L’Egypte espère pouvoir intervenir en tant que médiateur dans la crise entre le Soudan et le Soudan du Sud, a déclaré dimanche le ministre égyptien des Affaires étrangères, Mohammed Kamel Amr, après de violents combats à la frontière entre les deux pays.M. Amr a rencontré le président soudanais Omar el-Béchir et lui a transmis
un message du maréchal Hussein Tantaoui, le chef du Conseil suprême des forces
armées (CSFA), qui dirige le pays depuis la chute de Hosni Moubarak en février
2011.
« Je suis venu ici pour entendre la version soudanaise de la crise, et
demain je me rendrai à Juba pour entendre celle du Soudan du Sud », a déclaré
M. Amr aux journalistes.
« Puis nous pouvons faire une proposition de médiation
pour résoudre la crise si les deux parties sont d’accord », a-t-il ajouté.
Il n’a pas précisé le contenu du message de M. Tantaoui.
De 1899 à l’indépendance du pays en 1956, l’Egypte et le Royaume-Uni ont
conjointement administré le Soudan, dont le Soudan du Sud a fait sécession en
juillet 2011 à la suite d’une guerre civile dévastatrice (1983-2005, 2
millions de morts).
Selon l’agence officielle soudanaise Suna, M. Béchir a accueilli
positivement la démarche égyptienne, tout en rappelant qu’il refusait toute
négociation tant que l’armée sud-soudanaise ne se serait pas retirée de la
région frontalière et pétrolière de Heglig, qu’elle a conquise mardi.
Depuis mercredi, les organisations internationales et les puissances
mondiales ont appelé les deux pays à la retenue, mais les présidents des deux
pays se sont mutuellement accusés de chercher la guerre.
Khartoum a lancé vendredi une contre-offensive pour tenter de reprendre
cette zone qui renferme ses principales réserves de pétrole brut, et Juba a
dénoncé des bombardements aériens meurtriers de l’aviation soudanaise en
territoire sud-soudanais.
Les deux pays n’ont fourni aucun bilan de ces combats, mais un photographe
de l’AFP a pu voir une centaine de soldats soudanais blessés lors des premiers
jours et soignés à Khartoum, tandis qu’un soldat sud-soudanais a évoqué un
très grand nombre de morts sur la ligne de front.
KHARTOUM, 15 avr 2012 (AFP)