L’élaboration du calendrier juif

L’année 5771 (2010-2011) est une année dite « embolismique », c’est-à-dire une année dans laquelle a été intercalé un mois supplémentaire appelé we-adar, ou deuxième adar.

Pour quelle raison et selon quel rythme ce mois supplémentaire est-il intercalé ?

La Tora indique à plusieurs reprises (Voir notamment Chemoth 13, 4) que la fête de Pessa‘h doit être obligatoirement célébrée au printemps.

Or, si notre calendrier était uniquement lunaire, comme l’est par exemple le calendrier musulman, son décalage par rapport au calendrier solaire aurait pour effet de nous faire célébrer cette fête, selon les années, pendant l’une ou l’autre des trois autres saisons.

Depuis la destruction du deuxième Temple, la fixation des mois – et donc des années – n’appartient plus au Sanhédrin, de sorte que les Sages ont dû élaborer un système calendaire applicable en tous lieux de la diaspora en même temps que conforme aux exigences de la halakha.

Des opinions divergentes se sont opposées au troisième siècle de l’ère commune entre les amoraïm Chemouel et rav Adda.

Selon le premier, la durée de l’année solaire doit être fixée à 365 jours et 6 heures comme le voulait le calendrier alors en usage, appelé le « calendrier julien ».

Pour le second, cette durée était de 365 jours 5 heures 55 minutes et 25,4386 secondes, durée basée sur les observations de l’astronome, géographe et mathématicien grec Hipparque, du deuxième siècle avant l’ère commune, observations qui seront reprises au seizième siècle par le calendrier grégorien.

Lorsque Hillel II introduisit, en l’an 358 de l’ère commune, le calendrier qui est devenu le nôtre, il adopta le système proposé par rav Adda.

Encore lui fallait-il ancrer ce calendrier dans un système de calcul qui pût être adopté, de façon automatique en même temps qu’universelle, par toutes les communautés juives du monde.

Il utilisa pour cela le cycle dit « de Méton », du nom d’un astronome grec qui avait remarqué au cinquième siècle avant l’ère commune que la durée de 235 mois lunaires est presque égale à celle de 19 années solaires.

C’est ce cycle de dix-neuf ans qui scande aujourd’hui notre calendrier, avec douze années de douze mois lunaires et sept de treize mois (les troisième, sixième, huitième, onzième, quatorzième, dix-septième et dix-neuvième).

Si l’on compare la durée des années selon les différents systèmes que nous avons examinés, on aboutit aux résultats suivants :

– Année julienne : 365 jours, 6 heures.
– Année grégorienne : 365 jours, 5 heures, 49 minutes, 12 secondes
– Année hébraïque : 365 jours, 5 heures, 55 minutes, 25/57 secondes

Dans la mesure où il est aujourd’hui scientifiquement acquis que « la durée de l’année solaire est de 365 jours, 5 heures, 48 minutes et 46 secondes, soit environ 6 minutes 2/3 de moins que les 365 jours, 5 heures, 55 minutes et 25/57 secondes de l’année juive » (Voir « Bircas hachammah », ouvrage publié par « ArtScroll Mesorah Series »), on peut considérer que le Messie, qui sera attentif à ce que Pessa‘h ne finisse pas par tomber en été, devra se hâter de venir !

On ne peut en tout cas que dire notre plus vive admiration envers ces rabbins qui, plus d’un millénaire avant la réforme grégorienne, ont réalisé un système calendaire sur des bases très proches de celles que nous propose la science moderne.

Jacques KOHN.

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