S’il veut se maintenir au pouvoir, le régime baasiste ne doit pas prendre de risques. Il est donc condamné à maintenir le statu quo avec Israël. Les explications d’un commentateur israélien réputé.
Shalom Yerushalmi?|?Maariv
Laissons de côté les menaces voilées contre la Syrie »>Article original du ministre des Affaires étrangères israélien, Avigdor Lieberman, et concentrons-nous sur son analyse à court terme. Force est de constater qu’il a raison : si une guerre devait éclater entre Israël et la Syrie, il ne faudrait que quelques minutes pour que la famille Assad perde le pouvoir. Cela étant, je suis convaincu qu’un sort tout aussi funeste attendrait les Assad s’ils parvenaient à conclure un accord de paix avec Israël. C’est la raison pour laquelle Bachar Al-Assad est coincé, tout comme Benyamin Nétanyahou. Le président syrien ne veut pas de paix réelle, mais il ne veut pas davantage la guerre. Tout ce qui l’intéresse, ce sont les processus de paix, qui lui permettent de restaurer sa légitimité dans le monde, mais aussi les menaces de guerre, qui lui permettent en même temps de consolider son régime tyrannique.

Commençons par la paix. Bachar sait parfaitement que le pouvoir de sa communauté minoritaire alaouite ne repose que sur l’état de belligérance avec Israël. La légitimité du régime des Assad est le combat contre l’ennemi sioniste. Pendant de nombreuses années, ce régime a servi de refuge aux criminels nazis et on le voit mal expliquer tout à coup à la population syrienne une paix avec l’Etat des Juifs. Un tel accord de paix risquerait de déstabiliser le régime baasiste en tournant le dos à ce qu’il considère comme sa « mission historique ».

« Si Ehoud Barak à l’époque Premier ministre d’Israël »>Article original l’avait vraiment voulu, un accord de paix aurait été conclu avec les Syriens dès la fin de l’année 2000″, déclarait Yossi Beilin ancien ministre de gauche »>Article original le 7 février dernier sur les ondes de la radio militaire israélienne. Selon lui, Barak aurait été consterné par les sondages qui indiquaient qu’une majorité d’Israéliens étaient opposés à tout retrait du Golan. Beilin a tout faux. Tout le monde sait, même Beilin, que, si les Assad avaient réitéré l’acte fort entrepris par l’ancien président égyptien »>Article original Anouar El-Sadate en prenant l’avion pour atterrir sans préalable en Israël et prendre la parole à la tribune de la Knesset pour y prononcer un discours proposant une paix véritable et définitive entre Israël et la Syrie, nous aurions restitué depuis longtemps le plateau du Golan. Mais Assad n’est pas venu et il ne viendra sans doute jamais, tant il n’est pas sûr qu’après une telle démarche il pourrait s’en retourner chez lui.

Toutefois, les Assad continueront sans doute à courir derrière le processus de paix. Bachar continuera de parler de l’importance du processus diplomatique, sans pour autant cesser de faire du retrait des territoires syriens occupés une condition préalable. Et il se fera un malin plaisir de prendre son temps en recevant et en faisant passer des messages secrets via les principaux chefs d’Etat européens, comme récemment encore avec Berlusconi et Sarkozy.

Il continuera de recevoir dans son palais des dizaines d’entremetteurs comme Ronald Lauder président du Congrès juif mondial »>Article original, Miguel Ángel Moratinos ministre des Affaires étrangères espagnol »>Article original, lord Michael Levy parlementaire travailliste britannique »>Article original et Fred Hoff envoyé spécial américain en Syrie »>Article original. Pourquoi pas ? Après tout, c’est ce jeu cynique et hypocrite qui lui permet de sortir peu à peu de l’isolement international tout en maintenant son alliance avec l’Iran. Bref, le renard syrien est au meilleur de sa forme.

Parlons à présent de la guerre. Les responsables militaires israéliens savent qu’une guerre contre la Syrie risquerait de nous causer des dégâts considérables. Assad sait pertinemment qu’une telle guerre détruirait la Syrie et sonnerait le glas du régime dominé par sa famille. C’est la raison pour laquelle la ligne d’armistice israélo-syrienne est beaucoup plus calme que les frontières nées de nos accords de paix avec l’Egypte et la Jordanie. C’est également la raison pour laquelle la Syrie a préféré faire preuve de retenue plutôt que de réagir au bombardement d’un réacteur à Deir Ez-Zor en septembre 2007. Leur guerre contre Israël, les Assad préfèrent et préféreront toujours la mener via le Hezbollah au Liban »>Article original. Des milliers de terroristes seront tués sur le sol libanais, tandis que des centaines de soldats et de civils israéliens perdront la vie. Mais, bien entendu, aucun soldat syrien ne tombera.

Les Assad ne tolérant aucune forme d’opposition en leur royaume, la dictature qu’ils ont mise en place est sans doute l’une des plus cruelles de la région et écrase d’une main de fer le moindre désordre. Le plus étonnant est que même les Juifs de Syrie y trouvent leur compte. Si les Juifs restés à Damas y jouissent d’une protection contre d’éventuelles atteintes à leur sécurité »>Article original, c’est sans doute parce que le régime baasiste n’a pas intérêt à se montrer faible. Voilà ce que veut Assad, un statu quo perpétuel et avantageux, mais qui ne tolérera jamais le moindre désordre de la part des pacifistes comme des bellicistes.

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires