Damas et Hezbollah redoublent de menaces contre Israël et la France, en l’absence de coordination américaine sur la Syrie. Quoi qu’il en soit des allégations non-confirmées de responsables politiques à Jérusalem, le Président américain Barack Obama n’a pas prévenu le Premier Ministre Binyamin Netanyahou de sa décision, Samedi 31 août, de faire avorter la frappe, conçue comme imminente, contre la Syrie et de renvoyer la décision au Congrès. C’est ce que révèlent les sources des renseignements de Debkafile à Washington. Pas plus que le Président n’a apporté d’assurances disant que la Syrie n’est pas l’Iran et que les Etats-Unis s’en tiendraient à leurs engagements d’empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire.

Même les chefs militaires américains ont été surpris, Obama a pris cette décision seul, sans même en référer à ses principaux conseillers.

Lundi 2 septembre, à la suite de ces assertions, caressant l’opinion dans le sens du poil, les cercles du commandement de Tsahal se sont inquiétés de l’humeur irréaliste dans laquelle baigne le pays, à la veille des festivités du Nouvel An, qui laisse croire que les Etats-Unis et Israël sont pleinement coordonnés concernant la Syrie et le Hezbollah, et que le risque que la Syrie répète ses attaques chimiques – mais, cette fois, contre Israël- peut être minimisé.

Les officiers contactés ont expliqué que la coopération étroite qui précédait, entre les chefs militaires israéliens et américains, ne correspondait plus à un facteur opérant.

“On doit bien comprendre”, a déclaré une source de haut-rang, “ que le brusque coup de frein, mis samedi soir, à toute frappe américaine sur la Syrie, qui semblait prête au déclenchement, est un véritable tournant, dans la conception des relations militaires israélo-américaines et un changement des règles du jeu au Moyen-Orient en général ».

Le coup de théâtre du Président Obama, au moment précis où quatre armées régionales, en Israël, Jordanie, Arabie Saoudite et Turquie, étaient toutes à leur pic de tension maximale, juste avant que l’attaque ne débute, laissera des traces durables dans la région, pour les années à venir. Le doigt était sur le point d’appuyer sur la gâchette, quand on l’a retiré d’un coup sec ».

Des sources israéliennes bien informées ont trouvé confirmation de leurs inquiétudes, dans le contenu d’un article, publié dans le Conseil Atlantique, le 1er septembre, par Fred Hof, un observateur attentif de la personnalité de Bachar al Assad et l’un des concepteurs de la politique américaine en Syrie.

Il écrit : “Les évènements des dix derniers jours suggèrent que l’Administration n’avait strictement rien prévu, en cas d’incident chimique majeur en Syrie, il n’y avait aucun plan sur pied pour répliquer à une attaque chimique de grande ampleur, de la part du régime ».

Ce point de vue fait écho à ceux des deux Sénateurs républicains John Mc Caïn et Lindsey Graham, après leur rencontre avec le Président, lundi. Ils n’ont vu aucun plan d’action cohérent qui tienne contre Assad, autre qu’une frappe de protestation d’une poignée de missiles lâchés à la sauvette.

Ces sources israéliennes ont trouvé ces impressions particulièrement inquiétantes, survenant, comme elles l’ont fait après deux ans durant lesquels les Etats-Unis, Israël et la Jordanie ont travaillé étroitement à se préparer à l’éventualité d’une attaque à grande échelle, de la part du régime Assad.

Durant ce temps, Washington a tenté de persuader Israël d’ignorer 14 attaques au gaz de plus faible amplitude, durant l’année passée et de censurer cette information. Mais après l’attaque massive du 21 août contre les faubourgs à l’Est de Damas, et la mort de 1429 Syriens, Israël considère qu’il est grand temps de cesser de regarder ailleurs et de faire comme si cette menace n’existait pas, contre sa propre sécurité nationale, à une centaine de kms de là – particulièrement depuis que l’Administration Obama a tourné le dos aux plans d’urgence conjointement préparés en prévision d’un évènement de ce genre. Lundi 2 septembre, un responsable du gouvernement français a cité un rapport des renseignements démontrant qu’il y avait bien eu « un usage massif d’agents chimiques », durant l’attaque du 21 août, tiré des zones contrôlées par le gouvernement « à un niveau de sophistication que seul le régime peut détenir ».

Les sources israéliennes de Debkafile ajoutent que, depuis qu’Obama a bloqué l’attaque contre la Syrie, samedi, les menaces provenant de Syrie et du Hezbollah n’ont fait que s’accélérer. Elles se focalisent sur les semaines nécessaires aux délibérations du Congrès, en vue d’une action américaine. Le Premier Ministre Netanyahu avait ces menaces bien à l’esprit, lorsqu’il a formulé ses vœux pour le Nouvel An au pays : « Si quiconque envisage de s’en prendre à nous durant les festivités, il doit savoir ce qui l’attend », a-t-il prévenu.

Le chef d’Etat-Major, le Lieutenant-Général Benny Gantz a tenu à souligner, au cours de son message de vœux qu’on peut compter sur les forces armées d’Israël pour préserver la nation contre tout danger.

Ces mises en garde frappent l’esprit par une tonalité bien différente des assurances anodines d’étroite collaboration avec Washington contre tout péril syrien, qui provenaient, pourtant, de son bureau, un peu plus tôt. Elles sonnent plus comme si le Premier Ministre avait de bonnes raisons de penser qu’Israël et Tsahal devraient très bientôt être appelés à parer à un danger approchant à grands pas.

Israël n’est pas seul à faire l’objet des menaces syriennes. Dans une interview publiée lundi par le journal français Le Figaro Article original, Bachar al Assad a mis la France en garde contre le fait qu’elle sera considérée comme « une ennemie de la Syrie », si elle prend part à l‘intervention militaire. « Une action militaire étrangère pourrait bien déclencher un conflit régional plus vaste », a déclaré le dictateur syrien. « Tout le monde perdra le contrôle de la situation, quand le baril de poudre explosera. Le chaos et l’extrémisme se propageront ».

Le Hezbollah, pour sa part, a menacé de lancer des attaques contre Israël depuis le Golan, en Syrie Article original, plutôt que depuis le Liban, où la plupart des hommes en âge de combattre Article original ont cherché, ces cinq derniers jours, à passer « sous les radars ». Il n’a pas encore été explicitement fait mention u sort réservé aux forces de la FINUL, censées faire appliquer la « résolution 1701 ».

Voir : En cas de frappes, Assad menace «les intérêts de la France» Article original

DEBKAfile Reportage Spécial 2 septembre 2013, 11:00 PM (IDT)

debka.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski

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Sur le pied de guerre, l’Etat hébreu se demande comment gérer l’attente avant une éventuelle frappe américaine contre la Syrie. De notre correspondant.

Son paquetage est prêt : du linge de rechange, deux uniformes propres, ses rangers et un chargeur pour le smartphone. S’il est appelé, Haïm Halévy, un habitant de Haïfa âgé de 32 ans, n’aura que quelques heures pour rejoindre son régiment d’artillerie stationné sur le plateau du Golan.

Le coup de fil fatidique arrivera peut-être aujourd’hui, demain, dans une semaine, voire jamais. Depuis l’annonce, samedi, par Barack Obama de sa décision d’obtenir l’aval du Congrès pour des frappes américaines contre la Syrie, ce réserviste de Tsahal, expert comptable dans le civil, ne sait plus trop quoi penser.

« Le plus pénible, c’est cet entre-deux, ne pas savoir à quelle sauce tu vas être mangé », explique Haïm Halévy, habitué à être mobilisé à chaque fois que la frontière nord d’Israël est placeé en état d’alerte. Autant dire que pour lui, comme pour le reste des Israéliens, les jours à venir et les fêtes juives de Rosh Hashana, qui débutent mercredi soir, risquent fort d’être placés sous le signe de l’attente.

Depuis le début de la polémique sur l’utilisation des armes chimiques par les troupes de Bachar al-Assad et les atermoiements de la communauté internationale sur l’opportunité d’une riposte, Israël s’inquiète de se retrouver entraîné dans le conflit. Il est vrai que Damas, l’Iran et le Hezbollah multiplient les déclarations pour annoncer qu’en cas de frappes américaines, c’est Tel Aviv qui sera « rayée de la carte » par une pluie de missiles.

« En cas de danger, Israël ne pourra compter que sur lui-même »

Face à ces menaces, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou continue d’afficher une sérénité de façade. « Israël est pacifique et confiant en lui-même. Nos concitoyens savent que nous sommes préparés pour n’importe quel scénario. Nos ennemis ont de bonnes raisons de ne pas nous tester. Et eux aussi savent pourquoi », a-t-il ainsi déclaré, sibyllin, dimanche matin, pour sa première réaction publique après le délai annoncé par la Maison Blanche.

Une décision américaine perçue comme une reculade par l’opinion publique israélienne toujours suspicieuse vis-à-vis de Barack Obama. « Les Américains, qui ne cessent de nous expliquer qu’il faut les laisser régler la menace iranienne, viennent de se tirer une balle dans le pied », confie un haut responsable du ministère des Affaires étrangères. « Ce qui est en train de se passer nous montre que qu’en cas de danger, Israël ne pourra compter que sur lui-même. »

L’ambiance de business as usual que tentent d’insuffler les autorités israéliennes n’empêche cependant pas que Tsahal soit toujours placé en état d’alerte maximum et que les réservistes déjà mobilisés n’ont toujours pas été renvoyés chez eux. Et pour ceux qui en douteraient, le déploiement de batteries de missiles anti-missiles Iron Dome en bordure des grandes agglomérations rappelle que la menace d’embrasement de la région est prise très au sérieux par Jérusalem.

Samedi, l’installation de l’une de ces batteries dans un parc de Ramat Gan, la grande ville qui jouxte Tel Aviv, était d’ailleurs l’attraction du jour, attirant des dizaines de badauds venus observer l’engin censé les protéger contre d’éventuels missiles. De quoi tromper l’ennui des jeunes soldats de garde, assommés de chaleur, qui se sont retrouvés noyés sous les jus de fruits, gâteaux et même sushis apportés par des voisins compatissants.

Etat déplorable d’une partie des abris anti-bombes

Entré en service avec un certain succès lors de l’opération Colonne de fumée contre Gaza en novembre dernier, le système Iron Dome est devenu un élément indispensable de la stratégie israélienne : certain de sa supériorité militaire, l’Etat hébreu n’ignore pas que la protection des habitants des grands centres urbains, désormais systématiquement visée dans les périodes de conflit, est son talon d’Achille.

Pour s’en convaincre, il n’y avait qu’à observer la foule qui se pressait encore dimanche matin devant ce centre de distribution de masques à gaz de Ramat Aviv, un quartier cossu du nord de Tel Aviv. Si l’ambiance n’était plus à la cohue des derniers jours, il fallait tout de même encore attendre plusieurs heures pour obtenir le précieux équipement. Echaudées par la vulnérabilité de l’arrière durant le seconde guerre du Liban de l’été 2007, les autorités israéliennes avaient juré qu’on ne les y reprendraient plus. Selon les chiffres officiels, 60% de la population, et jusqu’à 85% dans le centre du pays, est désormais équipé d’un kit de protection contre les attaques chimiques. Ce qui n’a pas empêché les téléspectateurs israéliens – atterrés – de découvrir la désorganisation des procédures de distribution des masques à gaz et l’état déplorable d’une partie des abris anti-bombes.

Malgré la polémique, le gouvernement et l’armée continuent de refuser de mettre en place des moyens supplémentaires. Inutile disent-ils, de créer un sentiment de panique alors que les chances qu’Assad s’en prenne à Israël sont jugées « minimes ». Ce qui ne les empêche pas de se préparer au pire.

Hadrien Gosset-Bernheim – Le Nouvel Observateur

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