On me reproche parfois de n’apporter que des mauvaises nouvelles. Ceux qui émettent cette critique omettent de considérer que je ne crée pas l’information – beaucoup de collègues s’en chargent – mais que mon travail consiste uniquement à la mettre en perspective.

Or pour changer, ce vendredi, j’ai une excellente nouvelle à analyser pour vous : la phase de mise au point du système de défense Dôme de fer (Kipat Barzel) est terminée, et elle s’est achevée sur des succès retentissants. Des succès qui augurent d’une refonte fondamentale et positive des théâtres de conflits, notamment de ceux qui menacent Israël.

Dôme de fer est un système unique au monde, capable d’intercepter simultanément des projectiles d’une portée allant de quelques centaines de mètres à une centaine de kilomètres.
Cela va des mortiers, des Qassam, que tirent les miliciens islamistes de Gaza, des Katiouchas (jusqu’à 122mm), aux missiles iraniens Fajer – dont dispose le Hezbollah et qui ont fait leur apparition dans l’arsenal du Hamas à Gaza -, et jusqu’aux obus d’artillerie.

Pour donner une idée de la complexité de l’opération, mentionnons simplement qu’un obus de canon de 155mm (du très gros), possède une vitesse initiale de l’ordre de six cents mètres à la seconde.
La possibilité de détruire en vol, en mode opérationnel, ce genre d’objets, est passée cette
semaine de la science-fiction à la réalité. Ce , grâce aux ingénieurs de l’institut national israélien de développement de moyens de combat Rafael.

En deux ans et demi seulement, à la faveur également du ministère de la Défense, sous la houlette d’Ehoud Barak, et, particulièrement, du directeur général sortant, Pinkhas Buchris, qui ont poussé ce projet à fond, cette arme-bouclier est passée du stade de prototype à
celui de système aux capacités avérées.

A tel point que Tsahal a formé, dès le mois d’août dernier, un bataillon de servants de Kipat Barzel, faisant partie de l’armée de l’air. Dans six semaines,
cette nouvelle unité touchera sa première batterie prête à servir, qu’elle déploiera sur le pourtour de Gaza en mai.

Lors des essais conclusifs de la phase de développement, ces jours derniers, les missiles Tamir du Dôme de fer ont abattu, les uns après les autres et simultanément, tous les Qassam, les Grad (Katiouchas) et les obus de mortier qu’on leur jetait en pâture.

La démonstration est très impressionnante : en raison du fait que les projectiles sont pratiquement tirés à la verticale de la position d’interception, la vitesse
d’envol des Tamir est hallucinante. Mais plus encore, leur faculté de changer plusieurs fois de
directions sur quelques mètres, à la manière d’un jeune saumon effrayé, avant de se ruer sur l’agresseur et de le réduire en cendres.

Ca laisse sans voix, même les observateurs qui en ont vu d’autres. Une batterie du Dôme est composée de trois éléments : un module de détection et de poursuite, développé par la société Elta. Le module de contrôle, appelé BMC, pour Battle Management & Weapon Control (gestion de l’interception et contrôle de l’arme). Et enfin, le module de tir, qui lance les missiles intercepteurs Tamir (de l’hébreu « Puissant »), équipés de senseurs électro-optiques et de plusieurs nageoires, qui lui donnent l’agilité que je vous ai décrite quelques lignes plus haut.

Pour les lecteurs qui désirent en savoir plus sur le plan technique, je suggère le lien vers le catalogue du système, édité par Raphael. Pourquoi questionner ses saints, alors que l’on peut consulter Jésus en personne ?

Une unité de la Kipat Barzel suffit à protéger une ville de moyenne dimension de la taille de Sdérot, par exemple. Il faudra une vingtaine de batteries de ce genre pour sécuriser le pourtour de Gaza, au Sud, et la frontière avec le Liban, au Nord. A neuf millions et demi
d’euros pièce, ces boucliers ne présentent pas un coût d’achat prohibitif.

D’autant que le Dôme de fer est le vecteur d’une révolution stratégique majeure ; jusqu’à
maintenant, il suffisait à des organisations terroristes de confectionner des Qassam dans leurs salles de bains, ou d’acheter, pour quelques centaines de dollars, des Katiouchas, pour rendre la vie impossible à des communautés paisibles et provoquer des guerres.

C’est – ou c’était – la rusticité et le bas coût de ces armes qui les rendait redoutables pour les
civils, la high-tech, jusqu’à maintenant, se montrant incapable de se mesurer à ces projectiles datant de l’âge préhistorique ( la première Katioucha est entrée au service de l’Union Soviétique en 1928 !).

L’introduction du Dôme marque la fin de la dictature des vandales et de leur sous-technologie. D’une panoplie de roquettes, dont l’effet stratégique sur le champ de bataille résidait en cela qu’elles n’avaient strictement aucune utilité tactique : on ne peut pas gagner de guerre avec ces armes, on ne peut pas conquérir des positions ennemies, ni détruire son infrastructure
militaire.

En revanche, pour peu que l’on prenne pour cible des concentrations suffisamment importantes de civils, avec un brin de « chance », on pouvait espérer assassiner une femme, un vieillard ou un enfant, pour la gloire d’Allah, et détruire une partie de son école ou de leurs maisons.

Nul doute que la Kipat Barzel , contre ce type d’activités, constitue l’arme antiterroriste par
excellence. Mais gare à l’euphorie ! D’abord, parce qu’aucun bouclier, jusqu’à preuve du contraire, n’est impénétrable à cent pourcent. Il faudra donc encore construire des abris de béton et espérer ne pas se trouver au mauvais moment et au mauvais endroit. La révolution,
c’est la réduction considérable de ces occurrences néfastes.

Et puis, la nouvelle des résultats de la Kipa a visiblement excité les miliciens de Gaza, puisqu’ils
viennent, pas plus tard qu’hier, de tirer une dizaine de mortiers en direction de nos maisons, ainsi qu’un Grad, qui est tombé dans un terrain vague de la banlieue d’Ashkelon. Cela faisait fort longtemps qu’ils n’avaient plus osé. Ils ont été punis en conséquence.

Et aussi, tout objet technologie nouveau met un certain temps à s’adapter à l’environnement pour lequel il a été conçu. A ce titre, il ne fait aucun doute que le Dôme, à l’épreuve de la réalité, subira une multitude d’améliorations et que des dizaines de versions, et même de nouvelles armes, seront développées dans son sillage.

Reste qu’au vu des performances du nouveau système, on peut, sans rêver, imaginer que, dans quelques mois, les dizaines de milliers de roquettes stockées au Liban et à Gaza ne serviront (presque) plus à rien.
Au point que, rapidement, le jeu ne vaudra plus la chandelle pour les centrales terroristes de tous poils, d’exposer la vie de leurs miliciens pour des résultats négligeables. C’est précisément là que se situe la révolution stratégique. Et, vous l’imaginez aisément, on se presse déjà au guichet de vente de Raphael. A commencer par les Américains, qui veulent des Dômes pour protéger leurs bases en Irak et en Afghanistan.

Seul problème majeur qui reste à gérer : le prix des missiles Tamir. A ce stade initial de l’évolution du système, chaque unité est vendue autour de vingt-trois mille euros.
Cher pour abattre des roquettes qui se paient trois cents dollars aux soldes !
Quelqu’un pensait-il réellement que la vie humaine n’avait pas de prix ? Grosse matière à
réflexion philosophique dans le genre « Le prix de la guerre contre les Barbares » !
Chez Raphael on est certain que le prix des Tamir va chuter considérablement en corrélation
avec les nombre des commandes. C’est la loi de la production industrielle. Dans moins longtemps que vous ne l’imaginez, on songera à sous-traiter la fabrication des Tamir en Inde ou ailleurs.

Autre argument du vendeur, d’ordre technologique, cette fois : la sophistication de l’intelligence
artificielle de Dôme de fer est telle, qu’il ne lance pas de missiles contre les roquettes se dirigeant vers des zones inhabitées ! Il les économise. L’argument a été vérifié de manière concluante lors des derniers essais : ça marche.

Sûr qu’un système d’interception au faisceau laser – de 700 à 1500 euros le coup de rayon – aurait été plus avantageux. Mais on y a travaillé avec les Américains entre 1990 et 2005, sans parvenir à dépasser toutes les difficultés technologiques. Le projet s’appelait Nautilus
voir un article de Jean Tsadik de 2004, 1ère et 2ème partie »>Article original.

Une grande firme US a poursuivi le programme Nautilus seule, Northrop Grumman, qu’elle a rebaptisé « Skyguard » (le Gardien du Ciel). Mais le Dôme de fer possède l’avantage considérable d’avoir été démontré avec succès et d’être opérationnel.

Cela ne signifiant pas, qu’à l’avenir, il sera impossible de remplacer les Tamir par un faisceau
laser, une fois les bugs surmontés. D’ailleurs, nombre de composants du Dôme proviennent du projet Nautilus ; ça ne serait qu’un prêté pour un rendu.

Avec l’introduction de Kipat Barzel, l’Etat hébreu franchit un pas important dans la réalisation
qu’il a entreprise de son « bouclier absolu ». Un bouclier divisé en trois tranches d’éther : la couche supérieure – missiles balistiques, missiles à longue portée – est l’affaire du Khetz et de son système Pin vert, déjà opérationnels et déployés.

Ne restera plus que la partie intermédiaire de l’horizon, dont la défense est confiée au projet
« Baguette magique », qui devrait atteindre le niveau de maturation du Dôme en 2012.
Très caricaturalement, les trois systèmes fonctionnent sur des principes et moult composants similaires. Mais à mon sens, et de l’avis de Jean Tsadik également, le Dôme posait le plus grand défi technologique. A cause du temps de réponse presque nul à disposition : une
poignée de secondes pour s’apercevoir que l’ennemi a tiré une roquette, une autre pour se figurer sa direction, une troisième pour calculer un point d’interception, et une ultime, pour y faire exploser un missile.

Inutile de préciser, je crois, que ces développements procurent une maîtrise technologique inestimable aux ingénieurs israéliens, à l’industrie de l’armement, et à l’industrie high-tech.
Et procure l’inégalable satisfaction à l’establishment de la Défense, de penser que, dans pas
longtemps, à Rafah, les islamistes vont réaliser qu’ils ont creusé des milliers de tunnels pour rien.

Par Stéphane Juffa © Metula News Agency

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