des mesures qui pourraient discréditer un processus déjà entouré de méfiance mutuelle et de mauvais souvenirs. Je suis donc allé contre mon habitude de jouer collectif, et j’ai décidé de m’opposer clairement et ouvertement à cette décision. Même si ces appels d’offres ne sont qu’une étape dans une procédure complexe, c’est d’une certaine façon encore pire. Je veux être sûr que mes partenaires dans la coalition comprennent que je ne laisse pas passer ça.

Va-t-on vers une crise gouvernementale?

Non, nous restons une partie prenante et stable de la coalition et mes partenaires le comprennent. Mais ces sujets doivent être considérés plus sérieusement avant d’être annoncés. Espérons que cela n’entravera pas la reprise du processus de paix.
Quelle est votre réaction à la récente décision de l’Union européenne de suspendre les financements aux institutions et entreprises israéliennes ayant des activités dans les Territoires occupés?
C’est une très mauvaise décision, qui intervient aussi à un très mauvais moment. Le seul résultat de cette mesure est de rendre les choses plus difficiles pour les partisans de la paix des deux côtés. Du côté israélien, elle ne fait que donner des arguments à ceux qui disent que l’on ne peut pas faire confiance aux Européens, qui sont quoi qu’il arrive contre nous, et qu’il ne sert à rien de négocier. Du côté palestinien, elle renforce les arguments des extrémistes du Hamas et du Djihad islamique qui disent à Abou Mazen que le temps est du côté des Palestiniens, et qu’il vaut mieux ne pas négocier et laisser la pression augmenter contre Israël. C’est une décision prise à Bruxelles par des gens qui ne comprennent pas la situation dans laquelle nous nous trouvons ici. Et quand je dis nous, je ne dis pas le gouvernement israélien, mais tous ceux qui sont pour une solution négociée. J’espère sincèrement que l’Union européenne va revenir dessus, il est encore temps.

La position de l’UE n’a-t-elle aucun mérite?

Nous avons à faire face à des problèmes très compliqués. Des gens intelligents se sont penchés sur ce dossier pendant plus de vingt ans et n’y sont pas arrivés. Et d’autres, assis dans leur fauteuil à Bruxelles, nous expliquent que nous devons faire la paix en donnant les Territoires: ils devraient être un peu plus prudents, et admettre que la question n’est pas aussi simple. Cette façon superficielle d’aborder les choses alimente l’alliance perverse entre l’extrême gauche européenne et les radicaux islamistes, qui inspirent les campagnes de boycotts contre Israël. C’est à la fois néfaste, immoral, et cela ne contribue en rien à la paix dans la région.

Vous vous considérez comme un partisan de la paix?

Oui. Je suis entièrement en faveur de la solution à deux États, israélien et palestinien. C’est la seule et unique solution. Je suis convaincu que c’est celle qui va finalement prévaloir. Je sais aussi que nous ne pouvons pas ignorer les précédentes négociations, et tout le monde sait de quoi je veux parler: les blocs de colonies resteront en Israël, Jérusalem restera israélienne, mais nous savons que la grande majorité des Territoires sera rendue, donc que beaucoup de colonies seront évacuées. Je pense que ça me place de façon très claire sur l’échiquier politique. Comme sur beaucoup de sujets, je ne suis ni de droite, ni de gauche: je suis au centre. Tout comme une majorité d’Israéliens, ce qui explique notre succès aux dernières élections. La majorité des Israéliens sont modérés et comprennent très bien ce qui est nécessaire pour parvenir à la paix. Je suis un réaliste, un pragmatique, mais ça ne veut pas dire que je sois dépourvu de convictions. Je crois profondément au processus de paix, et aussi dans l’importance de la classe moyenne israélienne, qui comme partout dans le monde, connaît une crise globale en voyant son pouvoir d’achat se réduire. En tant que ministre des Finances et en tant que représentant du parti Yesh Atid, je ne pense pas qu’il soit judicieux de dépenser de l’argent dans des colonies qui seront évacuées. Mais aussi longtemps que des gens y vivent, le pays ne peut pas les ignorer.

Pensez-vous que ces négociations aient une chance de succès?

Le sentiment général est celui de très faibles attentes. Je préfère qu’il en soit ainsi. Quand on entreprend un processus aussi complexe, c’est la meilleure attitude à avoir. On ne peut ainsi qu’avoir de bonnes surprises.

Vous êtes membre du Cabinet de sécurité israélien: qu’en est-il des rumeurs renouvelées sur les possibilités d’une attaque préventive d’Israël contre les installations nucléaires iraniennes?

Le fait est qu’Israël ne peut pas se permettre un Iran nucléaire. Un nouveau président iranien vient d’être élu, mais les dirigeants restent les mêmes. On ne peut pas laisser un régime islamique extrémiste comme l’Iran se doter de missiles à tête nucléaire. C’est d’ailleurs un problème qui ne concerne pas seulement Israël, mais aussi la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis, le monde entier, jusqu’à l’Arabie saoudite et les pays du Golfe. C’est le problème de tout le monde, et tout le monde doit s’en préoccuper. La France a pris des positions fermes sur les sanctions et nous lui en savons gré. Mais le problème reste entier, et nous ne pouvons l’oublier un seul instant.

Adrien Jaulmes/ Le Figaro.fr Article original

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Richard

La pression internationnal, mediatique et dogmatique est aussi le reflet d’une volonte de soumission au nouvel « equilibre » mondial apres la chute de l’empire sovietique.
La solution a 2 etats est un dogme, une fuite en avant ou l’on demande une fois de plus a nous les juifs de payer l’addition.
Il y a eu deja une solution de x etats arabes et un etat juif, et on veut nous faire croire que x+1 etats arabes serait un miracle! C’est bien pour cela qu’il y en a qui comme dans les annes 30 , remettent tout sur le dos de notre peuple. Mais le veritable probleme vient des arabes eux-memes, et ce n’est pas uniquement nous qui en avons conscience, les opinions sont muselees en Europe apres 40 ans de propagande pro-arabe. En ces temps de crises, ce qui etait largement previsible, le prejudice de la cohabitation en Europe avec les arabes se fait ressentir, la coupe est pleine et elle va deborde du jour au lendemain, les politiques en ont bien consciense comme ils avaient consciense du danger des nazis, mais la lachete precede le courage.
Heureusement aujourd’hui nous avons Israel alors ne nous faisons pas avoir, tenons bon, la paix que l’on souhaite mais que l’on veut nous imposer n’est franchement pas ce qui va apporte la paix sur terre, il faudrait etre vraiment fanatique, debil ou profondement antisemite pour le croire.
En attendant, Israel comme bien d’autres n’ont qu’une chose a faire: savoir se faire respecter et faire valoir ses droits ancestrales, historique et de justice quant a la dimension du pays comparativement a toutes les terres dont disposes ces arabes qui n’arretent pas d’emmerder le monde.

Sandy

Yaïr Lapid est un homme intelligent, courageux, et un bon israélien et juif. Mais il y a un hic, il ne connaît et il ne veut pas connaître ni la Torah, ni l’histoire ou la géographie d’Israël. Malheureusement il n’est pas seul dans son cas, les autres dirigeants et médias israéliens sont comme lui, des ignorants. Les seuls qui connaissent la Torah, l’histoire et la géographie d’Israël sont Naftali Bennet et son parti Baït Haiehoudi, ainsi que le journal « Israël Hayom ».

Le conflit israélo-arabe n’est pas un conflit militaire, mais sémantique. Les arabes le savent, les politiciens israéliens ne l’ont jamais su, les pauvres. Ainsi il a suffi aux terroristes « palestiniens » de dire qu’Israël « occupe », « colonise » et « opprime » « le pauvre peuple palestinien » « innocent et blanc comme neige au soleil de Palestine », pour que le monde entier demande des comptes à Israël. Pendant que les dirigeants d’Israël se tapent la poitrine comme Bibi, Yaïr et Tsippy, pour reconnaître plus vite que leur ombre qu’ils sont méchants et mauvais, et infréquentables. Il ne faut pas leur donner des baffes, ils se le donnent tout seul.

Mais le monde va plus loin et exige qu’Israël se suicide, pour leur faire plaisir ainsi « qu’aux anges de Palestine ».

La solution ? – Virer les politiciens israéliens incapables et crétins pour les remplacer par des hommes et femmes de la trempe des Naftali Bennet. Qui dira au monde qu’en terre d’Israël, c’est les juifs qui décident de leur sort, qu’ils ne veulent pas abandonner leur terre ancestrale ni ses habitants, qu’il n’est pas question de déporter qui que se soit de chez lui, et si cela ne leur plait pas, qu’ils aillent boire la mer jusqu’au fond de leur antisémitisme viscérale. Est-ce qu’Israël intervient en Syrie, Liban, Égypte, Irak, Afghanistan, Algérie, Libye, Bahreïn, Tunisie, Yémen, Maroc, Gibraltar, Espagne, Grèce, Turquie ou ailleurs ? Non ! Alors bas les pattes d’Israël !

yacotito

Je pense, comme le dit Y.Lapid, que :
– il vaut mieux éviter les provocations coté Israelien: comme ces négociations ne donneront rien, il vaut mieux que la faute ne nous soit pas attribuée, mais qu’au contraire, il soit évident que ce sont les palestiniens qui une nouvelle fois ont sabordé le processus.
– L’UE ferait bien aussi de ne pas s’en mêler, car elle s’est discréditée et déshonorée par ses positions partisanes depuis toujours étant soumise au bon vouloir des arabes pour son approvisionnement. Je ne parlerai pas en parlant de l’Europe, « de baisser sa culotte », ni de « prostituée qui défend son souteneur » car c’est incorrect. je dirai simplement que le mieux pour elle est de fermer sa gueule car on ne peut être juge et partie.

Dans une situation semblable, il faut laisser faire nos élus sans critiquer, car nous ne savons que ce que la presse veut bien nous dire, c’est à dire des informations biaisées, en un mot pas grand chose. Je suis néanmoins très pessimiste sur le résultat de telles négociations et surtout sur le desir de paix des gens d’en face pour qui il est préférable d’être des tueurs à gages: le travail, c’est pas leur fort et vivre de mendicité, c’est moins fatiguant.

Nos élus négociateurs ont eu la sagesse de prévoir de valider les éventuels accords par referendum, ce qui est très bien: c’est notre peau qui est en jeu, il est normal que notre peuple valide ou invalide démocratiquement.

{{Que D. guide nos élus, c’est ce que nous pouvons souhaiter.}}

Denis

Que cette incompétente belle gueule retourne au spectacle et se fasse oublier!