Pas de standing ovation, cette fois, après le discours de la ministre de la Justice au congrès de l’USM (Union syndicale des magistrats), majoritaire (68,4%) chez les 8.200 magistrats de France. Pas de standing ovation, cette fois, après le discours de la ministre de la Justice au congrès de l’USM (Union syndicale des magistrats), majoritaire (68,4%) chez les 8.200 magistrats de France. Un an après l’accueil « chaleureux » réservé à la garde des Sceaux lors du dernier congrès à Colmar, les magistrats n’ont pas fait preuve, vendredi 15 novembre au palais de Justice de Paris, du même enthousiasme. C’est peu de le dire.

« L’année qui vient de s’écouler, au-delà des paroles publiques souvent apaisantes, est clairement celle des désillusions quant aux actes », a attaqué d’emblée le président de l’USM, Christophe Régnard, devant une 1ère chambre civile de la cour d’appel de Paris bondée. « Objectivement, que garderons-nous des douze derniers mois ? » a-t-il lancé, costume sombre et cravate grise. « Une réforme de société emblématique, celle du mariage pour tous (…). Quelques circulaires en matière pénale.

Une réforme symbolique et a minima des relations entre le ministère et les parquets. Et la création d’innombrables et parfois redondants groupes de travail, missions et commissions. Voilà un bilan sommaire et finalement, pour l’instant, plutôt limité de votre action place Vendôme ». Le ton est donné.

Et le discours sans détour : « La réalité est que, dix-huit mois après votre arrivée place Vendôme, nous sommes déçus ».

« La Justice est-elle vraiment une priorité du gouvernement ? »

Avant d’en dire davantage, et alors même qu’on apprenait qu’une conseillère municipale UMP de Seine-et-Marne avait diffusé sur son profil Facebook une image de la garde des Sceaux pastichant une publicité Banania titrée « Y’a pas bon Taubira », Christophe Régnard est revenu sur les attaques racistes dont la ministre est victime. « Les injures et les propos racistes dont vous êtes victime nous scandalisent.

Dans une démocratie, on peut être en désaccord et l’exprimer, mais on doit à l’autre le respect pour ce qu’il est, et pour ce qu’il pense. » Longs applaudissements dans la salle. Avant de revenir aux critiques. Notamment sur les travaux de la conférence de consensus dans le cadre de la lutte contre la récidive.

Sur l’échec de la ministre à faire adopter la réforme du CSM (Conseil supérieur de la magistrature, instance de nomination et de discipline des magistrats ndlr) modifiant sa composition et ses pouvoirs. Le syndicat, qui souhaite le rétablissement d’une majorité de magistrats au CSM, estime que la ministre ne l’a pas suffisamment défendue. « Regrettable quand on voit que partout en Europe les CSM sont majoritairement composés de magistrats, cela dénote une défiance du politique vis-à-vis du juge », estimait son président peu avant l’ouverture du congrès.

Du côté des points positifs, Christophe Régnard s’est félicité de la poursuite de « l’absence de stigmatisation » des magistrats « au gré des faits divers », une parole « globalement tenue ».

Il a notamment souligné, au sujet de la réforme pénale, la suppression des peines planchers que le syndicat a « toujours combattues » et la fin de « nombre de dispositifs automatiques contraires à la nécessaire personnalisation des peines. » Avant d’insister sur les inquiétudes partagées par les magistrats liées au persistant manque de moyens des juridictions.

Et de lancer à la ministre : « La Justice est-elle vraiment une priorité du gouvernement ? » Puis de lui reprocher, de manière générale et tel un leitmotiv, un problématique manque de concertation. « Serait-ce que le dialogue social, annoncé comme essentiel, soit finalement vécu comme un obstacle », ou « doit-on l’imputer à votre proximité, réelle ou supposée, avec d’autres que nous dans la magistrature ? » a-t-il demandé, faisant référence au Syndicat de la magistrature, minoritaire.

« Vous avez passé en revue l’action que nous avons menée de manière subjective »

« A vous écouter, j’avais le cœur serré en me disant que le ministère de la Justice n’avait jamais connu de garde des Sceaux aussi hostile à la magistrature », lui a ensuite calmement répondu la ministre de la Justice, veste noire et écharpe colorée. Dans un long discours de plus d’une heure articulé autour de la parole –l’intitulé du congrès, « Paroles », est selon l’USM un « clin d’œil » à ses « beaux discours »- Christiane Taubira a réaffirmé que la sienne se voulait « claire, forte, constante, sans ambiguïté, sans calcul ni stratégie et sans hésitation », qu’elle soit prononcée en public ou en réunion de travail.

« Je consens des désaccords, des divergences » a-t-elle ajouté, énumérant les différentes actions menées par son ministère et défendant son engagement.  »

Vous avez passé en revue l’action que nous avons menée de manière subjective », a-t-elle aussi rétorqué, accusant l’USM de partialité. Quant au dialogue social, elle a assuré être « convaincue » de son caractère « essentiel », et du fait « qu’aucune réforme ne peut se concevoir sans consultation, sans association ».

« Je reconnais que la situation doit être améliorée », a-t-elle aussi admis, s’efforçant de conclure positivement : « Si vous le souhaitez, nous allons lever les malentendus, je suis prête. » Applaudissements, certes, mais pas de standing ovation.

Céline Rastello/ Nouvel Obs Article original

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Armand Maruani

{{ » standing ovation  » ?}}

{{La  » standing ovation  » nous la connaissons , elle est synonyme de meurtres pour Nous .}}

{{Oui par ces muzz extrémistes des cités quand on assassine des enfants dans une école Juive ou un enfant qui se rend à la synagogue avec une kippa .}}

{{Ces ovations allaient pour les bourreaux comme cette pourriture de MERD’ah .}}

{{A ce moment là où était notre Ministre de l’injustice ?}}

{{Aujourd’hui assassiner un enfant Juif , n’est qu’un  » détail  » insignifiant .}}

{{Mais par contre :  » ne touchez pas à mon pote  » …….. surtout s’il s’appelle Mohammed  » .}}

{{Ils me dégoûtent tous .}}