Le projet de la Jordanie de construire sa première centrale nucléaire, avec l’aide de la Russie, suscite des craintes pour l’environnement et la sécurité, les écologistes appelant à l’abandon d’un projet jugé dangereux.Le gouvernement jordanien a annoncé le 28 octobre avoir choisi deux entreprises russes, Rusatom overseas et Atomstroyexport, pour construire et faire fonctionner cette centrale.

L’infrastructure, qui doit inclure deux réacteurs de 1.000 mégawatts et voir le jour en 2023, sera bâtie à Amra, une zone désertique au nord de la capitale, Amman.

Avec ce projet estimé à environ 10 milliards de dollars (7 milliards d’euros), la Jordanie, extrêmement dépendante sur le plan énergétique, souhaite pouvoir répondre à la demande croissante en énergie et alimenter des usines de dessalement d’eau. Le royaume, constitué à 92% de désert, est l’un des dix pays les plus secs de la planète.

Mais les écologistes jugent le projet trop risqué.

Nous avons peur de ce projet qui est dangereux pour l’ensemble du pays, pour la population, l’environnement et l’économie. Nous n’en avons pas besoin, affirme l’AFP Ali Kassay, de la Coalition jordanienne pour une Jordanie sans nucléaire.

Il existe de meilleures alternatives, moins chères et plus sûres, ajoute-t-il, en jugeant de surcroît illogique de construire une centrale nucléaire dans un pays qui a connu des séismes.

La décision de la Jordanie concernant le nucléaire est une erreur de jugement, renchérit Safaa Jayoussi, de l’organisation Greenpeace.

Nous avons vu ce qui s’est passé avec la centrale nucléaire de Fukushima au Japon. Nous ne pouvons pas nous permettre que cela se produise en Jordanie, souligne-t-il.

Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9 suivi d’un tsunami gigantesque a gravement endommagé le complexe atomique de Fukushima, le pire accident nucléaire depuis Tchernobyl en 1986.

Impact positif sur l’économie

Avant (que les autorités jordaniennes ne fassent) une telle annonce, des études détaillées de faisabilité auraient dû être menées, de même que des consultations auprès des communautés locales, estime l’environnementaliste Rauf Dabbas, opposé au projet bien qu’il travaille comme conseiller auprès du gouvernement.

Soulignant les risques en terme de sécurité, il note qu’aucune institution locale n’a d’expérience en matière de surveillance des activités nucléaires.

La Jordanie manque de fonds, de moyens et de lois pour s’assurer de la sûreté nucléaire, ont également mis en garde des organisations jordaniennes de protection de l’environnement dans un communiqué commun, en dénonçant les politiques imprudentes du gouvernement.

Mais le chef de la Commission jordanienne de l’Energie atomique, Khaled Tukan a balayé ces inquiétudes: le projet (…) sera mené en suivant les meilleures dispositions possibles afin de garantir la sécurité de la population et de l’environnement.

Nos experts reçoivent actuellement une formation dans plusieurs pays à travers le monde, a-t-il assuré à l’agence officielle Petra.

Ammman a donné en août son feu vert à la construction d’un réacteur nucléaire de recherche à l’Université de Jordanie, près d’Irbid (nord), par l’Institut coréen de recherche sur l’énergie atomique et l’entreprise Daewoo Engineering and Construction Co.

Soulignant la nécessité du projet de centrale car la Jordanie importe 97% de ses besoins énergétiques, M. Tukan a mis en avant son impact bénéfique sur l’économie: il fournira aux Jordaniens quelque 10.000 emplois et la technologie nucléaire réduira de façon significative le coût de la production électrique.

Pour autant, des parlementaires restent sceptiques, à l’image de Khalil Attieh.

Nous avons un problème énergétique majeur mais les Jordaniens, y compris les députés, ont de nombreuses inquiétudes auxquelles (le gouvernement) n’a pour le moment pas apporté de réponse, a-t-il déclaré à l’AFP.

AMMAN (AFP)

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