…encore faudrait-il se soigner de l’antisionisme.

Ou: L’amalgame, un principe à trois vitesses

La notion d’amalgame, dans le langage politique et médiatique, est apparente dans un seul contexte, dans lequel elle revêt une puissance tellement grande qu’elle fustige et anéantit les notions de liberté d’expression et de démocratie.

Cet amalgame est synonyme de terreur.

Dans pratiquement tous les forums mis sur le devant de la scène par les grands médias, les intervenants, invités, participants, sont soigneusement filtrés, afin que tous émettent sur la même longueur d’onde.

Les concepts servant de base à un faux débat sont acceptés par tous.

Il est inutile de rappeler, dans ces lignes, qu’une certaine tranche de la population, en Europe, risque à la longue, et pas seulement aux dires des autochtones, de transfigurer ce continent, si ce n’est déjà fait. (Voir «Le nouveau monde arabe et la résistance des irréductibles»).

Imaginons un seul instant le dérapage suivant, et supposons que l’un des participants à un débat sur la crise économique ou sur l’insécurité, sur un plateau en direct, ne parle pas des problèmes posés par les jeunes mais par les musulmans.

Encore, si sa langue ne fourchait qu’en employant le terme islamistes, on le remettrait gentiment en place, en ne faisant que légèrement clignoter un voyant rouge.

Et s’il ajoutait là-dessus que ces prétendus jeunes peuvent être âgés aussi bien de quinze ans que de quarante ou cinquante, le téléspectateur verrait alors apparaître automatiquement sur son écran la fameuse note annonçant:

«Dans quelques instants, reprise de notre programme».

Mais ce genre d’incident ne risque pas d’arriver, vu le nombre de précautions plus draconiennes les unes que les autres, que l’on se rassure.

En revanche, si vous voyez que l’on accorde le droit de parole à une personnalité qui reste persuadée que le déséquilibre sécuritaire et social est dû à une trop forte immigration et à une indulgence sans nom de la justice envers la délinquance d’origine étrangère, vous constaterez assez rapidement qu’il s’agit d’un piège prémédité et destiné à une coupure de la parole dans les règles, avec une contre argumentation souvent fautive et de toute façon fondée sur des remontrances pseudo morales comme :

«Vous n’avez pas honte, à notre époque civilisée, de soutenir des propos qui ne sont que l’expression de la haine etc.»


Véronique Genest chez Laurent Ruquier

Dans ce dernier cas, de deux choses l’une: ou bien l’antagoniste, insuffisamment préparé parce qu’il s’attendait réellement à un débat équilibré, bafouille ; ou bien il a tout prévu et est prêt à parer en contrattaquant, mais alors on lui fera clairement comprendre qu’il a déjà trop usé et abusé de son temps de parole et qu’il doit penser à laisser aussi aux autres le droit de s’exprimer.

La perversité du jeu médiatique aura fait passer pour intolérante et totalitariste une personne à laquelle il aura catégoriquement coupé la parole.

Une autre méthode consiste, au même niveau, à faire démarrer le générique de la fin, celui qui accompagne le défilement des noms, le tout ayant été savamment calculé pour que celui qui soutient que les invasions ne se font plus par les armes mais par l’infiltration de masse ne puisse faire valoir des faits, chiffres ou arguments.

Quoi qu’il en soit, le ton de ces émissions est dans tous les cas celui de la terreur.

Le mot amalgame s’allume et se met à clignoter:

«Attention, vous n’êtes pas dans un débat. Vous assistez à votre propre procès. Tout ce que vous allez dire peut se retourner et être retenu contre vous.»

Le cerveau de la propagande est si fort que le concept de l’amalgame entrera exclusivement dans le contexte de l’islam, l’immigration, et de la délinquance qui en découle.

Pourtant, à l’envers du décor, un autre amalgame est tellement admis, évident, que son nom n’est jamais invoqué.

Celui-ci concerne les Juifs.

S’il est interdit de condamner un criminel musulman en établissant un lien entre son acte et son idéologie, il n’en est pas de même quand on parle d’un Juif.

Si un Juif tue deux Arabes et est condamné à deux peines de réclusion à perpétuité, alors qu’il avait été dans un premier temps sur le point d’être déclaré mentalement irresponsable, reconnu de surcroît, par ceux qui l’avaient côtoyé, au minimum comme un original, les médias, à commencer bien entendu par les plus gros, associeront avec appétence les mots: terroriste et juif.

Or, non seulement cet acte, en admettant qu’il relève d’un tel motif, apparait dans une proportion bien plus diluée qu’un composant actif dans un dosage homéopathique, comparé au terrorisme directement motivé par l’anti-paix (s a »>Article originallam = paix ; i-slam = non-paix ; le préfixe i, ou in, existe dans de nombreuses langues, dont l’hébreu et le français, voir: réel, irréel, possible, impossible), mais le terrorisme musulman est toujours présenté de sorte que les termes terrorisme et musulman n’apparaissent jamais côte à côte.

Et pourtant, les agressions musulmanes, du jet de pierre à l’attentat suicide, en passant par le tir de missile, sont systématiquement précédées par la formule «Allah est grand!» (Nous ne traduirons pas ici le nom Allah pour ne pas entrer dans un autre débat, puisqu’il peut vouloir dire E-l, D., ou Elil, dieu païen, ce que semble justifier le doublage de la consonne).

Et on s’éloigne d’autant plus du principe de terrorisme musulman que l’on ne se contente pas de dissocier l’adjectif du nom, mais que l’on édulcore ce dernier en le rebaptisant activisme.

Ce n’est donc pas par souci d’éviter le pléonasme que les médias ne disent pas terrorisme musulman ou terrorisme islamique, mais pour ne pas réveiller les démons.

Illustrons le principe de la terreur de l’amalgame : le plus effarant des massacres antisémites, perpétré en France au cours de la nouvelle période, est désigné sous le titre d’affaire du mal, l’Affaire Mérah (mérah signifiant du mal, tout comme Arafat voulait dire guillotine, Hamas dépouillement, ou vol aggravé etc.).

On constate qu’il n’est question ni de terrorisme ni d’islam, et encore moins d’antisémitisme, comme si le fait que le massacreur était antifrançais annulait le fait qu’il détestait aussi les Juifs, puisque moins par moins, ça fait plus. ( – x – = +) Mais là, c’est – + –.

Non seulement il s’agit d’un antifrançais, mais aussi d’un antisémite, ou réciproquement.

Le premier amalgame, prohibé, qui protège la population musulmane dans son ensemble, avec toutes les conséquences auxquelles s’expose le contrevenant, ouvre la voie au second, plus qu’autorisé, tacite et incontournable, qui met en danger la population juive dans son ensemble.

Or, ce qui montre pourquoi l’amalgame interdit est intrinsèquement lié à l’amalgame recommandé, c’est, par défaut, une situation qui ne jouit pas d’un amalgame protecteur.

Un retour en arrière avec arrêt sur image, nous ramène devant l’école Ozar HaTorah de Toulouse, au moment où on ne connait pas encore l’appartenance ethnico-religieuse du criminel.

Deux possibilités sont alors envisagées : celle qui s’est avérée réelle, encore à peine retenue, et celle de l’extrême droite, encouragée en raison de la religion dont les deux précédentes victimes étaient les adeptes.

Il fallait voir l’ampleur de l’indignation contre l’idéologie incriminée par supposition.

On cherchait au tueur des motifs idéologiques, des fréquentations, une école, des maîtres, des coupables.

Puis, l’attitude générale caressante, indulgente, compréhensive, vis-à-vis de l’idéologie musulmane, a présenté un caractère disproportionné, très loin du savon que l’on s’apprêtait à passer à l’extrême droite.

Sans vouloir prendre le parti d’une idéologie qui met souvent les Juifs dans le même panier que l’islam, nous serions-nous attendu à entendre une complainte officielle pleurant :

«Pauvre extrême droite, à cause d’un acte isolé d’un seul forcené, des gens violents et impulsifs vont encore faire l’amalgame, et s’en prendre à ses membres sans raison» ?

Donc, l’islam est protégé.

Et il est d’autant plus protégé qu’il s’attaque à des Juifs, surtout si l’on sait que les Juifs sont sous la férule despotique d’un amalgame mijoté avec beaucoup de soins depuis non pas treize ans mais trente-et-un.

Jusque là, le Juif était protégé ; pas depuis bien longtemps, il est vrai, depuis la fin de la Seconde (ou Deuxième) guerre mondiale, soit environ trente-sept ans.

Mais le concept d’antisémitisme était si fortement abject qu’il a fallu, dans un système de valeurs qui régit les emportements politiques et médiatiques, en inventer un autre pour le contourner.

Car on ne pouvait plus dire: «Il faut haïr les Juifs, ou s’indigner contre les Juifs.»

Mais on pouvait en distinguer une catégorie et haïr par extension, par amalgame, donc, tous les autres.

On a travaillé avec acharnement sur l’axiome: «Israël est haïssable».

Et ce travail a été fait à partir de la propagande lancée pendant la guerre du Liban (voir le roman Comme l’amandier en hiver).

Des commentaires haineux et accablants étaient énoncés sur fond d’étoile de David, filmée en gros plan sur le drapeau d’Israël.

Et les premiers effets se sont fait sentir rapidement, dans toute la France, comme une traînée de poudre.

Les Juifs étaient partout pris à partie, par amalgame.

S’ils répondaient honnêtement qu’ils se sentaient solidaires de l’Etat d’Israël, puisqu’enfin il existait des Juifs non apatrides, et qui se défendent stoïquement dans un océan de pays totalitaires qui refusent le dialogue, malgré sa main tendue pour faire la paix, ils s’exposaient à une colère d’autant plus virulente.

On exigeait qu’ils fassent acte d’apostasie, qu’ils se fassent ennemis de la cause d’Israël, qu’ils approuvent les antisionistes appelant à l’anéantissement du seul pays juif, tout comme leurs ancêtres devaient, au moyen-âge, dans des cas pas nécessairement extrêmes, et afin de s’attirer la sympathie de leur entourage, renier le judaïsme.

L’affaire Enderlin, survenue quant à elle voici treize ans, est par excellence l’illustration de l’amalgame dont sont victimes aussi bien les Israéliens que les Juifs encore en exil.

Certes, comme l’a démontré le courageux Philippe Karsenty, le reportage montrant un enfant musulman prétendument tombé sous les balles de l’armée israélienne était un faux, et les tribunaux français refusent, sur des problèmes de forme, de lui donner définitivement raison.

Il est regrettable que le gouvernement israélien, dont le bureau du Premier ministre a pourtant produit un document remettant en cause l’authenticité du reportage, ne vienne pas demander des comptes à la chaîne française coupable de la diffusion de ce faux, ainsi qu’à l’Etat français, sous l’autorité duquel il se passe de drôles de choses, sans parler bien sûr du correspondant.

Mais supposons qu’il ne se soit pas agi d’un faux ; ou encore, pour mieux comprendre qu’il est bien question d’un problème d’amalgame, transposons ce problème dans un autre pays.

Imaginons qu’en Syrie, un partisan du régime alaouite assassine une femme (l’exemple de l’enfant ne nous éloigne pas assez du contexte du faux du carrefour de Netzarim), après lui avoir fait subir les derniers outrages, parce qu’il suppose qu’elle est opposante ; ou qu’un opposant d’Assad s’en prenne à une partisane de ce même régime.

Ou alors imaginons qu’un policier égyptien, musulman, tire sur une foule de fidèles coptes à la sortie de la messe.

En ayant suffisamment d’imagination pour nous dire que ce n’est qu’une simple supposition, et pour penser que quelqu’un s’en offusquerait dans le camp des partisans ou des opposants, ou chez les Egyptiens musulmans, ou encore sur le plan de l’opinion mondiale, nous viendrait-il à l’idée de nous fâcher sans appel contre un habitant de Paris, sous prétexte qu’il soit partisan ou opposant au régime d’Assad, ou de nationalité égyptienne et de religion musulmane?

Cette transposition, imaginaire bien sûr, nous montre très clairement dans quelle mesure les Juifs sont, par excellence, les victimes de l’amalgame, amalgame dont le nom, antisémitisme, a été mis à jour et changé en antisionisme (cas rare où l’état civil le permet), en raison de la trop forte teneur qu’il renfermait.

Il est donc permis de vilipender, dans les rues de Paris, des Juifs, qui tombent sous le coup de l’anathème de l’amalgame, et à plus forte raison si les agresseurs sont musulmans, puisqu’ils sont, eux, immunisés contre toute attaque qui les mettrait dans un seul et même panier, et qu’ils sont aussi un peu les victimes, amalgame oblige, amalgame déguisé en solidarité ethnico-religio-culturelle, du méchant sionisme.

Le seul moyen qui resterait à un pays comme la France de guérir de son antisémitisme serait de se soigner dans un premier temps de son antisionisme, qui sert de tremplin à ce premier mal.

Seule une forte campagne de relégitimation d’Israël, et une condamnation continue des actes inhumains perpétrés dans les dictatures qui l’entourent, en bref un amour du sionisme, peut guérir l’Europe de son antisémitisme réhabilité sous l’identité de l’antisionisme.

En cette veille du soixante-cinquième anniversaire de la renaissance de l’indépendance d’Israël, il serait peut-être temps de penser à se soumettre à une sérieuse thérapie (de רפואה réfoua, ou תרופה teroufa, en hébreu).

Yéochoua Sultan/ Vu sous cet angle Blog Article original

TAGS : Antisionisme Antisémitisme Judéophobie Amalgames Novlangue

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Enderlin Islamisme

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