Il arrive hélas que l’on prenne la tradition juive pour un tissu de légendes.

Le pire, c’est que des gens qui considèrent le judaïsme sous un œil favorable, pourront tout simplement vous souhaiter une bonne fête et ajouter sans le moindre cynisme: «J’éprouve beaucoup de respect pour les légendes que véhicule votre culture». Et le comble, c’est de voir parfois des Juifs instruits, quand des événements ou des périodes de l’histoire ne sont plus considérés comme des fables mais reconnus y compris par la culture générale, adopter les déformations imposées par la version ambiante pour les substituer notamment à la datation jamais oubliée au sein du peuple juif.

Ainsi, l’année 3338 du compte hébraïque, qui est la date de la destruction du Premier Temple, sera éclipsée au profit de l’année -586 de l’ère dite vulgaire ou courante.

Vérifiez, vous verrez que les dates ne correspondent pas, ou, en termes aussi modernes que se veulent les versions historiques, qu’il y a «comme un bug».

Or, quelle est la version des faits la plus fiable?

Celle de ceux qui y étaient et l’ont transmise de génération en génération, ou celle d’historiens des temps modernes qui se sont réveillés des milliers d’années après?

Et le comble du comble, c’est quand des gens fidèles à la tradition sous tous ses angles, invitent pour faire bien des conférenciers docteurs professeurs etc. à prendre la parole pour avancer les mêmes affirmations.

Voyons cela de plus près. La période de l’exil de Babylone, qui suit la destruction du Premier Temple, s’achève avec l’histoire de Pourim et le retour des exilés conduits par Ezra et Nehemia.

Mais reconnaissons par ailleurs, il est vrai, que nous avons nous-mêmes bien du mal à localiser avec précision les événements qui ont fixé pour les générations à venir cette fête que nous célèbrerons cette semaine, et dont l’origine semble se noyer dans la nuit des temps, bien qu’elle n’ait strictement aucune relation, mais vraiment aucune, avec les contes des mille et une nuit.

Certes, récemment, l’un des plus grands ennemis d’Israël, descendant plus ou moins direct des Perses ou des Mèdes, et dont les élucubrations relèvent plus des mille et un fantasmes que d’une tradition sensée, a attesté l’authenticité de l’origine de la fête de Pourim, et s’est insurgé de cette joie qui marque la défaite de centaines d’ennemis des Juifs de la ville de Suze, en particulier, qui ont vu la situation se retourner contre eux alors qu’ils attendaient la date désignée par le tirage au sort d’Aman pour s’attaquer au peuple d’Israël.

Nous sommes aujourd’hui en l’an 5772 (inutile de compter d’après l’ère «vulgaire», elle est trop jeune et les calculs marchent à l’envers, avec des soustractions à n’en plus finir.

Quand la pensée est profondément accaparée par les comptes à rebours, on finit par s’imaginer que les pièces de monnaies étaient frappées de dates négatives, ce qui est mauvais pour l’équilibre).

Nous n’indiquerons ici que les dates du calendrier «d’après lequel nous comptons», (שאנו מונים בו), comme on le dit dans la tradition, ce qui nous permettra de nous repérer dans le temps, et de bien saisir la distance temporelle qui nous sépare de l’origine de Pourim, dont nous prions chaque année pour que le verset de sa chronique, «Et il y eut un renversement, quand les Juifs dominèrent eux-mêmes leurs ennemis», se réalise de nos jours.

L’exil de Babel et la destruction du Premier Temple ne se sont pas produits simultanément.

L’exil est en effet antérieur de 11 ans à la destruction, lorsque Nabuchodonosor exila Ieconia, le roi de Judée, en 3327. L’exil, prédit par Jérémie, devait durer au total 70 ans.

Les rois perses et mèdes surveillèrent de près ces événements, bien déterminés à s’inscrire en faux contre la prophétie.

Daniel, lui aussi, chercha à en déterminer l’issue, mais dans le but de savoir à quel moment exactement cette épreuve nationale prendrait fin.

Mais aucun des « calendriers » fixés par Assuérus, Balthasar, ni même Daniel ne s’avéra exact.

Le premier roi à s’être fourvoyé fut donc Balthasar, qui remplace le successeur de Nabuchodonosor (Evil Mérodakh).

C’est en effet avec ce dernier, en 3319, que commence une ère nouvelle, celle de la royauté de Babylone.

Le royaume des Perses est le reflet fidèle de la grande puissance de l’époque, dont l’apogée couvre une surface impressionnante, qui englobe 127 contrées, les guerres les plus lointaines d’où les armées revinrent victorieuses s’étendant jusqu’à l’Inde à l’Est et l’Erythrée au Sud.

En 3389, soit 70 ans plus tard, Balthasar se réjouit de voir s’évanouir le rêve de rédemption du peuple juif, et organise un grand festin. Mal lui en prend, et une vision cauchemardesque signera son arrêt de mort.

Une main libre, ou courante, comme détachée d’un corps, inscrit sur la chaux du mur du palais royal quelques mots indéchiffrables, au beau milieu de cette somptueuse réception, juste au moment où ce roi se permet d’étaler les richesses du Temple pillé de Jérusalem.

Pendant que les doigts écrivent, le roi est bouleversé et sa figure se révulse (Daniel V).

Aucun des sorciers ni des sages ne peuvent en déchiffrer le sens.

Il promet alors une fortune à l’homme qui lui en révèlera le sens. Daniel, connu du père du roi, Nabuchodonosor, est immédiatement appelé et introduit auprès de Balthasar, dont il refuse l’argent qu’il lui somme de garder pour lui.

Il comprend tout de suite le sens de l’inscription: « compté, pesé, et les Perses ».

Les jours de Balthasar sont comptés, son jugement soigneusement pesé, et le royaume perse considéré comme trop léger et voué à une fin proche; les Mèdes vont prendre la relève.

Balthasar s’était trompé, les 70 ans ne correspondaient pas au pouvoir de sa dynastie.

Il n’y avait pas lieu donc d’«offenser le Maître du Ciel » (idem V, 22).

Pourtant, le calendrier de Daniel des 70 ans d’exil devait expirer un an après celui de Balthazar, en 3390.

Il est bien évident que ses intentions étaient radicalement opposées à celle du roi qui voulait réfuter la vérité des prophéties; alors qu’il cherchait à l’incriminer, Daniel entretenait au fond de son cœur l’espoir de la rédemption prochaine.

La date du début des 70 ans d’exil, fixée par Daniel, coïncide avec le début des souffrances endurées en Judée du fait du pouvoir perse, soit un an après l’avènement de celui-ci, quand les vagues de l’exil ont commencé.

Cependant, en 3390, un espoir est né: c’est la Déclaration Koresh, (Cyrus), qui autorise la reconstitution du foyer juif en « Palestine », mais surtout, qui donne aux Juifs l’autorisation officielle de reconstruire le Temple de Jérusalem.

Les travaux commencent aussitôt, mais les bâtisseurs sont contraints de manier la truelle d’une main et l’arme de l’autre (Ezra I).

Malheureusement, Koresh est tué en 92 et le gel de la construction est décrété en 93 (Ezra IV, 2-6).

Vient Assuérus, personnage qui nous est quasi familier, car nous écoutons le récit des événements le concernant religieusement deux fois par an (ou quatre, si nous passons le 15 adar à Jérusalem ou Hébron).

La troisième année de son règne, il organise un festin extraordinaire, 150 jours.

Tout le monde y est convié, et les Juifs ont droit à un service super cachère.

Nous faisons moins attention à sa localisation temporelle.

Pourtant, il n’est question ni de contes, ni de légendes et ces événements historiques se déroulent à des dates bien précises.

En 3392 de l’ère hébraïque, qui ne s’encombre pas de comptes à rebours,

Assuérus prend le pouvoir. Il s’attend à la fin de l’exil de Babel. En effet, pour lui, il ne reste que trois ans.

Entretemps, il exécute son épouse, et entreprend de se remarier etc., et ce n’est pas par hasard qu’il choisit l’année 3395 pour organiser ces festivités, soit 68 ans (et non pas 70) après le début de l’exil de Mardochée (se fondant sur la transition entre les royautés des Perses et des Mèdes, il se trompe de 2 ans).

La participation des Juifs à ces mondanités est considérée comme un crime, la nourriture cachère ne rend pas cachère à son tour la célébration de la défaite (certes supposée) du D. d’Israël.

Cette embuche (cachère) n’a pas été claire pour tout le monde.

Le 13 nissan 3404 s’ensuit une terrible décision, celle de détruire les Juifs où qu’ils se trouvent.

Mais la situation est renversée et ils sortent victorieux, écrasent leurs ennemis, et célèbrent pour la première fois la fête de Pourim en 3405, il y a 2367 ans.

En 3406, Assuérus meurt et laisse sa place au dauphin, Darius, son fils qu’il a eu d’après la tradition avec Esther.

Le gel de la construction en Judée est annulé en 3408 (Haggai II, 18). En 3412, les travaux sont terminés, et Ezra fait son Alya.

En 3425, Néhémie est nommé pacha, gouverneur, de toute la terre d’Israël.

Les 70 ans de cet exil se sont donc écoulés à partir de la destruction du Temple en 3338 pour s’achever en 3408 avec la dernière ligne droite des travaux de reconstruction, avec le Second Temple qui allait se maintenir 420 ans.

A suivre…

par Yéochoua Sultan

Israel 7

http://www.israel7.com/2012/03/pourim-a-commence-en-lan-3405/

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