Le conflit opposant Madrid et Londres au sujet du territoire de Gibraltar s’est envenimé ces derniers jours, à cause de blocs de béton jetés en mer pour créer un récif artificiel. Londres réclame des explicationsDes blocs de bétons provoquent la crispation des Espagnols, des Britanniques et des 30.000 habitants locaux autour d’un territoire de moins de 7 km2: Gibraltar. Madrid parle de «fin de la récréation», Londres menace de prendre «toutes les mesures possibles» et les autorités de la presqu’île dénoncent des «réminiscences du régime fasciste de Franco». L’enclave du Royaume-Uni à l’extrême sud de l’Espagne, serpent de mer des relations entre les deux pays depuis sa cession en 1713, connaît depuis une semaine une surenchère de déclarations patriotiques, de bombements de torse et de coups de menton.
À l’origine, la décision du gouvernement local de jeter à la mer 70 blocs de bétons hérissés de piques. Il s’agit, dit Gibraltar, de créer un récif artificiel pour empêcher le chalutage et attirer les poissons. La technique a d’ailleurs été utilisée par les Espagnols au large de la commune voisine de La Línea de La Concepción.

Les pêcheurs espagnols, habitués à être les victimes collatérales du conflit séculaire, y voient une mesure destinée à les empêcher de travailler dans les eaux de Gibraltar, dont la souveraineté est en dispute. Et le gouvernement de Mariano Rajoy a fait siennes leurs doléances. Depuis leur arrivée au pouvoir en novembre 2011, les conservateurs espagnols ont récupéré le vieux cri de «¡Gibraltar español!», auquel est sensible leur électorat traditionnel.
Mesures de rétorsion

Au-delà des mots, Madrid a pris une série de décisions qui ressemblent à s’y méprendre à des mesures de rétorsion. D’abord en surveillant de près la Verja (la Grille), la frontière transitée chaque jour par des milliers de personnes. Multiplier les contrôles prolonge d’autant les files d’attente (jusqu’à 6 heures de queue la semaine dernière). La technique, simple, efficace et légale, est un grand classique sur el Peñón (le Rocher).

Il suffit au ministre des Affaires étrangères de jurer que le zèle des fonctionnaires n’a rien à voir avec le conflit pour éviter que l’on accuse Madrid d’entraver la libre circulation. «Une chose et l’autre sont absolument indépendantes!, promet ainsi José Manuel García Margallo dans une interview publiée dimanche par le quotidien ABC. Notre obligation est de contrôler fermement la contrebande, le blanchiment d’argent et le trafic illicite». Comme si, s’amuse El País, Gibraltar était «une caverne de pirates, un nid de contrebandiers et un paradis pour les fraudeurs».
En outre, Madrid a bloqué le passage d’une demi-douzaine de bétonneuses à la frontière et a dénoncé les entreprises impliquées à la justice espagnole et à la Commission européenne. García Margallo, qui siffle dans son interview «la fin de la récréation», a lancé l’idée d’imposer une taxe de 50 euros pour l’entrée et la sortie de chaque véhicule. Un impôt justifié par les embouteillages provoqués à la frontière… par les contrôles de la police espagnole!

Le gouvernement espagnol menace également de renforcer les contrôles fiscaux, de réviser la concession de 60.000 lignes téléphoniques, de réguler le commerce florissant des paris en ligne, ou encore de restreindre le trafic aérien.
Autant de mesures «disproportionnées», dit Londres qui a convoqué l’ambassadeur espagnol. Lundi, un porte-parole de David Cameron a expliqué que la Grande-Bretagne était «sérieusement préoccupée» par ces tensions et souhaitait «une explication» de la part du gouvernement espagnol. «De claires réminiscences des politiques et tactiques développées contre Gibraltar par le régime fasciste de Franco dans les années 1950 et 1960», s’emporte le gouvernement local. Une politique «vintage», en tout cas, se moque El País, que l’opposition espagnole considère un peu vite comme un contre-feu à l’affaire Bárcenas, le scandale de corruption qui empoisonne le gouvernement Rajoy.

05-08-2013/Mathieu de Taillac/ Le Figaro.fr Article original

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Armand Maruani

I{{l existe à Gibraltar une communauté Juive . Je ne pense pas qu’ils souhaitent devenir espagnols . C’est mon avis bien sûr .

En effet :

Une présence juive est attestée à Gibraltar depuis la moitié du XIVe siècle. Les Juifs ont été expulsés en 1492 comme du reste de la péninsule Ibérique, jusqu’au XVIIIe siècle quand les Britanniques les autorisent officiellement à revenir à Gibraltar. La communauté juive de Gibraltar a prospéré comme l’une des plus importantes minorités religieuses dans la ville, en contribuant à la culture, à la défense, et au Gouvernement de Gibraltar.

Avant 1492

Les premières traces de la présence des Juifs à Gibraltar datent de 1356, lorsque la communauté demande de l’aide pour payer la rançon d’un groupe de Juifs prisonniers de pirates. Un autre document indique que certains Juifs fuyant Cordoue ont cherché refuge à Gibraltar en 1473.
En 1492, les Juifs sont expulsés de la péninsule Ibérique par le décret de l’Alhambra. Ils doivent choisir entre l’expulsion et la conversion forcée, certains maintiennent secrètement des coutumes et pratiques juives (crypto-judaïsme).

Loi britannique

Après la signature du traité d’Utrecht (1713), Gibraltar passe sous contrôle du Royaume de Grande-Bretagne et devient un territoire britannique. Dans le traité, l’Espagne a ajouté la clause interdisant la ville aux Juifs et aux Maures :

Cependant, les Britanniques ne respectent pas ledit accord; des Juifs s’installent dans la ville. Cette tolérance britannique fut considérée comme un manquement au traité d’Utrecht. Les Espagnols utilisèrent cet argument pour remettre en cause le traité et assiéger la ville en 1727, mais sans succès. Les autres arguments avancés concernaient l’admission des « Maures », l’extension des fortifications et la fraude à partir de Gibraltar2.
En 1729, un accord a été conclu entre les Britanniques et le sultan du Maroc, en vertu duquel les sujets juifs du sultan ont l’autorisation de résider à Gibraltar afin d’approvisionner la garnison britannique.

Du XXe siècle à nos jours

La plupart des Juifs de Gibraltar sont évacués vers le Royaume-Uni, au cours de la Seconde Guerre mondiale, lorsque Gibraltar est utilisée comme base d’opérations des forces alliées. Après la guerre, certains ont choisi de rester au Royaume-Uni, mais la plupart sont retournés à Gibraltar, malgré un ralentissement dans certaines de leurs pratiques religieuses. Cette tendance a été inversée, au moins en bonne partie, par les efforts du rabbin Josef Pacifici qui, outre le rabbinat, a assuré le développement de l’éducation juive à Gibraltar.
Plusieurs Gibraltariens juifs ont servi dans des postes importants dans le gouvernement, en particulier au XXe siècle, dont Sir Joshua Hassan qui a assumé deux mandats de Premier Ministre de Gibraltar. Le maire de Gibraltar, Salomon Levy, a commencé ses fonctions le 1er août 2008.
On dénombre cinq établissements cascher, une école primaire juive et deux écoles secondaires. En 2004, lors de la célébration du tricentenaire de la reprise britannique, pour la première fois, la congrégation de la Grande Synagogue (Shaar Hashamayim) a chanté officiellement l’hymne « God Save the Queen » en hébreu

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http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_Juifs_de_Gibraltar}} }}