Dans une tribune publiée dans l’hebdomadaire Marianne, l’ancien avocat Guillaume Weill-Raynal, à ne pas confondre avec son frère Clément, journaliste sur France 3 et écrivain talentueux, s’en prend violemment au CRIF et à Primo.

Selon l’ex-avocat, les arguments de ceux qui ont réclamé un deuxième procès dans l’affaire Fofana ont de lourdes arrières pensées politiques, qu’il classe bien évidemment à droite.

A l’appui de ses affirmations, il dénonce notamment la présence du Bétar et de la Ligue de Défense Juive dans la manifestation du 13 juillet.

Bien évidemment, Guillaume Weill Raynal ne pipe mot de la présence du Hezbollah et du Hamas par drapeaux interposés dans les manifestations du mois de Janvier pour protester contre l’opération « Plomb durci » à Gaza.

Dans doute Guillaume classe-t-il le Hezbollah, qui pratique le souriant salut nazi, comme un mouvement de gauche, car révolutionnaire !

Comme si être révolutionnaire constituait le viatique indispensable pour quiconque se réclame du progressisme ! Les mollahs d’Iran s’intitulent volontiers révolutionnaires.

Sont-ils de gauche pour autant ? Un regard sur leurs fortunes personnelles serait intéressant. Même le modéré Rafsandjani que l’on cite en exemple, possède plus de la moitié des richesses du pays.

Et si les modérés se battent maintenant contre Ahmadinejad et son gouvernement, c’est bien pour conserver leurs privilèges économiques et non pour ouvrir le pays à plus de liberté et de démocratie.

Guillaume Weill Raynal, qui n’a jamais fait mystère de ses opinions politiques, n’y va pas par quatre chemins.

Qu’on en juge :  » Les autres déclarations faites à cette occasion par Richard Prasquier, surtout si on les replace dans le contexte plus large du discours développé par le CRIF depuis plusieurs années, révèlent des intentions moins nobles. Non pas seulement l’instrumentalisation du « cas Fofana » au soutien de la lutte contre l’antisémitisme (ce qui, à l’ère du story telling, ne serait somme toute qu’un péché véniel), mais une instrumentalisation infiniment plus pernicieuse de la lutte contre l’antisémitisme au soutien de combats politiques qui lui sont totalement étrangers. »

La culture du soupçon est l’arme la plus redoutable : Calomniez, il en restera toujours quelque chose.

Ainsi, Richard Prasquier est-il accusé de soutenir la politique de Sarkozy et d’avoir ses entrées directes au gouvernement. La thèse du lobby tout puissant n’est pas très éloignée.

C’est ne pas avoir lu et analysé la pensée de Richard Prasquier que de débiter de telles âneries à un rythme qui donne enfin une idée de l’infini.

Puis, Guillaume Weill-Raynal s’en prend à Primo, accusé selon lui d’avoir commis à l’époque un ouvrage s’inscrivant dans « un schéma maintenant bien rodé qui, je le répète, instrumentalise la question de l’antisémitisme bien au-delà de ses enjeux initiaux ». L’ex-avocat parle du livre « Ilan Halimi, le canari dans la mine », publié aux éditions Yago.

La fiche de lecture que Weill-Raynal propose est bien évidemment partiale. Elle ne mériterait qu’un zéro pointé à n’importe quel élève de 3°.

Peu importe à l’auteur qui ne retient que quelques citations éparses à l’appui de sa démonstration. Il faudrait dire à cet ancien avocat que le texte privé de son contexte n’est qu’un prétexte.

Il importe donc de mettre les choses au point auprès de Guillaume Weill–Raynal et des lecteurs de Marianne.

Oui, nous maintenons que l’assassinat d’Ilan Halimi est la suite logique de 30 années de désinformation et de partialité, de laisser-faire et de compromission.

Nous maintenons également que la politique d’immigration menée par les gouvernements de droite comme de gauche est responsable de cet état de fait.

Nous maintenons que la politique arabe de la France est inféodée depuis 1967 à ses intérêts pétroliers, ce qui l’a conduit à sacrifier ses Juifs au profit d’une cordiale entente avec les pays producteurs de pétrole, au premier rang desquels se trouvent les pays musulmans.

Et puisque Monsieur Weill-Raynal semble avoir la mémoire courte, nous lui rappelons l’existence d’une note politique adressée en 2001 par Pascal Boniface, grand expert des évidences, conseillant au Parti socialiste de se détacher de la communauté juive afin de pouvoir gagner les élections présidentielles de 2002.

Pour être plus précis, car Boniface est loin d’être idiot, il conseille aux dirigeants du PS de procéder à une lecture politique du conflit, basée sur le respect des « principes universels et non pas du poids de chaque communauté ».

Il conclut : « Il est grand temps que le PS quitte une position qui, se voulant équilibrée entre le gouvernement israélien et les Palestiniens, devient, du fait de la réalité de la situation sur place, de plus en plus anormale, de plus en plus perçue comme telle, et qui par ailleurs ne sert pas – mais au contraire dessert – les intérêts à long terme du peuple israélien et de la communauté juive française ».

Ce qui, en période pré-électorale, signifie globalement la même chose, mais en langage politiquement correct.

A titre d’information, Primo rappelle à notre cher ancien avocat qu’il a procédé par assimilation et a odieusement transformé nos propos. Nous le mettons au défi de prouver que nous avons tenu des propos racistes, puisque c’est bien ce qu’il tient à sous-entendre.

Son analyse est du même acabit que celles d’Alain Gresh, Dominique Vidal et autres « penseurs » du Monde diplomatique à propos de Primo.

Pour eux, prendre la défense d’Israël, seul pays au monde à recevoir des ordres comminatoires de la communauté internationale, revient à être de droite, voire d’extrême droite.

Cette analyse simpliste est peu digne de ces « intellectuels » qui prétendent régenter la pensée depuis plusieurs décennies.

Certes, ce livre collectif est orienté. Et alors ? Le journal à la diffusion confidentielle qu’est le Monde Diplo est-il objectif ? Fait-il office d’organe d’information neutre ?

Peut-être ces coincés du bulbe ont-ils interprété le nom de notre site comme appartenant à l’extrême droite ? Primo-Europe, comme si nous voulions faire la promotion de l’Europe occidentale en premier et au dessus de tout ?

Ont-ils seulement lu Primo Levi ?

Il ne peut y avoir de paix sans information vraie.

Or, notre combat, n’en déplaise à Guillaume WR, est de rétablir la vérité de certains faits, de proposer des explications alternatives à la doxa ambiante qui jette le discrédit sur un peuple.

Ces gens-là, issu du même moule, proposent des thèses. Ils oublient simplement l’antithèse et la synthèse.

Encore une fois, double zéro pointé, camarade Guillaume !

Citons une dernière fois l’auteur de l’article : Dans ce livre, « Tout y passe, y compris le « service public de l’information », au premier rang duquel, l’AFP, France Inter, et France 2, coupables, selon les auteurs, de véhiculer une vision du conflit du Proche-Orient défavorable à Israël et d’avoir, ce faisant, armé le bras des assassins d’Ilan Halimi. Rien de moins ! ».

Nous remercions Frère Guillaume de nous rendre justice de cette exhaustivité à laquelle nous nous sommes tenus et affirmons que notre objectivité vaut bien la sienne. Elle est certainement plus originale car moins dans l’air du temps.

Oui, les médias donnent une vision tronquée du conflit du Proche-Orient. Oui, les médias, et leurs rédactions ont été prises en flagrant délit de désinformation, et ce, de manière répétée.

Oui, à plusieurs reprises, les médias ont perverti l’information en se faisant les porte-paroles du Fatah et du Hamas. Ils auraient d’ailleurs fait autrement qu’ils se seraient vus retirée leur accréditation pour travailler en territoire palestinien. Que Guillaume Weill-Raynal tente une seule fois de nous contredire sur ce point !

Nous laissons Guillaume Weill-Raynal avoir ses propres opinions. Mais nous pensons que le droit à l’information a une valeur égale au droit de la libre communication des pensées et opinions, et que c’est une contrepartie nécessaire de la liberté d’expression.

Oui, nous pensons que la façon dont le conflit israélo-palestinien est relayé chez nous a un retentissement certain sur les relations entre des collectivités religieuses et ethniques qui devraient se fondre dans la communauté nationale.

Oui, nous sommes persuadés que, de la même manière qu’il y a un antisémitisme d’origine chrétienne ou d’extrème droite, il y a également un antisémitisme patent dans une partie de la population d’origine arabo-musulmane.

L’antisémitisme n’est pas un argument politique. L’antisémitisme est un fléau, une « annonciation » de ce qui va corrompre jusqu’au cœur une société toute entière. L’antisémitisme est une « délégitimation » de l’Etat d’Israël, qu’on le veuille ou non. Les deux sont liés.

Ce n’est pas un schéma bien rodé. Ce n’est pas une argutie permettant à de pleutres penseurs de justifier leur travail universitaire.

L’antisémitisme a des racines profondément ancrées dans la société. Et c’est cela en premier qu’il faut combattre.

Pour cela, encore faut-il avoir le courage intellectuel de l’appréhender, courage dont nous semble somptueusement dépourvu l’auteur de cet article publié dans Marianne.

Pierre Lefebvre

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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