BEYROUTH, 04 déc 2013 (AFP, autres sources) – Le Hezbollah libanais a annoncé mercredi l’assassinat de l’un de ses leaders, intime de Nasrallah et chef suprême des lanceurs de missiles, près de Beyrouth, accusant directement Israël, l’ennemi juré du parti chiite. Mais le timing était presque parfait, après les premières accusations directes contre l’Arabie Saoudite, dans le discours de Nasrallah, quelques heures auparavant…

« La Résistance islamique annonce la mort de l’un de ses leaders, le martyr Hajj Hassan Hawlo al-Lakiss, qui a été assassiné près de sa maison dans la région de Hadath », 3 kms ausud-ouest de Beyrouth, a annoncé le mouvement dans un communiqué repris par sa chaîne de télévision Al Manar.

Le coup est d’autant plus dur qu’Hassan Hawlo al-Lakiss était considéré comme un homme très proche de Nasrallah, selon des sources du Secrétariat Général du mouvement terroriste chi’ite. Selon Amos Harel et Jack Khoury, du Haaretz Article original, cette élimination est la plus importante, depuis celle d’Imad Moughniyeh, à Damas, en février 2008.

Le fils de Lakiss avait, déjà, trouvé la mort durant la Seconde Guerre du Liban, contre Israël, à l’été 2006.

Lakiss était le commandant-en-chef de la division chargée du lancement de roquettes, qui a tiré des centaines de missiles contre Israël. C’est lui qui devait donc, prochainement, mettre en joue Tel Aviv, Dimona et le reste du territoire de l’Etat hébreu. On sait qu’il a détenu un rôle déterminant, à la tête du programme de développement de drones de l’organisation terroriste et qu’il avait un rôle-pivot dans bien d’autres aspects relatifs à l’infrastructure technologique du mouvement, dans son combat incessant contre Israël, selon une source libanaise, au Daily Star.

Lakiss était, entre autres, responsable des filières de contrebande d’armes entre l’Egypte et la Bande de Gaza, en plus de ses différentes fonctions concernant le développement technologique et la « recherche ».

Selon Ronen Solomon, analyste des renseignements, Lakiss avait la responsabilité de la fourniture d’armements iraniens au Hezbollah, y compris, en matière d’équipements de communications high tech, de missiles et de drones. Ses activités s’étendaient bien au-delà du Moyen-Orient, puisque c’est lui qui a financé, selon Matthew Levitt, du Washington Institute et spécialiste du Hezb, les réseaux du Hezbollah installés au Canada, depuis 1994. L’un de leurs agents opérationnels, Mohamad Dbouk, a déclaré aux enquêteurs américains, en 2001, qu’il travaillait directement sous les ordres de Lakiss.

Selon certains reportages des médias libanais, Israël aurait tenté de l’éliminer, au cours de la Seconde Guerre du Liban, notamment, alors qu’il roulait sur la route de la vieile ville de Sidon, mais, à l’époque, aurait échoué de peu.

D’autres sources, au Liban, considèrent qu’il a aussi participé à plusieurs batailles importantes sur le théâtre de guerre syrien, dont celle de Qusayr, ajoutant autant de motifs et d’intérêts croisés à son élimination.

Lakiss était un membre de l’élite de la branche armée du Hezbollah et occupait le poste de commandant dans le domaine des armes et technologies militaires, depuis de nombreuses années. Il maintenait, à ce titre, des contacts étroits et intensifs avec les services de renseignements iraniens et syriens. Il est connu des services occidentaux depuis les années 1980, parce que considéré comme l’un des tout premiers informés des secrets les mieux gardés entourant les opérations du Hezbollah, à travers le monde.

De ce fait, son élimination prive le Hezbollah d’une source majeure, qui a recueilli une somme colossale de connaissances, au cours des opérations militaires du mouvement terroriste et qu’il sera excessivement difficile de remplacer.

Cette nouvelle affaire, contre une personnalité de haut-vol du Hezbollah, met le doigt sur les enjeux d’une guerre secrète, qui oppose, par procuration, ou à travers des groupes croupions, services de renseignements iraniens et, vraisemblablement, saoudiens, avec des bénéfices collatéraux non-négligeables, pour d’autres puissances régionales, dont Israël.


Al-Lakiss

« L’accusation directe est dirigée naturellement contre l’ennemi israélien
qui a tenté d’éliminer notre frère
martyr, à plusieurs reprises et dans
plusieurs endroits, mais ses tentatives avaient échoué jusqu’à celle d’hier
soir
« , a indiqué le communiqué.

« Cet ennemi doit assumer l’entière responsabilité et toutes les
conséquences
de ce crime ignoble« , a poursuivi le parti.

Mais, l’Ambassadeur d’Iran à Beyrouth, Ghazanfar Roknabadi, est allé encore plus loin dans ses accusations et menaces, au moment des funérailles, cet après-midi :

« Alors que nous enterrons notre martyr, qui s’est sacrifié pour la nation et, principalement, pour la Cause Palestinienne, nous réaffirmons que ces actes de traîtrise commis par l’ennemi sioniste et ses agents ne rendront la Résistance que plus déterminée à réaliser ses objectifs et à éliminer jusqu’à l’existence-même d’Israël« , selon le Daily Star, à Beyrouth.

Les signataires du pacte de Genève, même avec une longue cuillère, seraient bien avisés de connaître les buts de l’Iran au Moyen-Orient et de les comprendre comme des appels directs et incessants au génocide.

Cet assassinat est intervenu mardi vers minuit, peu de temps après une interview télévisée du chef du parti, où Nasrallah accusait, déjà, l’Arabie Saoudite des derniers attentats-suicide à Beyrouth, le 19 novembre, contre l’Ambassade iranienne.


Drapeau du Hezbollah, déposé autour de la scène de crime.

La Radio la Voix du Liban a précisé qu’il se trouvait dans sa Jeep Cherokee, sur le parking devant les bâtiments résidentiels où il résidait, quand il a été tué par deux à trois assaillants. De premières sources les décrivaient comme munis de fusils d’assaut. Plus tard, on a mentionné, l’usage d’un ou de plusieurs pistolets 9 mm munis de silencieux. Ce qui fait dire à Jacques Lister, du magazine militaire Jane’s, à Londres, que cela traduirait l’action d’un service hautement professionnel et très bien renseigné.

C’est aussi ce qui a pu déclencher la vague d’accusations, en provenance des cercles dirigeants du Hezbollah, sans autre preuve ou certitude.

Gravement atteint, il a été conduit en urgence à l’hôpital le plus proche, où il est décédé quelques minutes plus tard.

Il aurait pris cinq balles dans la tête et à la gorge, dans ce parking souterrain, où ses exécuteurs l’attendaient, à peine quelques heures après le dernier show menaçant de Nasrallah sur les écrans. Il s’agit, visiblement, de prendre le leader du groupe terroriste à revers et en défaut, pour lui expliquer qui a le dernier mot, en matière de passage de la menace à l’acte.

La brigade Ahrar al-Sunna Baalbek, un groupe jihadiste jusqu’alors inconnu, a revendiqué cette attaque, vers 12h 15, heure locale, mercredi :

« La Brigade des sunnites libres de Baalbeck a mis en garde Nasrallah contre la prise des sunnites pour cible avec pour objectif de prendre le contrôle du Liban », affirme le groupe encore inconnu sur son compte Twitter.

« Nous avons à plusieurs reprises mis en garde contre les exactions et les arrestations dont sont victimes les sunnites à Baalbeck de la part des chabihhas du Hezbollah », ajoute le groupe dans un arabe approximatif . « A partir d’aujourd’hui, les mosquées des sunnites ne seront plus violées à Baalbeck », poursuit encore la Brigade des sunnites libres. –

Quelques heures plus tard, un autre groupe baptisé la « Brigade des partisans de la nation islamique » (Katibat Ansar al-Oumma al-Islamiya) a également revendiqué l’assassinat.

Dans un communiqué envoyé à plusieurs médias libanais, la « Brigade des partisans de la nation islamique » affirme que cet assassinat s’inscrit dans le cadre d’une opération baptisée « Invasion de la banlieue sud (de Beyrouth) », (fief du Hezbollah, ndlr). « Les héros ont réussi à infiltrer la banlieue sud pour éliminer Hassan al-Lakiss, l’un des principaux responsables du massacre de Qoussair« , souligne le texte.

De fait, plus qu’à l’accoutumée, le discours de Nasrallah s’est montré d’une arrogance sans bornes, ne manquant jamais d’accompagner d’une pointe de ricanement et d’acidité chaque mention qu’il a fait des Etats-Unis, de l’Arabie Saoudite et d’Israël. Il a glorifié le nouveau statut de grande puissance accordé par l’Administration Obama à l’Iran, comme vendant la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Il a fait l’éloge de cet accord comme marquant la fin du monopole du pouvoir des Etats-Unis dans la région, tout en insistant sur l’hypothèse qu’Israël n’est pas en capacité d’attaquer les installations nucléaires iraniennes, sans un feu vert de la Maison Blanche. Pour lui, la guerre entre l’Arabie Saoudite et l’Iran n’a jamais cessé, accusant un groupe appuyé par la couronne wahhabite d’avoir perpétré les récents attentats contre l’ambassade d’Iran à Beyrouth.

L’usage de fusils d’assaut indiquerait plutôt les prédilections d’un commando ou de Jihadistes courroucés contre la milice pro-iranienne, alors que l’emploi de silencieux correspondraient à celles d’un service secret méthodique et moins détectable… .

Cet assassinat intervient alors que le mouvement armé combat depuis des mois auprès du régime syrien de Bachar al-Assad, lui permettant de remporter des victoires sur le terrain face aux rebelles.

L’avertissement cuisant de la mort de Lakiss aurait donc pour visée d’instruire Nasrallah et le reste de la région, que ses envolées lyriques gonflées de vantardise sont celles d’une outre pleine de vent. Son propre cercle de commandement le mieux sécurisé fait l’objet d’infiltrations en profondeur. Qui que soit celui qui a envoyé ces tueurs peut, à nouveau et à sa guise, provoquer des pertes essentielles dans ses rangs, au plus haut niveau de sa pyramide.

Le message adressé directement au Général Qassem Souleimani, chef incontesté des Pasdarans iraniens serait le suivant : votre Hezbollah exerce une très large domination sur le Liban. Si, vous, Iraniens, êtes incapables d’assurer la sécurité des symboles de la puissance iranienne et de vos chefs par procuration à Beyrouth, vous ne pourrez pas mieux ni très longtemps, garantir la survie de Bachar al Assad, à Damas.

Qui que soit le commanditaire final de l’acte, il est, apparemment, plus facile et naturel, pour le Hezbollah, de désigner le coupable idéal, Israël, que d’atteindre les services du roi d’Arabie Saoudite. En termes de rivalité arabe ou perso-arabe, et de théorie de la conspiration, il est aussi plus aisé de s’avouer victime d’un « complot du Mossad », toujours décrit comme macchiavélique et dont les exploits sont devenus des lieux communs, que de reconnaître qu’un autre service d’un pays arabe ait pu, à ce point, pénétrer les réseaux sécuritaires de la meilleure arme internationale dont dispose Téhéran : le haut-commandement du Hezbollah, son arme de dissuasion, à déclenchement immédiat, en cas d’attaque contre ses sites nucléaires

Si on s’en tient aux accusations de la veille contre l’Arabie Saoudite, Riyad marque des points, en laissant entendre qu’il garde la main leste, pendant que d’autres vocifèrent et s’époumonent.

Il fait peu de doute, à Beyrouth comme à Téhéran, que l’Arabie Saoudite inflige des coups stratégiques mortels sur les arrières de l’Axe irano-syrien, à l’heure de la bataille décisive de Qalamoun. Mais, la suspicion s’installe que, sur certaines opérations, Saoudiens et Israéliens pourraient bien marcher main dans la main : en Iran, Syrie et au Liban… La rumeur, en tout cas, suffit à le croire.

Yigal Palmor, porte-parole du Ministère israélien des Affaires étrangères, a démenti toute implication israélienne.

« Israël n’a rien à voir avec ce nouvel incident », a déclaré Palmor, « Ces accusations automatiques sont un réflexe inné, au Hezbollah. Ils n’ont pas besoin de trouver des preuves, ils ne se préoccupent pas des faits, ils se contentent d’accuser Israël de tout ce qui leur arrive »…

Mercredi après-midi, le Colonel (de réserve) Ronen Cohen, ancien directeur du bureau anti-terroriste des services de renseignements militaires, a averti q’une attaque de représailles était tout-à-fait possible, de la part du Hezbollah, en particulier, depuis qu’il subissait moins de pressions de la part de son parrain iranien, à la suite de l’accord de Genève, qui permet à Téhéran de laisser la bride sur le cou à son bras armé terroriste.

« L’appareil de sécurité comprend totalement les changements en cours et, par conséquent, à la différence des années passées – durant lesquelles on évaluait qu’une action de cette nature ne se produirait, vraisemblablement, pas directement à la frontière israélo-libanaise – on pense, à présent, qu’ils peuvent s’autoriser ce type d’initiatives, fondées sur la quasi-certitude que la question iranienne est presque réglée, avec l’accord dans la poche« , a t-il dit à la radio de l’armée. « Le Hezbollah sera, également, tenté de frapper les intérêts israéliens ou/et juifs à l’étranger ».

« Si le Hezbollah se livre à une attaque contre le territoire israélien, notre réplique sera ferme et douloureuse », a prévenu à la radio militaire le vice-ministre de la Défense, Danny Danon.

Sources : AFP

Roi Kais ynetnews.com Article original.

YIFA YAAKOV et AVI ISSACHAROFF 4 Décembre 2013, 9:04 am

timesofisrael.com Article original

Amos Harel, Jack Khoury, haaretz.com Article original

debka.com Article original

Compilation : Marc Brzustowski.

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Elie

…..Quelque soit le ou les auteurs de ce NETTOYAGE , BRAVO , BRAVO , BRAVO !!!!

..Bientot au tour de « son chef  » qui doit trembler de tous ses membres !!!!!!!