L’Iran achève lundi 2 janvier une série de manœuvres navales débutées le 24 décembre dans le détroit d’Ormuz. Téhéran a notamment testé plusieurs missiles de courte, longue et moyenne portée. Cette démonstration de force a tourné à la crise internationale avec l’annonce le 31 décembre de sanctions américaines à l’encontre du secteur pétrolier iranien.Chronologie en cinq points d’un épisode de “guerre froide” entre Iran et Occident.

• L’origine des tensions : le nucléaire militaire

Dans un rapport publié en novembre, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) évoque le possible caractère militaire du programme nucléaire de la République islamique. Pour lutter contre le risque de voir émerger une puissance nucléaire iranienne, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté pas moins de six résolutions depuis 2006, accompagnées de sanctions à l’encontre du régime.

« En plus des mesures prises dans le cadre de l’ONU, certains pays, comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou la France, décident de sanctions bilatérales », explique Bernard Hourcade, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l’Iran. C’est l’une d’elles, prise par les Etats-Unis et validée le 31 décembre par Barack Obama, qui a ravivé les tensions entre les deux pays.

• Le clash diplomatique : les sanctions américaines provoquent la colère de l’Iran

La loi de financement du Pentagone prévoit de geler les avoirs de toute institution financière étrangère qui commercerait avec la Banque centrale iranienne dans le secteur du pétrole. En d’autres termes, tout pays qui décidera d’acheter du pétrole à Téhéran devra renoncer à commercer avec les Etats-Unis.

« D’habitude, les sanctions se concentrent sur le nucléaire et visent des industriels du secteur. La politique des sanctions, normalement très ciblées, s’apparente ici à un embargo sur le pétrole iranien, note Bernard Hourcade. Pour la première fois depuis 2006, les sanctions à l’encontre du pays frappent la Banque centrale iranienne, et donc le cœur de son économie qu’est l’activité pétrolière. Or, l’Iran tire 80 % de ses rentrées de devises de ses exportations pétrolières. »

• La parade des missiles

Dans un contexte d’essais militaires iraniens près du détroit stratégique d’Ormuz, cette crise diplomatique a crispé les échanges déjà tendus entre l’Iran et l’Occident. A l’occasion de la dernière journée de manœuvres navales, l’armée iranienne a donc testé « avec succès » plusieurs missiles. Chacun « ultramoderne », »conçu et fabriqué » par l’Iran et « équipé de la technologie la plus récente pour combattre les cibles furtives et les systèmes intelligents qui tentent d’interrompre sa »>Article original trajectoire », s’est félicité l’amiral Mahmoud Moussavi, vice-commandant de la marine iranienne.

Par ailleurs, le régime s’est vanté dimanche d’avoir testé pour la première fois des barres de combustible nucléaire produites localement. L’Iran n’a pas précisé le niveau d’enrichissement de l’uranium contenu dans ces barres. Enrichi à 20 %, l’uranium a un usage civil, mais si l’enrichissement dépasse 90 %, il peut être utilisé pour fabriquer l’arme atomique. Or l’uranium enrichi à 20 % est normalement produit sous forme de plaques et non de barres.

• Les enjeux du détroit d’Ormuz

Attaqué au cœur de son économie, Téhéran a menacé, en représailles, de fermer le détroit d’Ormuz, un lieu hautement stratégique par lequel transite 35 % du trafic maritime mondial. « Les bâtiments de guerre de la marine vont adopter un nouveau dispositif tactique démontrant la capacité de l’Iran à empêcher tout trafic maritime dans le détroit d’Ormuz s’il le décidait », a prévenu le régime lundi, bien décidé à prouver qu’il dispose également de moyens de pression sur les Occidentaux.

« Lorsque les intérêts vitaux de l’Iran sont menacés, nous répondons à la menace par la menace et nous n’hésitons pas à mettre en œuvre notre stratégie de défense », avait prévenu jeudi le général Hassan Salami, en réponse à une question de l’agence iranienne Fars sur la fermeture éventuelle du détroit d’Ormuz. Il avait estimé que les Etats-Unis n’étaient pas « qualifiés » pour donner des permissions à l’Iran. La veille, Washington avait mis en garde Téhéran en affirmant qu' »aucune perturbation du trafic maritime dans le détroit d’Ormuz ne sera it »>Article original tolérée ».

• Une attaque économique : le rial perd de sa valeur

Première conséquence de la menace de sanctions économiques américaines, la monnaie iranienne, le rial, a enregistré lundi une baisse d’environ 12 % par rapport au dollar en moins de 24 heures. Le taux de change est passé de 11 000 rials pour un dollar à 16 000 rials. Aussitôt, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a assuré que la Banque centrale iranienne réagirait avec « force » aux sanctions américaines.
« L’effondrement du rial remet en cause les échanges commerciaux de l’Iran avec ses voisins et notamment avec Dubaï, note Bernard Hourcade. Le pays fait l’objet d’un embargo commercial et a besoin de ses voisins pour le contourner. Or, il ne le pourra plus si le rial s’effondre. » Depuis un an, la monnaie iranienne a perdu plus de 60 % de sa valeur face au dollar.

• Un enjeu politique : l’Iran joue son influence dans la région

« D’un côté comme de l’autre, il s’agit de montrer les muscles, résume Bernard Hourcade. 2012 est une année électorale en Iran comme aux Etats-Unis : personne n’a intérêt à se lancer dans une crise. » L’hypothèse d’une solution négociée serait donc de nouveau envisageable.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a affirmé vendredi que Téhéran était prête à reprendre les négociations nucléaires avec les grandes puissances. Conformément à une proposition russe, elles allégeraient les sanctions en échange de concessions iraniennes sur le nucléaire. L’Iran doit par ailleurs envoyer prochainement une lettre à la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Catherine Ashton, pour évoquer la reprise des négociations, interrompues depuis un an. A la fin du mois de janvier, l’Union européenne et les Etats-Unis doivent se réunir pour évoquer une stratégie commune.

Surtout, le départ des troupes américaines d’Irak et d’Afghanistan redistribue les cartes dans la région. « L’Iran est un pays immense, doté d’une classe moyenne instruite et d’un statut de la femme plus ouvert que ses voisins : s’il parvient à normaliser sa situation et à sortir de son isolement, il sera beaucoup plus influent que ne le sont l’Arabie saoudite ou les Emirats, estime Bernard Hourcade. Les démonstrations de force s’adressent donc également aux autres pays du Golfe. » Une opération gros bras, vouée à faire monter la pression.

Marie-Adélaïde Scigacz FranceInfoTv

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massada

une chose ai certaine , l Iran et bien une puissance regionale , et avec notre Obama a la tete des etats-unis , il y a de fortes chances que l Iran obtienne sa Bombe Atomique , les Europeens etant hors jeu par leurs lacheté .