Partie 1 de l’ analyse

Le niveau de tensions sur la frontière nord demeure élevé. Elles ont gravement augmenté, lorsque des agences occidentales de renseignement ont mis en lumière l’effort syrien (encouragé et financé par l’Iran) pour équiper le Hezbollah avec des missiles Scud devant être déployés au Nord Liban. La tension sur le théâtre du nord a décliné lentement, puis s’est à nouveau brusquement ravivée, lorsqu’un journal koweitien a révélé le plan irano-syrio-hezbollahni.

Jamais jusqu’à cette publication, l’atmosphère dans le nord n’avait semblé recelé de telles vapeurs inflammatoires, si proche de risquer une mise à feu, en particulier, alors que le Liban et la Syrie craignent qu’Israël n’accepte pas la présence de missiles balistiques lourds entre les mains du Hezbollah et puisse passer à l’offensive, par une action militaire, dans le but de lever la menace supplémentaire que constituent ces missiles contre les civils et les militaires du front intérieur de l’Etat Juif.

A ce point, c’est la première fois dans l’histoire globale qu’un état souverain cède des missiles balistiques à une milice armée et même entraîne ses membres à les utiliser. Le secrétaire américain à la Défense vient juste d’avertir que le Hezbollah possède plus de roquettes et de missiles que la plupart des gouvernements au monde.
Nous pouvons dire avec une quasi-certitude, que, pour le moment, Israël n’a pas l’intention de bombarder le Liban et la Syrie. Il est presque évident que le nombre limité de missiles Scud distribués par la Syrie au Hezbollah n’augmente pas fondamentalement la menace posée au front intérieur d’Israël, du fait de l’arsenal de roquettes et missiles déjà en possession du Hezbollah.

Durant les dernières années, le groupe chi’ite a accumulé et préparé à l’action plus de 45 000 roquettes et missiles de tout type, mis à l’abri dans des caches fortifiées et camouflées. Selon le Hezbollah, cet arsenal comprend un petit nombre de centaines de puissantes roquettes d’un rayon d’action qui leur permet de frapper n’importe quelle zone habitée en Israël –même le sud de Dimona – et munies d’ogives pesant des centaines de kilos qui peuvent provoquer autant de dommages qu’un Scud.

Messages américains

Certaines de ces puissantes roquettes sont même plus dangereuses que les missiles Scud, parce qu’elles sont plus précises. La principale différence entre elles et les Scuds provient que, du fait de leur plus long rayon d’action (spécialement les missiles Scud D), ils peuvent être déployés dans le nord du Liban, qui est situé très loin de la frontière israélienne, rendant d’autant plus difficile à l’aviation israélienne de les prendre pour cible.

D’un autre côté, environ 30 minutes et peut-être plus sont requis pour préparer le Scud au lancement, puisqu’il fonctionne au carburant liquide. Durant ce temps, le missile risque d’être repéré par les moyens de renseignement israéliens et peut donc être pris pour cible de façon précise. Ce n’est pas le cas des roquettes puissantes du Hezbollah, qui fonctionnent au carburant solide et peuvent être lancés en quelques minutes, presque sans nécessiter aucune préparation.

La ligne rouge, c’est qu’aussi longtemps que le Hezbollah n’est pas en possession d’une large quantité de Scuds, il ne constitue pas ce que les responsables de la défense appellent “des armes rompant l’équilibre des forces”.

Dans le but d’empêcher le nombre de Scuds d’augmenter juqu’au point de non-retour, Israël a demandé l’aide de l’Administration américaine, qui a diffusé et continue d’envoyer des messages d’avertissement à la Syrie et au Hezbollah. Au même moment, Israël fait en sorte d’envoyer des messages rassurants à la Syrie et au Liban, qui ont pour but d’empêcher un embrasement résultant d’une « erreur d’appréciation » – qui serait une situation dans laquelle la Syrie et le Hezbollah détectent des mouvements sur le territoire israélien et les interprètent comme étant des préparatifs en vue d’une frappe israélienne imminente – et qui ferait qu’ils seraient tentés de frapper les premiers.

C’est pour cette raison que le chef de l’Etat-Major de l’armée, Ashkenazy, le Ministre de la Défense Barak et le Premier Ministre Netanyahou ont réitéré des déclarations publiques disant qu’Israël n’a pas l’intention de frapper la Syrie et le Liban, tant que la Syrie renoncerait au transfert au Hezbollah d’armes rompant l’équilibre des forces. Cela fait tout autant référence aux missiles anti-aériens avancés qu’à une large quantité de types sophistiqués de roquettes et de Scuds.

Ce problème est au sommet de la liste, dans l’agenda du Ministre de la Défense, lors de ses entretiens à Washington. Barak a alerté du fait que la Syrie soutient le Hezbollah avec des systèmes d’armements qui sont susceptibles de modifier cet équilibre fragile.

Cependant, aussi bien les gouvernements syriens que libanais ne se sentent pas, pour autant, plus détendus. La Syrie – parce que l’affaire risque de remettre en cause son rapprochement avec le Etats-Unis et contrecarrer l’arrivée d’un nouvel ambassadeur à Damas. Le Liban – parce qu’il redoute des représailles israéliennes à cause du déploiement de Scuds sur son territoire. Mais plus encore, la principale raison des préoccupations syriennes et libanaises, ce sont les évaluations qu’ils ont reçues de la part de l’Iran.

Qu’est-ce que l’Iran a laissé entendre à la Syrie et au Liban?

La conspiration iranienne.

Téhéran joue sur la peur d’une frappe israélienne au nord pour promouvoir les intérêts iraniens.l

Partie 2 de l’article

Les cadres dirigeants des Gardiens de la Révolution et au sein du leadership politico-religieux en Iran ont raconté, depuis des mois, à la Syrie d’ Assad et au Hezbollah de Nasrallah ainsi qu’aux principaux responsables libanais qu’Israël projetait une attaque-surprise contre eux dans le proche avenir.

Les Iraniens ont déclaré ouvertement qu’Israël a intérêt à lever la menace des roquettes et missiles posée par le Hezbollah et également par la Syrie, par une frappe préventive, mais plus que tout, selon les Iraniens, parce qu’une attaque israélienne présenterait l’avantage de gommer « la disgrâce de la défaite » de la Seconde guerre du Liban (telle que les Iraniens la perçoivent).

Pour renforcer cette évaluation, les Iraniens font référence aux exercices fréquents et de grande envergure auxquels se livre Tsahal sur la frontière nord. Les Iraniens ont aussi déclaré (et Nasrallah l’a annoncé publiquement) s’attendre à ce que l’offensive israélienne ait lieu durant le printemps ou l’été 2010.

“Les alertes” transmises par l’Iran à ses alliés disposant de frontières communes avec Israël sont motivées par un objectif stratégique : les Iraniens feraient moins l’objet d’une attention mondiale, et celle des membres du Conseil de Sécurité pourrait être détournée du refus de Téhéran concernant le problème nucléaire et des préoccupations au sujet des sanctions contre l’Iran ; au lieu de quoi, elle serait focalisée sur la tension et les menaces de guerre, susceptibles de surgir à n’importe quel moment, entre Israël et ses voisins du Nord. Ainsi, les Iraniens peuvent gagner plus de temps, tout en espérant amoindrir la sévérité des sanctions à leur encontre.

Surplombant tout cela, l’attention publique étant mobilisée à restreindre les intentions d’Israël de passer à l’offensive à l’encontre de ses voisins crée une atmosphère internationale qui rend plus difficile une frappe sur les sites nucléaires iraniens – si jamais il projetait de le faire dans un avenir proche. C’est pourquoi l’Iran encourage la Syrie à renforcer ses livraisons d’armes au Hezbollah. Les protestations et les menaces diffusées par Israël et les Etats-Unis en réponse à ces transferts d’armement servent particulièrement bien les intérêts stratégiques de l’Iran.

Cependant, en ce moment, l’Iran n’a pas à ce point intérêt de déclencher une guerre effective entre Israël et le Hezbollah, le Liban et la Syrie. Des tensions, certes ; la guerre : pas question.

Cela parce que, lors d’une guerre effective, l’armée de l’air et les forces terrestres israéliennes pourraient bien détruire cet armement en missiles et roquettes du Hezbollah, ce même arsenal que l’Iran a financé et contribué à construire, dans le but de l’utiliser comme moyen de représailles contre un éventuel raid israélien contre les sites nucléaires de Téhéran. La même chose vaut pour la Syrie. L’Iran ne souhaite pas non plus voir le Hezbollah perdre le statut dominant qu’il a acquis au sein de l’establishment politique du Liban, de sorte que les Libanais reprochent à l’organisation d’avoir ruiné leur pays.

Les “évaluations” iraniennes, qui sont censées servir les objectifs de Téhéran, ont reçu une écoute attentive à Damas et Beyrouth. Elles sont proportionnelles au mode de penser moyen-oriental qui voit des conspirations (et spécialement celles d’Israël) à chaque coin de rue. Lorsque l’Iran avertit ses alliés d’une intention israélienne de prendre sa revanche pour sa « défaite », cela apparaît certainement logique, non seulement aux cerclers dirigeants à Damas et Beyrouth, mais aussi à leurs peuples.

C’est pour cette raison que le Premier Ministre du Liban, Hariri s’est engagé à promouvoir sa cause, lors d’une campagne de lobbying et de plaintes en Europe et dans les Etats arabes, visant à prévenir « l’attaque israélienne » à cause du transfert de Scuds. Il a nié devant quiconque voulait bien l’entendre que le transfert de missiles vers son pays avait effectivement eu lieu.

Son activation hystérique trahit encore une culpabilité partisane, et il en sait apparement plus qu’il ne veut bien le dire. Mais cela ne l’a pas empêché d’appeler la chancelière allemande Angela Merkel, cette semaine, dans l’espoir de la convaincre que les rapports sur les transferts de Scud étaient infondés. Il recherche également un soutien à ses arguments dans le monde arabe et, dans ce but, vient juste d’assister à une rencontre avec le président égyptien Moubarak à Charm El-Cheik.

Moubarak s’est évertué à apaiser les craintes d’Hariri concernant les intentions israéliennes, les Allemands ont fait de même. Cela dit, Hariri n’est pas rassuré pour autant, et les vapeurs inflammatoires continuent de planer sur Beyrouth et Damas. Jérusalem, pour sa part, fait tout pour empêcher une situation dans laquelle un des camps dévale la pente dangereuse créée par les Iraniens, à cause d’une compréhension défaillante de la situation réelle.

Adaptation française : Marc Brzustowski

Ron Ben-Yishai analyse la situation sur le front nord, les préoccupations syriennes et libanaises.

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