Les difficultés du président américain Barack Obama à mobiliser une majorité au Congrès et dans le monde en vue d’une frappe en Syrie alimentent les critiques des médias et analystes israéliens, inquiets d’un affaiblissement de la force de dissuasion américaine au Proche-Orient. Le Congrès américain doit commencer aujourd’hui à débattre du projet d’intervention militaire soutenu par M. Obama. Mais pour les commentateurs israéliens, un feu vert du Congrès est loin d’être assuré, et même la France, jusqu’à présent le soutien international le plus solide d’une action armée, veut attendre le rapport de l’ONU sur les armes chimiques avant d’éventuelles frappes en Syrie.
« Président dans un piège », titre le quotidien gratuit progouvernemental Israël Hayom.

« Seul », écrit en première page le quotidien populaire Yediot Aharonot en commentant une photo de M. Obama. « Les États-Unis ne peuvent pas se permettre d’être considérés comme une superpuissance faible et déclinante qui ne fait pas respecter ses lignes rouges », estime Boaz Ganor, directeur de l’Institut de contre-terrorisme d’Herziliya, près de Tel-Aviv. « Il est essentiel pour Obama d’obtenir le feu vert du Congrès, non pas pour les effets de la frappe, qui ne sera vraisemblablement que symbolique, mais afin de préserver la crédibilité, la force de dissuasion américaine au Proche-Orient », ajoute-t-il.

Les responsables israéliens sont restés largement muets sur une possible frappe, se conformant aux directives du Premier ministre Benjamin Netanyahu, dont le pays a pris des précautions militaires face à d’éventuels débordements sur son territoire. « Nous veillons sur Israël, un îlot de tranquillité et de sécurité grâce (…) à l’action très professionnelle et vigoureuse de nos forces de sécurité, dont une partie seulement est connue du public », s’est contenté de dire M. Netanyahu au début de la réunion hebdomadaire du gouvernement, faisant seulement allusion « à la tempête autour de nous ».

Erreurs d’appréciation

Pour l’analyste militaire du Yediot Aharonot, la probabilité que les États-Unis mènent des frappes contre la Syrie est maintenant « inférieure à 50 % ». « Le comportement d’Obama commence à sérieusement inquiéter ses alliés dans la région. Les chefs d’État de la région se rendent compte que même si Obama a une solide vision du monde, en pratique il la traduit par des décisions impulsives », écrit Alex Fishman, en allusion à la décision in extremis du président américain de demander l’aval du Congrès pour une frappe.

« Obama est en train de perdre toute crédibilité au Proche-Orient où seuls les leaders forts sont respectés », renchérit Efraïm Inbar, directeur du Centre Begin-Sadate d’études stratégiques de l’Université Bar-Ilan, près de Tel-Aviv. « Il était déjà perçu comme faible dans la région à cause de ses nombreuses erreurs d’appréciation, notamment en Égypte et en Libye. Même s’il frappe en Syrie, on se souviendra toujours de ses hésitations », ajoute-t-il.

Pour l’ancien ministre adjoint des Affaires étrangères et ancien ambassadeur d’Israël à Washington Danny Ayalon, demander l’aval du Congrès n’est peut-être pour Obama qu’une excuse pour ne pas agir en Syrie.

« Un recours au Congrès pour une action militaire limitée de ce genre est presque sans précédent dans l’histoire américaine », a-t-il déclaré, ajoutant : « Obama n’avait pas besoin de cet aval pour agir face à ce genre de situation comme beaucoup d’autres présidents américains l’avaient fait dans le passé (…) »

En revanche, le président israélien Shimon Peres, dont la fonction est essentiellement honorifique, a défendu la décision de M. Obama. « Je ne pense pas que peser des décisions revient à bégayer. Je pense qu’on a le droit de peser le pour et le contre (…), avant plutôt qu’après. »

Pour Efraïm Inbar, le « vrai test » des États-Unis sera l’Iran, accusé, malgré ses démentis, de vouloir fabriquer l’arme nucléaire. « Après ses hésitations sur la Syrie, le seul moyen pour Obama de restaurer la dissuasion américaine dans la région sera d’empêcher l’Iran, au besoin par une action militaire, de se doter de l’arme atomique. »
© AFP

OLJ.com Article original

TAGS : Géopolitique Disuasion USA Leadership Obama Ligne Rouge

Médias Boaz Ganor Danny Ayalon

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yacotito

Au dernières nouvelles, la syrie pourrait éviter les frappes en livrant son arsenal chimique.
Si cela se réalise c’est déjà un acquis pour Israel.(à vérifier sur le terrain car avec les serpents que l’on a en face …)

Reste qu’Obama est le pire allié qu’Israel ait eu (si toutefois c’en est un). Dès qu’il lève le petit doigt, c’est pour faire une bourde. LaFontaine disait non sans quelque sagesse:

Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami;
Mieux vaudrait un sage ennemi.

david c

C’est depuis l’arrivée d’obama qu’ Israël s’inquiète ! Ce ne sont pas les États-Unis qui seraient une superpuissance faible et déclinante , c’est leur chef islamiste hypocrite qui voudrait les y mener ! Espérons qu’il n’y parvienne jamais .