Le nombre de demandeurs d’emploi de plus de 50 ans a explosé pendant la crise. Et aucune mesure forte n’a été prise par François Hollande, ou est en passe d’être prise, pour inverser leur courbe du chômage.François Hollande ne rate pas une occasion pour le rappeler, tous les ministres du gouvernement Ayrault non plus: «l’inversion de la courbe du chômage des jeunes est une réalité depuis cinq mois».

Statistiquement, c’est vrai. Le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans, qu’ils soient inscrits en catégorie A (sans aucune activité) ou en A, B et C (inclus les chômeurs en activité réduite), a reculé depuis son plus haut atteint en avril dernier: -12.500 en A, à 547.700 fin septembre ; et -18.000 en A, B et C, à 792.600. C’est donc une bonne nouvelle, essentiellement liée à deux facteurs majeurs: l’utilisation à plein du traitement social du chômage (emplois d’avenir, contrats aidés, stages, formation, contrats de génération…) qui permet de basculer les chômeurs des trois premières catégories de Pôle emploi sur les deux dernières (dont on ne parle jamais) et le fait que de plus en plus de jeunes retardent leur entrée sur le marché du travail, soit en prolongeant leurs études, soit en partant à l’étranger, soit en renonçant à s’inscrire au chômage (vu qu’ils ne pourront toucher aucune indemnisation).

Pas de baisse depuis 65 mois

Mais quid des chômeurs seniors? L’inversion de la courbe du chômage pour les demandeurs d’emploi de plus de 50 ans n’est vraiment pas une réalité. Et elle n’est pas prête de le devenir. Fin septembre 2013, les inscrits dans cette classe d’âge ont encore battu des records: 721.700 en catégorie A et 1.023.200 en A, B et C.

Plus que ces deux niveaux absolus -des records historiques, faut-il le rappeler-, c’est la tendance de leur évolution qui fait froid dans le dos: + 13 % en A et + 11,8 % en A, B et C sur un an ; + 20,2 % en A et + 18,2 % en A, B et C depuis l’élection de François Hollande en mai 2012 ; et + 132 % en A et + 112,6 % en A, B et C depuis leur plus bas atteint, respectivement, en mai et mars 2008. A titre de comparaison, le nombre de jeunes inscrits à Pôle emploi a augmenté de moins de 4 % (toutes catégories confondues) depuis un an et de… 50 % depuis début 2008.

Et le taux de chômage toutes classes d’âge confondu a bondi de l’ordre de 11 % depuis l’élection de François Hollande, soit moitié moins. Dernier «détail» alarmant, la hausse des chômeurs de plus de 50 ans n’a connu aucun répit depuis… 65 mois, le «bug SFR» fin août mis à part.

Une explosion continue, donc, depuis plus de cinq ans qu’aucun plan gouvernemental n’a pu enrayer (la fin progressive des dispenses de recherche d’emploi des chômeurs de plus de 58 ans décidée fin 2008 n’a rien arrangé) et qui risque de perdurer encore.

Car force est de constater que les plus de 50 ans sont vraiment les parents pauvres de la politique de l’emploi déployée par l’exécutif socialiste, qui mise tout sur la jeunesse.

Certes, il y a les contrats de génération qui doivent, en théorie, permettre aux seniors de se maintenir dans l’emploi. Mais on connaît leur succès! Moins de 15.000 contrats (embauche de 15.000 jeunes et maintien de 15.000 seniors) ont été à jour conclus: 15.000 en un peu plus de six mois -sur un objectif de 500.000 sur l’ensemble du quinquennat-, on est donc loin du compte et surtout de pouvoir apporter un espoir aux plus de 700.000 chômeurs quinqua qui pointent aujourd’hui à Pôle emploi en catégorie A.

L’option d’un «smic vieux»

Que faudrait-il faire? Si la martingale existait, elle aurait été appliquée depuis longtemps. Et ce alors que le taux d’emploi des plus de 55 ans a fait un bond de 7,5 points depuis 2003 pour atteindre désormais 44,5 %, soit un niveau inférieur de quatre points à la moyenne dans l’UE 27 (le vrai problème du taux d’emploi des seniors ne concerne d’ailleurs pas la tranche des 55-59 ans où le taux français de 67,1 % est supérieur à la moyenne européenne, mais celui des plus de 60 ans qui, à 21,7 %, accuse un retard de plus de 11 points sur nos voisins de l’union).

Une option, qui a marché là où elle a été essayée et qui a montré quelques résultats quand elle a été approchée en France (via une exonération totale de charges à l’embauche), serait de créer une sorte de «smic vieux». Un tel dispositif permettrait aux demandeurs d’emploi de plus de 55 ans -qui n’ont aucune chance de retrouver un emploi, il faut être réaliste- de se vendre mieux sur le marché en étant tout simplement moins cher.

Cette option n’est pas politiquement correcte, il faut bien le reconnaître, ni même dans le logiciel de pensée socialiste, mais elle serait la seule qui, paradoxalement, pourrait donner un peu d’espoir aux seniors quant à leur fin de carrière.

«Gouverner c’est choisir», disait Pierre Mendès France, référence des références pour de nombreux politiques socialistes.

Il serait temps que nos gouvernants actuels de la France -François Hollande, le premier- en prennent conscience, notamment en ce qui concerne les chômeurs seniors. Pour mémoire, il y avait fin septembre 1.023.200 demandeurs d’emploi de plus de 50 ans inscrits à Pôle emploi. Plus d’un million!

28-11-2013/Marc Landré/ Le Figaro.fr Article original

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