Un nouveau documentaire ouvre sur un monde hermétiquement clos.

Filmé durant quatre ans au cœur d’un petit séminaire Chabad canadien francophone, “Shekinah” offre un aperçu sans précédent de la vie des femmes hassidiques.


Une étudiante du séminaire BMC sur la tombe du Rebbe.

Qu’il s’agisse d’images photographiques ou de films, nous voyons presque toujours les Juifs Hassidiques en milieu urbain. Nous les voyons au milieu des rues populeuses de Brooklyn, ou déambulant dans les allées étroites de leurs quartiers peuplés de Jérusalem. Cependant, un nouveau documentaire long métrage portant sur les femmes et les jeunes filles hassidiques surprend, alors qu’il est tourné dans l’environnement bucolique de Ste. Agathe, au Québec, une ville balnéaire au nord de Montréal.


Ste Agathe.

Bien que “ Shekinah : La vie Intime des Femmes Hassidiques Article original” porte sur les femmes dans le Judaïsme Hassidique, il parle aussi du rôle joué par un groupe particulier de jeunes adolescentes, dans ce séminaire Chabad de cette ville canadienne francophone. Tous les habitants de Ste Agathe ne sont pas ravis de la présence de ces jeunes filles, comme peut en témoigner l’histoire des incidents antisémites Article original dans cette localité pittoresque. Le film fait aussi la chronique des tentatives des Hassidim pour contrer ces actes de haine, par une sensibilisation auprès de la population locale.

Les producteurs du film n’auraient pu être plus heureux du calendrier de sa première, cette semaine, à Montréal, autant qu’au festival du film de Crown Heights de Brooklyn. Bien qu’ils n’aient pas envisagé de faire une déclaration politique par ce documentaire, ils sont satisfaits qu’il soit produit dans les cinémas et théâtres, à une période où existe un fort soutien, parmi l’électorat québécois, pour une proposition de “ Charte des Valeurs Article original,” qui interdirait le port de symboles religieux ostensibles dans l’espace public.

« Ce que nous essayons de faire, à travers ce film, c’est d’ouvrir une porte sur un monde qui est resté clos », a déclaré le directeur Abbey Neidik, basé à Montréal. « Il y a beaucoup d’hostilité contre les Hassidim au Québec, et ce film laisse entrevoir aux gens de quelle façon les Hassidim eux-mêmes perçoivent le monde ».

“Il y a de la place pour toutes les façons d’être. Nous devons, non seulement, tolérer la diversité, mais l’adopter pleinement », affirme la productrice Irène Angélico, qui est aussi l’épouse de Neidik. « Même les Juifs ont un million de perceptions erronées à propos des Hassidim », ajoute t-elle.


La Rebbetzin Chana Carlebach enseignant au séminaire BMC (photo credit: Courtesy of DLI Productions)

Film durant plus de quatre ans, “Shekinah” donne aux divers auditoires un aperçu significatif sur la manière de vivre des Hassidim, en général. En particulier, il met en lumière la façon dont les femmes Hassidim (au moins celles de Chabad) comprennent leur sexualité et leur rôle dans le mariage, leur famille et leur communauté.

Les réalisateurs du film n’ont réussi à faire entrer dans ce monde un auditoire de cinéphiles, que parce que la Rebbetzin Chana Carlebach, directrice du Séminaire d’Enseignement Bais Moshe Chaim Article original, souhaitait vivement offrir à Neidik un accès sans précédent à cette école et à ses étudiants. Carlebach a fondé ce séminaire, qui délivre un diplôme du collège de la communauté à la fin de son programme de deux ans, en 2000, en mémoire de son fils (le huitième de e 13 enfants), mort à l’âge de 3 mois.

30 étudiants sont inscrits dans cette école, qui viennent essentiellement de France, mais aussi de Montréal, des USA, d’Australie, de Belgique et d’Israël.

Quand on lui demande pourquoi elle a autorisé les membres de l’équipe, y compris des hommes, à suivre ces jeunes femmes dans leurs salles de classe, dans leurs dortoirs, un peu partout en ville, et aussi lors d’excursions à Montréal et New York, Carlebach répond que c’est parce que c’est ce qu’aurait voulu le Rebbe Loubavitch Menachem Mendel Schneerson.

“Le Rebbe insistait toujours sur le fait que notre but reste la sensibilisation. La Torah diffuse un message personnel à chacun, Juifs et non-Juifs. Nous avons tous besoin les uns des autres pour faire en sorte que le monde devienne meilleur », offre t-elle en guise de réponse.

Carlebach considère ce film comme un service rendu au monde. « Chacun cherche un sens, et il n’y a pas de meilleur endroit où le chercher que dans la Torah. Cela fait partie de l’être ou lagoyim une lumière parmi les Nations »>Article original ».

La productrice exécutive, Monika (Mushka) Lightstone Article original, qui a eu l’idée originale de réaliser « Shekinah », et très reconnaissante pour la coopération de Carlebach. La réalisatrice et ba’alat teshuvah (retournée récemment à sa religion), ainsi que le cinéaste ont essuyé les refus des autres directeurs de séminaires. « J’ai demandé l’autorisation à plusieurs écoles, avant BMC et je ne l’ai jamais obtenue », dit-elle.


Le directeur du film, Abbey Neidik sur le terrain. (photo credit: Courtesy of DLI Productions)

Lightstone, une montréalaise partie vivre à Los Angeles, a été touchée par l’idée de faire ce film, après avoir lu dans un journal, en 2008, quelques lignes parlant d’une ancienne étudiante de BMC, Hana Sellem, qui a célébré son mariage dans un parc public Article original de Ste Agathe en y invitant la ville toute entière à le célébrer avec elle et la communauté juive ( Ce mariage se déroulait à la suite de plusieurs incident antisémites locaux, mais Carlebach insiste sur le fait que l’invitation des résidents de la ville est intervenue avant, et qu’ils en étaient, sans doute, la conséquence). Le geste de Sellem, qui a ensuite été désignée parmi les femmes de l’année du magazine Elle Québec, en 2008 Article original a allumé l’étincelle dans l’esprit de Lightstone, qu’il fallait raconter le récit cinématographique du « pouvoir de la féminité juive hassidique »>Article original et de la shekhinah divine la manifestation féminine de D.ieu »>Article original ».

“Ces filles sont pleines de vie. Elles sont franches et intelligentes. Elles ne sont pas du tout inhibées », affirme t-elle.

Niedik s’est embarqué dans l’aventure après être venu, une première fois à Ste Agathe, pour filmer une scène au BMC où la fille de Lightstone faisait une apparition. Lorsqu’il est allé en coulisse pour rencontrer les jeunes filles, il a été fort surpris par leur attitude ouverte, décomplexée.

“Je leur ai demandé si elles ne se sentaient pas un peu rétrogrades à notre époque du féminisme, et j’ai vraiment été surpris, lorsqu’elles m’ont répondu qu’elles ne se percevaient pas du tout de cette façon, bien au contraire », se souvient-il.


L’étudiante de vingt ans, au BMC, Chaya Mushka Stern dit chercher à se marier bientôt et vouloir beaucoup d’enfants (photo credit: Courtesy of DLI Productions)

Le réalisateur avait découvert le film spirituel qu’il avait toujours voulu faire, où il aurait l’occasion de dissiper les stéréotypes – y compris les siens- concernant les femmes hassidiques. Il savait que le défi le plus grand auquel il était confronté, excepté d’assurer un financement, consistait à savoir comment tourner un film sur la vie intime des femmes, alors que ses sujets étaient des adolescentes qui n’avaient jamais même effleuré un garçon.

“Shekinah” ne surmonte pas totalement cet obstacle, mais stimule néanmoins l’esprit du spectateur. Quiconque ne cherchant, dans ce film, qu’un discours de pensée unique bien dans la ligne de l’ultra-orthodoxie sera déçu. Le film est débordant d’attitudes de personnages de la vie réelle, sans qu’aucun n’en devienne, pour autant, un protagoniste totalement achevé. On reste avec l’envie d’en savoir plus sur Carlebach et quelques-unes des femmes et jeunes filles charismatiques, comme la surveillante d’internat Hannah, venue de France et l’étudiante britannique Chaya Mushka.

Le réalisateur reconnaît, voire revendique ce manque de récit structuré de façon traditionnelle et ne cherche pas à s’en excuser.

“Tous les documentaires ne sont pas des récits construits”, dit-il. « Les documentaires sont comme le Jazz –ils peuvent prendre tant de formes différentes ». Il laisse « Shekinah » se déployer et prend forme comme s’il filmait par à-coups. Son objectif était juste de montrer aux gens ce que ressentent les jeunes filles hassidiques, comment elles perçoivent la vie et les rôles qu’elles y occupent. Ce en quoi elles croient vraiment, et non qu’elles répètent les choses apprises par cœur ».

Pour Neidik, personnellement, la révélation la plus importante a été la façon dont les Juifs Hassidiques relient leur vie intime à la sainteté, et à quel point la séparation des sexes est destinée à créer une vie sexuelle dynamique.


L’affiche du film ‘Shekinah,’ don’t la première aura lieu ce week-end à Montreal et Brooklyn. (photo credit: Courtesy of DLI Productions)

De façon critique, le film nous entraîne vers le cas de Bracha Feldman, qui apparaît comme un contrepoint à toutes les déclarations pro-Hassidiques qui traversent ce film. Au moment du tournage, B. Feldman, une travailleuse sociale qui a grandi dans le milieu hassidique, avait 25 ans, mais elle ne se sentait pas prête pour le mariage. On la voit rencontrer le Rabbin Yisroel Bernath Article original (“Le Rabbin “Hippie” de Montréal) qui souhaite provoquer une mise en relation pour elle, ainsi qu’avec son ami marié depuis peu, alors qu’elle parle de la vie sexuelle dans laquelle elle s’est récemment lancée.

“J’apparais comme bien plus rebelle que je ne le suis en réalité », affirme Feldman, plusieurs années plus tard. Mais elle est toujours non-mariée et, bien qu’elle ait des affinités avec le Chabad, elle s’identifie plus étroitement avec le Mouvement de Renouveau Juif, à ce tournant de son existence.

Malgré ses sentiments personnels envers Chabad, Feldman a trouvé le film « magnifique d’authenticité ». Elle tresse des louanges au réalisateur, en disant : « Il explore vraiment la spiritualité propre à la féminité dans le Judaïsme ».

Même les spectateurs qui n’accrochent pas à certaines déclarations du film, comme, par exemple, « Le Hassidisme est essentiellement un mouvement féministe », apprécieront l’intention du réalisateur de faire en sorte que l’assistance reparte dotée d’une compréhension de ce qui fait battre le cœur du Hassidisme.

“Pour eux, tout est un reflet de D.ieu”, conclut Neidik.

timesofisrael.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski.

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michel boissonneault

je suis agent de sécurité et souvent j’ai travaillé avec les hassidiques , c’est vrai qu’ils sont brillants car
les enfants lisent plusieurs heures par jour mais surtout les hassidiques ont un sens de l’humour pince
sans rire a la britannique et c’est vrai concernant HANA SELLEM qu’elle avait inviter toute la communauté
de la ville , chrétienne et juive , elle est génial mais ce reportage dit aussi une vérité concernant la violence
des citoyens locaux Mme Sellem avait invité tout le monde car un jeune hassidique de 17 ans avait été
tabassé par 3 voyoux et au lieux de s’isolé , elle a montrer la beauté de sa communauté
le plus grand reproche que les québecois font aux hassidiques est que la quasi-majorité d’entre eux ne
parle pas francais , Yiddish et Anglais…. les québecois dans leur peur d’être éffacé dans la mer Anglophone
de l’amérique du nord perçoivent mal l’attitude fermer des hassidiques mais dans leur réalité historique
ce sont les francophones qui par le passé avait refuser toute forme de rapprochement en leur donnant pas
accès aux écoles et au hopitaux , les québecois ont un complexe d’infériorité mais surtout d’avoir peur que
les gens ne les aiment pas

marman68

Pourquoi ce genre de films est-il toujours en Anglais et sans sous titres ??? Est ce fait exprès pour que l’on ne comprennent pas ???