Râgot perse : l’agence de presse semi-officielle iranienne FARS “révèle” que l’Arabie Saoudite et le Mossad israélien “conspirent ensemble pour concevoir et mettre en service un nouveau vers informatique bien plus destructeur que le malware Stuxnet, dans le but de saboter le programme nucléaire iranien ».

Dans ce roman de gare téhéranais, notre super-héros national, François Hollande joue le rôle de Jean Desjardins, et cache le prince Bandar dans ses bagages pour Jérusalem, où les trois compères auraient conçu le complot.

Ce reportage est paru lundi 2 décembre, durant la tournée des capitales du Golfe Arabique, entreprise par le Ministre des Affaires étrangères Javad Zarif, qui aurait pour mission d’apaiser les tensions entre les Emirats et Téhéran. Riyad ne fait, bien sûr, pas partie de cet itinéraire, mais c’est lui, en tant que décideur régional, qui est la cible de cette double-charge désinformatrice et diplomatique.

En 2010, Stuxnet, qu’on a prétendu avoir été conjointement développé par les Etats-Unis et Israël, mais qui pourrait aussi avoir une source biélorusse, allié de l’Iran, était ce vers informatique qui a attaqué et contaminé les circuits et systèmes d’ordinateurs attachés au programme iranien d’enrichissement d’uranium. Il avait provoqué un ralentissement conséquent du programme et endommagé sérieusement l’unique réacteur nucléaire de Bushehr, à l’époque.

Cela dit, des spécialistes britanniques avaient diagnostiqué que ce genre d’attaques informatiques, si confirmées, sont à double-tranchant, parce que, malgré la suspension de certaines parties du programme, elles auraient, en retour, permis aux Iraniens de se perfectionner dans la prévision de ce type de déroutes virales…

L’agence iranienne, cette fois, prétend que le directeur des renseignements saoudiens, le Prince Bandar Ben Sultan et l’homme à la tête du Mossad, Tamir Pardo, se seraient rencontrés à Vienne le 24 novembre, peu après la signature, par les six puissances mondiales, du premier accord intérimaire avec l’Iran, à Genève.

Les deux maîtres-espions auraient été accompagnés « d’équipes de spécialistes saoudiens et israéliens de la cyberguerre, afin de mettre au point « la production d’un malware pire que Stuxnet, afin d’espionner et détruire la structure des logiciels impliqués dans le programme nucléaire iranien », selon Fars (qui peut aussi se lire : Farce). Riyad aurait donné son accord pour assurer le financement estimé à 1 million de $.

Ce plan aurait été approuvé après l’accord de Genève, vertement critiqué comme une « trahison occidentale », par l’Arabie Saoudite, pour avoir accordé à l’Iran la reconnaissance de son droit à l’enrichissement d’uranium, tandis que le Premier Ministre israélien Binyamin Netanyahu le désignait comme « une erreur historique » et un véritable danger pour le monde.

Sans le dire clairement, cette source iranienne suggère que le Président Barack Obama, qui, en 2010, était encore prêt à cautionner une attaque de Stuxnet contre les installations nucléaires iraniennes, a, depuis, changé de façons de faire et renoncé à mener des opérations supplémentaires de cyberguerre, après avoir choisi de faire de l’Iran son allié stratégique au Moyen-Orient. Les renseignements israéliens se seraient, par conséquent, tournés vers les services saoudiens, raconte cette source iranienne.

Au cours d’une autre « révélation » du même acabit, Fars en rajoute dans le grotesque, en déclarant que Bandar se serait rendu en visite secrète en Israël, sous couvert de la visite d’Etat du Président français François Hollande, les 17 et 18 novembre, en prévision de la rencontre de Genève, concernant le programme nucléaire. La source poursuit en disant que le prince saoudien aurait, ainsi, pris part aux discussions franco-israéliennes du plus haut niveau politique, à Tel Aviv, sur les manières de stopper ou freiner les progrès du nucléaire iranien. Sous le chapeau, donc, de la France.

Les sources des renseignements de Debkafile infèrent quatre motivations à ce récit rocambolesque de l’agence de presse iranienne, tant dans le style de sa rédaction que par son timing :

1. Entraîner la tête couronnée, Abdallah, à réprimander Bandar, qui se montrerait trop zélé, dans son partenariat avec le chef des renseignements israéliens et ainsi l’embarrasser, sur le plan politique intérieur. Cela convient au cadre des luttes internes pour la succession, qui, selon nos sources dans le Golfe, battent leur plein. Une coalition de princes fait campagne pour écarter Salman en tant qu’héritier de la couronne. Pas de hasard : Bandar fait partie de cette cohorte.

En mettant sous les feux de la rampe son association avec Pardo, la publication de Fars cherche à discréditer Bandar et à jeter de l’huile sur le feu, destiné à alimenter les luttes intestines à Riyad, de façon à affaiblir la poigne de fer de l’Arabie Saoudite contre l’Iran.

2. Téhéran s’inquiète très sérieusement du contenu de ce partenariat saoudo-israélien et de la perspective de les voir agir de concert dans des opérations de guerre secrète, y compris en matière de cyberguerre (alliance de la matière grise et des moyens financiers d’aller toujours plus loin), contre ses projets nucléaires.

Rendre aussi publique que possible l’existence de ce partenariat est destiné à montrer au peuple iranien que le régime est très au fait de ces dangers potentiels ou imaginaires, bien préparé à y faire face et à les déjouer.

3. Les détracteurs de l’accord de Genève, à Téhéran même la ligne dure qui craint trop de concessions« >Article original, sont prévenus par le régime, que des menaces extérieures colossales pèsent contre le programme nucléaire national et qu’ils seraient mieux avisés de renoncer à leur opposition à cet accord avec les six puissances, parce que cela affaiblirait les défenses du pays.

4. Ces révélations intempestives de Fars ont été reprises, les yeux fermés et ostensiblement reproduites par les médias russes, ce même 2 décembre, sans perdre de temps, mais écartées par les publications occidentales -, mettant clairement en évidence l’étroite coopération entre les services de renseignements iraniens et russes : Poutine, a su, sans résistance, emporter le « bras de fer » contre l’Amérique, conduite par Obama, – parangon de faiblesse inégalée de toute l’histoire des Etats-Unis-, tant en ce qui concerne la Syrie, comme préalable, que lors de l’accord de Genève, qui confirme ce doublé.

Aucune des parties que comportent ces reportages fabriqués à Téhéran n’est confirmée par une autre source.

DEBKAfile Reportage Spécial 3 Décembre 2013, 9:31 AM (IDT)

debka.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski

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