Le chef historique du parti néonazi Aube dorée, Nikos Michaloliakos, qui a été arrêté samedi, est un ancien disciple des dictateurs militaires grecs des années 1960 qui tient les rênes du mouvement sans discontinuer depuis sa création en 1980.

Nikos Michaloliakos, le chef d’Aube dorée (Chryssi Avghi), et trois autres députés du parti, ont été arrêtés samedi, dix jours après l’assassinat par un membre d’Aube dorée d’un musicien antifasciste, dans une banlieue proche d’Athènes, un acte qui a choqué la Grèce.

« Führer » grec

Affublé par la presse du sobriquet de « Führer » grec, c’est en prison, au contact de l’ancien colonel dictateur Georges Papadopoulos, qu’a été formé et influencé cet homme tout en rondeur et à la voix fluette, mathématicien de formation, âgé aujourd’hui de 56 ans.

Il a purgé deux peines de prison en 1976 et 1978, pour des actes de violence, des condamnations qui lui ont valu d’être radié de l’armée, où il suivait une formation de lieutenant.

Désigné au temps de la dictature par Georges Papadopoulos pour diriger la section de jeunesse du parti d’extrême droite EPEN, Nikos Michaloliakos a fondé Aube dorée en 1980, et n’en a pas quitté la direction depuis.

Hitler, « visionnaire de la nouvelle Europe »

Pendant des années, le parti a glorifié Adolf Hitler, qualifié de « visionnaire de la nouvelle Europe », selon un texte du mouvement déniché en mai par un député de gauche.

A cette époque, Aube dorée s’inscrit également dans la lignée du dictateur fascisant d’avant-guerre Ioannis Metaxas, avec une série de repoussoirs, en particulier le voisin et plusieurs fois ennemi turc.

Au fil des ans, Nikos Michaloliakos adapte la rhétorique du parti, et se concentre sur un double combat: contre l’immigration et la protection de prétendus « grecs de souche », et ces dernières années contre l’austérité exigée de la Grèce par ses créanciers internationaux pour assurer sa survie financière.

Mais jusqu’à la déflagration de la crise grecque, Aube dorée n’était qu’un groupuscule semi-clandestin qui avait obtenu un score inférieur à 1% lors des élections de 2009, échouant à rentrer au Parlement.

Nikos Michaloliakos | AFP

Crise, chômage et discrédit de la classe politique traditionnelle

Aube dorée a commencé son ascension fulgurante quand la formation concurrente d’extrême droite Laos s’est ralliée en 2011 à la politique d’austérité, lui laissant le champ libre pour revendiquer le vote protestataire.

Elu pour la première fois en 2010, comme conseiller municipal d’Athènes, Nikos Michaloliakos n’en abandonne par pour autant ses saillies fascistes ou néonazies.

Il se montre devant les télévisons faisant le salut fasciste à ses opposants de gauche, puis en mai 2012, il nie de nouveau l’existence des chambres à gaz et qualifie Hitler de « figure historique majeure du XXe siècle ».

« Il n’y a pas eu de fours crématoires. C’est un mensonge. Et il n’y a pas eu de chambres à gaz », déclare-t-il à la chaîne de télévision Mega.
Un mois plus tard, en juin 2012, il fait une entrée fracassante, avec son épouse Eleni Zaroulia, sur l’échiquier politique grec, lorsqu’ils sont élus députés, avec 16 autres candidats d’Aube Dorée, mettant à profit la crise économique, un chômage galopant et le discrédit croissant de la classe politique traditionnelle.

Les immigrés? Des « sous-hommes » ayant « envahi » la Grèce

Eleni Zaroulia, qui s’est montrée au Parlement portant une bague en forme de Croix de fer, a quant à elle été reconduite par le gouvernement en janvier dernier à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, en tant que déléguée à la Commission sur l’égalité et la non-discrimination.

La coalition droite-gauche au pouvoir à Athènes s’était engagée à empêcher sa reconduction à ce poste, mais elle n’en a finalement rien fait.

Propriétaire, selon les médias grecs, d’une maison de prostitution à Athènes, l’épouse du chef néonazi avait provoqué un incident parlementaire en octobre, qualifiant les immigrés de « sous-hommes » ayant « envahi » la Grèce, et la contaminant « avec toutes les maladies qu’ils trimbalent ». Depuis l’assassinat, le 18 septembre, d’un rappeur antifasciste par un militant d’Aube dorée, la formation a adopté un profil bas.

Le parti de Nikos Michaloliakos, qui organise régulièrement des distributions alimentaires au profit des « Grecs de souche » frappés par la crise, était crédité de 13% des intentions de vote dans certains sondages. Mais depuis le meurtre du rappeur qui a bouleversé le pays, le parti a chuté de plusieurs points dans les sondages.

Le HuffPost/AFP Article original

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