Le président égyptien Hosni Moubarak a déclaré jeudi soir qu’il déléguait ses pouvoirs au vice-président Omar Souleimane.

M. Moubarak a terminé son adresse à la nation sans annoncer sa démission. Des manifestants place Tahrir au Caire brandissaient des chaussures pour montrer leur mécontement, déçus par le fait qu’il ne démissionne pas.

« La transition va d’aujourd’hui à septembre », a déclaré M. Moubarak, ajoutant qu’il n’allait pas briguer de nouveau mandat.

Il s’est dit « déterminé à protéger la constitution jusqu’au transfert de pouvoir au vainqueur d’une élection honnête ». Il a indiqué qu’il demandait l’amendement de cinq articles de la Constitution et l’annulation d’un sixième.

Hosni Moubarak a affirmé qu’il n’allait pas quitter le pays allant jusqu’à déclarer qu’il voulait être « enterré en Egypte ».

« Le sang de vos martyrs n’a pas été versé en vain », a-t-il aussi déclaré, en allusion aux affrontements parfois meurtriers lors des manifestations.

Jeudi matin, les manifestants scandaient : « Le peuple veut faire tomber le régime » au 17e jour d’une mobilisation sans précédent contre le président Moubarak, au pouvoir depuis près de 30 ans.

L’armée prend l’initiative

L’armée égyptienne interviendra si les manifestants refusent un transfert des pouvoirs du président Hosni Moubarak au vice-président Omar Souleimane, a rapporté jeudi sans autre précision la chaîne de télévision Al Arabiya.

Le Conseil supérieur des forces armées s’est réuni dans la capitale et a décidé de siéger en permanence pour « répondre aux demandes » des manifestants de la place Tahrir.

Le général Hassan al Roweny s’est rendu sur cette place devenue symbolique et a solennellement déclaré aux manifestants que tout ce qu’ils souhaitaient allait « se réaliser. »

Il a été acclamé aux cris de « Le régime est tombé! », a rapporté un journaliste de Reuters sur place. D’autres manifestants ont souligné qu’ils voulaient un pouvoir civil. « Nous ne voulons pas de militaires », scandaient-ils.

Le mouvement s’étend à divers secteurs
Le mouvement de protestation en Egypte s’est étendu à divers secteurs sociaux avec l’organisation de plusieurs marches ou grèves dans différents secteurs de l’économie.

Des employés de la plus grande usine textile d’Egypte, employant 24.000 personnes à Mahallah dans le delta du Nil, ont indiqué à l’AFP avoir entamé jeudi une grève illimitée en solidarité avec les manifestants anti-gouvernementaux et pour demander une hausse de leurs salaires.

Place Tahrir, centre de la mobilisation

De nouvelles tentes ont été installées sur cette place, devenue le symbole du soulèvement déclenché le 25 janvier et occupée jour et nuit depuis le 28 janvier par les manifestants.

Les deux entrées de la route menant au Parlement étaient par ailleurs bloquées. « Non à (Omar) Souleimane (le vice-président)!, « Non aux agents américains », « Non aux espions israéliens », « A bas Moubarak », scandaient-ils. »Si nous ne mourons pas ici, nous mourrons en prison. Je préfère mourir ici », affirmait un jeune diplômé de 24 ans au chômage.

Mardi, durcissant le ton à l’égard des manifestants, le ministre des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit a prévenu que l’armée interviendrait « en cas de chaos pour reprendre les choses en main ».

Affrontements mercredi dans le sud du pays

Quatre personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées par balles mardi et mercredi lors d’affrontements entre les forces de sécurité et environ 3.000 manifestants dans le gouvernorat de la Nouvelle Vallée, à 500 km au sud du Caire, selon la télévision publique.

A Port Saïd (nord est), quelques 3.000 manifestants hostiles au président égyptien ont saccagé un bâtiment officiel et incendié la voiture du gouverneur. Les manifestants venaient du bidonville proche de Zirzara, où ils vivent dans des cabanes en bois et réclament depuis 15 ans un logement décent.

Washington durcit le ton

Les Etats-Unis ont nettement durci le ton mercredi à l’égard des autorités égyptiennes, qu’ils ont exhortées hier à prendre « de vraies mesures concrètes » pour satisfaire les manifestants. La Maison Blanche a par ailleurs estimé que la poursuite de la mobilisation populaire en Egypte montrait que les réformes politiques dans ce pays n’avaient jusqu’ici pas été suffisantes.

La transition promise par le pouvoir ne répond pas au « seuil minimum » des attentes des Egyptiens, a affirmé le porte-parole du président Barack Obama, Robert Gibbs. Il a aussi réitéré l’appel des autorités américaines à des « mesures claires et concrètes », ainsi qu’à des « changements irréversibles » dans le fonctionnement du gouvernement égyptien.

Le gouvernement égyptien a aussitôt réagi dénonçant des tentatives de la part des États-Unis « d’imposer » leur volonté à un allié fidèle et soutenant que des réformes rapides seraient trop risquée dans un entretien à la chaîne de télévision américaine PBS.

Il a prévenu que « l’armée interviendrait en cas de chaos pour reprendre les choses en main », alors que Washington a enjoint l’armée égyptienne à continuer à faire preuve de modération.

Les annonces de Moubarak jugées insuffisantes par les manifestants
Les manifestations de mardi en Egypte ont été les plus importantes depuis le début de la contestation. La foule a réservé un accueil triomphal au cyber-militant et cadre de Google Wael Ghonim, libéré lundi après 12 jours « les yeux bandés » aux mains des très redoutés services de sécurité d’Etat.

Les mesures politiques – y compris l’annonce le 1er février du président qu’il ne briguerait pas un sixième mandat en septembre – n’ont pas apaisé la colère des manifestants.

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Armand Maruani

Ce qui est triste , c’est de voir tous ces malheureux s’imaginer que la « révolution » va régler du jour au lendemain tous leurs problèmes.J’ai une image en tête : les frères musulmans jouant de la flute entraînant derrière eux le pauvre peuple vers l’abîme. Le hamas, le hezbollah et le nazillon iranien applaudissent en grands connaisseurs.

Armand Maruani

correction, il faut lire « révolution iranienne  » et non pas  » irakienne »

Armand Maruani

Hitler ,comme tous ces abrutis qui applaudissent, aurait été favorable à toutes ces « révolutions » arabes. Nous sommes en train d’assister à un remake de la révolution irakienne. On invite sur tous les plateaux TV Tarik Ramadan petit fils du fondateur des frères musulmans , comme une star. Quant à Obama, il s’approprie toutes les « révolutions » ce qui ne plait déja pas à beaucoup de musulmans, il va vite déchanté lui aussi. L’euphorie ne va pas durer longtemps.Attendons la suite du feuilleton , beaucoup d’inquiètude à l’horizon.