Autour de nous, des guerres éclatent, des conflits s’installent, des crises se déclenchent, des peuples souffrent.

Les Libanais applaudissent tel ou tel camp.

Ils diabolisent tel ou tel autre.

Quoi de plus logique, vu leurs divisions communautaires et les convictions qui les opposent!

Possèdent-ils seulement la vérité absolue ?
La volonté de l’être humain d’exister est si forte qu’elle se fait souvent au détriment et par peur de l’autre, qu’il soit individu ou qu’il fasse partie d’un groupe.

Poussés par un fanatisme aveugle, guidés par l’attrait du pouvoir, des hommes menacent, s’imposent, attaquent, tuent de sang-froid. Des familles pleurent leurs morts.

Le deuil est difficile. La douleur indicible.

Tellement forte qu’il en devient impossible de comprendre, d’accepter, de pardonner.

La violence ne peut qu’engendrer la violence. L’horreur sous toutes ses formes s’étale au grand jour, devant le regard impassible des témoins.

L’horreur de la guerre, la souffrance des victimes, le désespoir des familles démembrées, les Libanais ont tout vécu.

Durant quinze ans.

Jusqu’à en vomir.

Depuis le 13 avril 1975 et le drame du bus de Aïn el-Remmaneh, bizarrement baptisé aujourd’hui « Incident de la bosta de Aïn el-Remmaneh ».

Triste souvenir, hier, vendredi 13 avril 2012, que celui de cette interminable guerre civile que les Libanais n’ont toujours pas digérée.

Une guerre qu’ils ont enfouie au plus profond d’eux-mêmes et qu’ils tentent délibérément d’oublier.

Car elle est douloureuse.

Car elle les a dépouillés de leur humanité.

Car elle en a fait des sauvages prêts à tuer pour leur survie.

Le nécessaire travail de mémoire, ils n’en veulent même pas.

Entourés de peuples en révolte, jusqu’à leurs plus proches voisins, ils s’enflamment aujourd’hui, emportés par leur fanatisme qui ressurgit du plus profond d’eux-mêmes.

Par cette facilité de trancher au nom du bien et du mal. Quitte à en oublier leur propre histoire.

Une histoire entachée de haine, de sang et d’absence de dialogue.

Quitte à refuser de voir les risques qu’ils encourent, et leur Liban avec.

C’est donc armés de leurs sempiternelles idéologies, équipés de leurs éternelles œillères, que les Libanais continuent de mener la barque.

Avec cette même absence d’humanité qui les a caractérisés durant la guerre.

Sous mille et un prétextes, ils refusent ainsi de donner aux femmes de leur pays leurs droits les plus légitimes.

Incapables de protéger l’enfance démunie, ils ferment les yeux sur le travail des mineurs et sur le flagrant trafic d’enfants.

Ils préfèrent aussi se voir traités d’esclavagistes, plutôt que d’inclure dans le code du travail les employées de maison migrantes.

Les dossiers en suspens pullulent, les atteintes aux droits de l’homme se multiplient.

Le silence des responsables est criant… d’inhumanité.

Qu’ont donc fait les Libanais de leur humanité ?

Anne-Marie El-HAGE Article original

Liban Aïn el-Remmaneh Guerre Civile Printemps Arabe Syrie Jordanie

Egypte 13avril 1975

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