Par Maître Ramas-Muhlbach.

Le 14 mai 1948, David Ben Gourion, Président du Conseil National Juif, proclamait l’indépendance de l’Etat d’Israël. Dès le lendemain, le Liban, la Syrie, l’Irak, l’Egypte et la Transjordanie déclarait la guerre au jeune Etat juif et se joignaient aux forces arabes de Palestine pour l’anéantir.

65 ans plus tard, on observe que les ennemis d’Israël ont fait la paix avec lui (Jordanie, Egypte), se sont désagrégés et été modifiés dans leur structure politique (le Liban), sont paralysés (Autorité Palestinienne) voire s’auto détruisent avec des populations qui s’entretuent (Irak, Syrie).
S’agissant de l’Egypte, le traité de paix signé avec Israël le 26 mars 1979 n’a jamais été remis en cause quand bien même le Président égyptien Sadate a été assassiné en 1981. Depuis 2011, le pays découvre le fonctionnement de la démocratie et surtout, son incompatibilité avec un régime de type islamiste. Le 23 septembre 2013, la justice égyptienne a interdit les activités de l’Association des Frères musulmans, confisqué ses biens, gelé les avoirs des dirigeants islamistes (ainsi qu’à toutes les organisations non gouvernementales crées sous la présidence de Morsi qui ne sont que des façades du mouvement islamiste). L’Egypte poursuit donc sur la voie démocratique en prévision des élections de 2014 et appelle l’Onu en vue d’un soutien contre le « terrorisme » islamiste. Il n’était donc nullement nécessaire d’engager les hostilités contre Israël.


L’armée israélienne monte les couleurs israéliennes le 10 mars à 16h00 à Um Rashrash (future Eilat), au bord de la mer Rouge, signant la fin de la conquête du Néguev.

Pour ce qu’il en est de la Transjordanie, le pays n’existe plus dans sa composition de 1948. Après avoir annexé la Cisjordanie et proclamé la naissance du Royaume hachémite de Jordanie le 24 avril 1950, le Roi Abdallah a rapidement été assassiné par un palestinien à Jérusalem (le 20 juillet 1951). Par la suite, la Jordanie a renoncé à sa souveraineté sur la partie occidentale du Jourdain (en 1988), et fait la paix avec Israël le 26 octobre 1994. Le pays jouit d’une certaine stabilité politique, avec une direction entre les mains de la dynastie hachémite et une population majoritairement palestinienne. La coexistence avec Israël ne pose pas de problème particulier.

Le cas du Liban est un peu différent. Ce n’est pas l’organisation gouvernementale qui est en guerre contre Israël mais les ennemis d’Israël qui utilisent son territoire comme base stratégique pour lancer des attaques contre l’Etat juif. Dans les années 70, les agressions palestiniennes ont amené Israël à occuper le sud Liban (entre 1978 et 2000). Par la suite, la milice chiite libanaise Hezbollah, inféodée à l’Iran, a pris le relais des opérations terroristes, puis le contrôle politique, administratif et médiatique du pays, et essaye progressivement de substituer son organisation politique à celle multiconfessionnelle du pays. En tout état de cause, ce n’est plus le Liban qui est en guerre contre Israël mais les organisations terroristes qui y ont établi leur siège.

Les autres ennemis d’Israël sont dans un état de décomposition particulièrement avancé. En Irak, (dont le cas n’intéresse pas grand monde), il ne se passe pas une journée sans qu’un massacre y soit commis. Le 1er octobre 2013, 12 véhicules piégés ont explosé à Bagdad tuant 50 personnes et en blessant 200 autres (appartenant principalement à la communauté chiite). Pas moins de 870 personnes ont été tuées au cours du mois de septembre 2013 dans le pays, et le nombre de tués s’élève à 4700 depuis le début de l’année dans des attentats visant des mosquées, des écoles, des commissariats ou des casernes de l’armée. Depuis que le Premier Ministre chiite Al Maliki a écarté du pouvoir les sunnites et les kurdes, l’organisation terroriste Al Qaida (d’obédience sunnite) s’en prend aux chiites dans un jeu de massacre quotidien. Ce pays arabe a essayé de trouver dans la guerre contre Israël une solution au problème de fond qui oppose chiite et sunnites. En vain.

En Syrie, la situation n’est pas plus réjouissante. L’utilisation d’obus contenant du gaz sarin le 21 août 2013, a été confirmée par le rapport des inspecteurs d’armes chimiques même s’il a toujours une controverse sur l’utilisateur des armes de destruction massive. Or, la population civile peine à trouver une concorde nationale pour mettre fin aux conflits civils, ethniques, et religieux. D’ailleurs, les 17 factions islamistes, notamment le Front al-Nusra, Ahrar al-Sham et la Brigade al-Tawhid, refusent de reconnaître un représentant de l’opposition. Le Conseil de sécurité des Nations Unies pourra donc toujours demander au gouvernement syrien de coopérer avec les équipes internationales d’inspection (pour éliminer les armes chimiques), l’usage de la force ne sera jamais décidé compte tenu du double veto chinois et russe. Une fois encore, la guerre contre Israël a fait reculer la gestion du vrai problème qui est celui de l’opposition entre chiites et sunnites.

Il ne faut pas oublier les populations arabes de Palestine de 1948 qui ont refusé la partition de la Palestine, le 29 novembre 1947, entre un Etat juif et un Etat arabe. Elles se sont fait appelé, par la suite, « palestiniens » pour revendiquer le « droit des peuples à disposer d’eux même ». Le « conflit israélo-arabe» (faisant référence à la nation arabe) a pu alors se transformer en conflit « israélo-palestinien» (grâce à la création de la nation palestinienne en 1968). Ces palestiniens tentent désormais de se constituer sous forme politique avec une Autorité palestinienne en pleine déliquescence mais ils sont désunis géographiquement, idéologiquement, et politiquement. Ils imaginent donc de trouver leur salut dans le lancement d’une troisième Intifada pour mettre officiellement un terme aux pourparlers de paix stériles auxquels plus personne ne croit. Ils ont donc repris les attaques terroristes en assassinant un soldat le 21 septembre 2013 à Qalqilya en Cisjordanie, puis un second le 22 septembre 2013 à Hébron.

Les Brigades des martyrs Al Aqsa, branche armée du Fatah sont responsables de l’assassinat du soldat en position à Hébron bien qu’un autre groupe « le Fatah Al Intifada » (implanté au Liban en Syrie et en Jordanie) ait revendiqué l’attaque. Bien évidemment, le Fatah nie son implication dans les assassinats pour éviter un blocage des pourparlers. Notons que les terroristes palestiniens de cette mouvance utilisent parfois des pseudonymes pour revendiquer leurs opérations comme « les chevaliers d’Hébron » ou « les Brigades de Yasser Arafat » bien qu’ils soient affiliés aux Brigades des Martyrs d’Al Aqsa. Les organisations terroristes palestiniennes sont légions dans les territoires sous contrôle de l’Autorité palestinienne comme les brigades d’Al Qods dépendant du Jihad islamique (dont Israël a éliminé un membre le 17 septembre 2013). Un accord a certes été signé pour défaire les Brigades des Martyrs Al Aqsa dans le cadre du plan américain Dayton en 2006, (portant sur un abandon des opérations terroristes contre un engagement de ne pas poursuivre les membres ou d’éliminer les dirigeants) mais rien n’a pas été mis en place. Toujours est-il que c’est bien le refus palestinien du plan de partage de 1947 qui est à l’origine du blocage contemporain.

Le véritable problème, au Moyen Orient, est celui d’une absence d’admission par tous, de la norme universelle. Dans les pays arabes, c’est le responsable politique qui fixe la règle en fonction de ce qui lui sied, faisant de la norme un dogme. Mahmoud Abbas se considère toujours comme le Président de l’Autorité palestinienne alors que son mandat a expiré il y a de cela 5 ans. S’il ne respecte pas ses propres institutions, il continuera de mettre en balance le meurtre d’un soldat de Tsahal et l’élimination de terroristes. En somme, Israël essaie de négocier avec des interlocuteurs dont le raisonnement est faussé, sans morale, dénué de sens et de devoir.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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