« Cette nuit encore, les enfants doivent rester à la maison », a rappelé Manuel Valls.

La situation restait tendue dimanche 21 juillet, près du commissariat de Trappes (Yvelines). Vers 2 h 30 du matin, des coups de feux sporadiques ont été entendus pendant près de vingt minutes dans cette ville de 30 000 habitants. La police a ensuite investi deux barres d’immeubles, et les opérations étaient toujours en cours vers 3 h 30. Un hélicoptère survolait également la zone.L’envoyé spécial du « Monde » sur place, Shahzad Abdul, témoigne de la situation sur son compte Twitter.


Shahzad Abdul @abdulshaz

La bac a investi deux barres d’immeubles à #Trappes
3:28 AM – 22 Juil 2013


Shahzad Abdul @abdulshaz

#Trappes opérations en cours pic.twitter.com/eMzurn7gAQ
3:29 AM – 22 Juil 2013

Plus tôt dans la soirée, un groupe d’individus avait déjà défié les forces de l’ordre avant d’être dispersé par les policiers. Quelques dizaines de personnes s’étaient groupées non loin du commissariat, et avaient jeté un pétard en direction des forces de l’ordre. Les CRS s’étaient aussitôt déployés, repoussant le groupe à l’aide d’une grenade lacrymogène. Les individus avaient immédiatement quitté les lieux, où une vingtaine de fourgons restaient stationnés.

« L’ambiance est tendue, les collègues sont sur le qui-vive », a expliqué Maryline Bereaud, secrétaire départementale du syndicat policier Alliance. « On craint des réactions sur les communes voisines », a-t-elle ajouté.

VIOLENCES DEPUIS DEUX JOURS

Depuis deux jours, la ville est en proie à des violences, conséquence de l’arrestation polémique d’un homme dont la femme avait été contrôlée par les policiers parce qu’elle portait un voile intégral. Vendredi soir, près de 400 personnes avaient jeté des pierres, brûlé des poubelles et détruit des abris-bus aux alentours. La police avait répliqué avec des grenades de dispersion et des gaz lacrymogènes. Un adolescent avait été grièvement blessé à l’œil dans les affrontements et quatre policiers légèrement atteints.

A lire : « C’est toute l’atmosphère de Trappes qui nous donne des envies de révolution »

Six jeunes hommes avaient été interpellés pendant ces troubles. Quatre, âgés de 18 à 24 ans, ont été écroués dimanche et seront jugés lundi en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Versailles pour « violences », « outrages » ou « jets de projectiles contre les forces de l’ordre ». L’un d’entre eux a été relâché faute d’éléments contre lui, et le dernier libéré sous contrôle judiciaire en attente d’un procès en septembre.

Pendant la nuit de samedi à dimanche, alors que des renforts restaient déployés, des incidents ont de nouveau eu lieu : une vingtaine de voitures, dont une de policiers, ont été brûlées, et un automobiliste a foncé sur les forces de l’ordre qui ont réussi à l’éviter. Là encore, quatre personnes ont été arrêtées.

APPEL « AU CALME »

L’origine des violences remonte à jeudi, quand des policiers ont voulu contrôler l’identité d’une femme portant un voile intégral sur la voie publique, ce qui est interdit en France depuis 2011. Son mari, un Français converti à l’islam de 21 ans, s’y est opposé. Cet homme, qui a été remis en liberté sous contrôle judiciaire samedi, sera jugé en septembre. Il est accusé d’avoir agressé un policier et tenté de l’étrangler pendant le contrôle de son épouse. Celle-ci, une Antillaise de 20 ans, a affirmé que les policiers les avaient provoqués.

« C’est inacceptable qu’une personne veuille se soustraire à un contrôle, et pire, s’en prenne aux forces de l’ordre », a commenté dimanche sur la chaîne d’information en continu BFM-TV le ministre de l’intérieur, Manuel Valls. Assurant ne pas douter « un seul instant » de l’attitude correcte des policiers lors du contrôle, il a lancé un nouvel appel « au calme », en promettant que les renforts resteraient sur place aussi longtemps que nécessaire. « Cette nuit encore, les familles le savent, les enfants doivent rester à la maison », a-t-il dit en qualifiant ces violences d' »inacceptables ».

LA DROITE ÉGALEMENT RESPONSABLE, POUR DATI

M. Valls a également appelé chacun à « ne pas en rajouter comme font certains responsables de l’opposition ». « Attention aux propos que l’on tient sur les banlieues, sur l’islam avec les amalgames permanents, a-t-il prévenu. Je ne confonds pas ces incendiaires avec l’immensité majorité des quartiers populaires (…) et encore moins avec l’immense majorité des musulmans. »

Plusieurs responsables de la droite et de l’extrême droite ont en effet attribué ces incidents à la montée d’un « communautarisme » en France et ont dénoncé le « laxisme » du gouvernement.

Lire : Trappes : Valls juge les violences « inacceptables », la droite fustige le « laxisme »

L’ancienne ministre UMP Rachida Dati a mis quant-à-elle la droite face à ses responsabilités, dimanche. Dénonçant au passage « l’échec coupable de la gauche » face à la situation dans les banlieues, elle a estimé que « la droite ne doit pas s’exonérer de toute responsabilité ».

« Depuis plus de 30 ans, nous avons abandonné toute politique ambitieuse d’intégration à la République. Nous devons continuer à prôner la responsabilité et la fermeté, mais en évitant les discours provocateurs, pour ne pas dire les amalgames« .

lemonde.fr Article original

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