Des avocats tunisiens ont déposé plainte pour
dénoncer « l’utilisation des mosquées à des fins politiques » suite aux prêches
d’un prédicateur radical égyptien invité en Tunisie par des associations
islamistes, a indiqué mercredi à l’AFP l’une des plaignantes. « Nous sommes en train de déposer plainte au nom d’associations de la
société civile contre ceux qui utilisent les mosquées à des fins politiques »,
a déclaré l’avocate Bochra Belhaj Hmida. « Il y a une atteinte à la
souveraineté de la Tunisie, et il n’y a pas de raison d’utiliser les mosquées
pour diffuser un discours de haine et de dissension », a-t-elle ajouté.
Le prédicateur égyptien Wajdi Ghonim, réputé pour son radicalisme, est
arrivé samedi en Tunisie à l’invitation de trois associations islamistes peu
connues, nées après la révolution.
Il a effectué une série de prêches dans des mosquées notamment à Sousse
(est), à Mehdia (200 km au sud de Tunis), et une conférence à la coupole d’El
Menzah, un grand centre sportif à Tunis, où il a été ovationné samedi par des
milliers de personnes. Selon la presse, il sera en Tunisie jusqu’à vendredi.
« La Tunisie est le premier pays qui a fait la révolution et il sera inch’
allah le premier pays qui appliquera la charia islamique », a déclaré M. Ghonim
lors d’une interview mercredi sur la radio islamique Zitouna.
« Les gens en Egypte et en Tunisie ont voté pour la religion, ils veulent
l’islam, ils veulent la religion », a-t-il martelé.
Dans un de ses prêches lundi il avait fustigé « les libéraux, les laïques et
ceux qui détestent la religion » et dénoncé « les apostats ».
Quelques responsables politiques tunisiens se sont aussi élevés contre
cette visite et ont appelé le gouvernement à prendre position. Jusqu’à
présent, seul le ministre de l’Intérieur a réagi, assurant que « quand il y a
des appels qui touchent à la liberté d’expression ou d’opinion, l’Etat prend
les mesures nécessaires ».