Le placement de la « branche armée » du Hezbollah comme organisation terroriste aura –t-il le moindre effet?

Peu probable, à tel point l’Empire financier du groupe terroriste prospère, au coeur même de l’Europe, tenu par des agents en costume-cravate, apparemment, au-dessus de tout soupçon.

Nous préparons, à ce sujet, une carte d’Europe, exposant les principaux Centres d’implantation de cet Empire du Hezbollah, en Europe, à : Bruxelles-Antwerp, Madrid, Berlin, Copenhague, Varsovie, Bratislava, Kishinev, Bucarest, Sofia et Nicosie.En 2005, les agences pour le respect des lois en Roumanie ont examiné en profondeur les activités commerciales de Talal Mohammad Kansou, le propriétaire d’un restaurant libanais de Bucarest. Né au Liban, il avait vécu au Qatar, avec sa famille, durant plusieurs années, à la fin des années 1980 et avait emménagé en Roumanie en 1991. Mais, le 18 février 2005, le gouvernement roumain a rejeté sa demande de statut de résident permanent.

Un câble Article original de l’Ambassade américaine en expose les raisons. La mission diplomatique « disposait d’informations recoupées et corroborées, indiquant que le sujet avait des liens avec Hezbollah libanais et qu’il pourrait, en fait, fournir un soutien à des membres actifs du Hezbollah en Roumanie. « Le sujet a des relations d’affaires continuelles avec le Liban. De plus, le Ministère roumain de la Justice a condamné le sujet pour son implication dans les réseaux de trafic de drogue », expliquait le câble.

Le dossier Kansou est bien loin d’être unique en Europe. L’un des financiers les plus importants du Hezbollah, le milliardaire Kassim Tajideen, qui s’est vu placé, en 2010, sur la liste noire du Département américain du Trésor Article original pour ses liens avérés avec le « Parti de Dieu », avait déjà été arrêté en Belgique, en 2003, puis « coincé », en 2011, avec son frère, en République du Congo Article original. Mais les accusations pesant sur lui, « de fraude fiscale à grande échelle, de blanchiment d’argent et de commerce de diamants d’origine douteuse » n’avaient pu être prouvées, à l’époque, et il avait été libéré. Ses liens avec le Hezbollah, comme dans le cas de beaucoup d’autres hommes d’affaires, en cheville avec le mouvement terroriste, ne semblent pas poser de problèmes aux autorités européennes. Le fait de soutenir une idéologie ou une organisation n’est pas, en soi, illicite, tant que ces partisans ne portent pas préjudice aux autres. L’empire sociétaire des frères Tajideen est localisé au Congo-Kinshasa en Angola, au Sierre Léone, au Liban et aux Iles Britanniques.

***

L’Europe a fini par ajouter la branche armée du Hezbollah à sa liste des organisations terroristes, après une campagne de pressions, depuis l’attentat terroriste dans la cité balnéaire bulgare de Burgas, en juillet 2012, qui a fait six morts, parmi les touristes israéliens, passagers d’un bus et leur chauffeur local ; l’enquête qui a suivi a incriminé le Hezbollah. Dans un dossier séparé, un messager du Hezbollah, à Chypre, a avoué au Tribunal qu’on lui avait ordonné de surveiller les touristes israéliens en villégiature sur cette île méditerranéenne. Des hommes politiques et bureaucrates européens ont fait savoir que leur motivation principale était de mettre un terme à l’implication du Hezbollah dans la « guerre civile » syrienne. Mais l’Europe ferait mieux de s’inquiéter de l’Empire financier que le Hezbollah est parvenu à se tailler, en Europe même et de ses conséquences pour l’avenir du continent.

Les communautés chi’ites libanaises en Europe fournissent d’excellentes pépinières de recrutement pour le « Parti de Dieu » et donnent fréquemment de l’argent aux « œuvres caritatives » parrainées par le Hezbollah, qui lèvent des fonds, sous couvert de causes sociales au Liban.

Les hommes d’affaires en cheville avec le Hezbollah mettent aussi sur pied des sociétés-écran dans les pays à réglementation laxiste et dont les gouvernements sont faibles et corrompus, puis transfèrent ensuite leurs financements vers des comptes dans des banques européennes au-dessus de tout soupçon. Ces derniers agents sont les plus précieux pour le groupe libanais. Techniquement respectueux des lois européennes et sachant faire profil bas, ce sont eux qui amassent l’essentiel de l’argent dont le groupe a besoin pour financer, non seulement, ses programmes militaires, mais aussi ses écoles, ses hôpitaux et les activités de la communauté destinés à assurer une base populaire -donc sa « légitimité »- au groupe terroriste, à l’intérieur du pays.

Selon le professeur d’Université Hares Suleiman, au Liban, le Hezbollah a commencé à bâtir son empire financier dès 2001-2002, en suivant l’exemple des Gardiens de la Révolution iranienne, qui ont développé des réseaux de sociétés dans le Golfe. « Le Hezbollah a commencé à contacter des hommes d’affaires et à construire des partenariats, en augmentant, graduellement, son capital et en investissant dans des hôtels, la concession automobile, des usines de fabrique de vêtements et de la vente en gros », explique t-il. « A la même époque, des membres du Hezbollah et leurs partisans – qui n’avaient rien à voir avec des hommes d’affaires, du moins, à l’origine- ont ouvert de nouvelles affaires, des fonds d’investissement et des institutions, aussi bien au Liban qu’à l’étranger, dans des endroits comme l’Afrique, le Golfe, l’Amérique du Sud. Après la Seconde Guerre du Liban, en 2006, le phénomène n’a fait que s’accroître », fait-il remarquer.


Le château de Kherbet Selem. (Ana Maria Luca)

Ce changement est devenu particulièrement criant, au Sud Liban, où des villas ressemblant à de véritables châteaux ont poussé comme des champignons sortis de nulle part, juste après cette guerre. La plupart des résidents locaux vous serviraient la ligne officielle du Parti qu’ils soutiennent les yeux fermés : Ils construisent des villas pour prouver à quelle rapidité la « résistance » est capable de se régénérer, après une guerre contre Israël. Dans la ville de Kherbet Selem, où le Hezbollah contrôle le Conseil Municipal, les parents du Maire ont bâti un véritable château, avec le drapeau brésilien flottant au sommet – un clin d’œil à la source de l’argent qu’il a fallu pour le construire, provenant directement de l’Empire bourgeonnant dont dispose le Hezbollah en Amérique du Sud – et des portraits du dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, partout le long des murs.

L’essentiel de l’argent qui circule au milieu des villages du Sud Liban provient d’Amérique du Sud, d’Afrique de l’Ouest, où se situe la majorité des centres d’affaires du Hezbollah. Mais des sources bien informées affirment que cet argent fait même des poses durables dans les coffres- forts de l’Europe, détenus par des financiers, puis qu’il est blanchi à travers des sociétés-sœurs basées en Europe, de façon à ce qu’il n’attire pas trop l’attention.

Les communautés chi’ites libanaises supportrices du Hezbollah en Europe lèvent aussi des fonds pour le (supposé) « Parti de Dieu » grâce aux dons envoyés aux « œuvres caritatives ». L’Allemagne possède une très vaste communauté de partisans du Hezbollah qui s’est agrandie considérablement au cours de la dernière décennie. Des médias allemands ont rapporté Article original, en 2007, que 900 opérateurs du Hezbollah étaient, déjà, répertoriés dans le pays, et qu’ils se rencontraient régulièrement dans, au moins, 30 Centre culturels et mosquées de la communauté. Ces « activistes » soutiennent financièrement le Hezbollah au Liban, grâce à des organisations de levée de fonds, comme « l’Association pour le Projet libanais d’aide aux Orphelins ». Les financements donnés à cette association sont, alors, transférés à l’Association Al Shahid (du Martyr) du Hezbollah, qui soutient les familles du personnel paramilitaire- terroriste du Parti, tué au combat.

La Suède accueille aussi un forte communauté de partisans du Hezbollah, qui est autorisée à opérer librement dans le pays. Plusieurs rassemblements organisés par les partisans du Parti ont déjà bénéficié d’une participation considérable dans les principales villes du pays et ont recueilli le soutien inconditionnel des partis de l’opposition d’extrême-gauche du pays. L’an dernier, deux (double-) citoyens Libano-suédois ont été arrêtés par des instances séparées, pour avoir tenté de planifier des attentats contre des Israéliens à Bangkok et Chypre. Le Hezbollah a, également, organisé des levées de financements dans d’autres pays de l’UE, tels que le Danemark Article original.

Mais, le plus souvent, les autorités européennes et les agences censées faire respecter la loi, ne sont pas trop regardantes à l’encontre des activités du Hezbollah cherchant à lever des fonds, ni envers les affaires commerciales susceptibles d’avoir des liens avec le Hezbollah, parce qu’on préfère ne pas les percevoir pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire comme une menace pour la sécurité en Europe – et peu importe à quel point ces relations sont évidentes en direction d’organisations qui parrainent la violence n’importe où ailleurs. On ne sait pas si Kansou vit encore en Roumanie ou s’il fait des aller-retour vers le Liban. Son restaurant de Bucarest s’est étendu, entretemps, pour se transformer en hôtel trois étoiles, et ses relations présumées avec le Hezbollah n’ont jamais réellement fait l’objet d’une enquête sérieuse.

Pourquoi? Il règne toujours une grande part de confusion, entre ce qu’est un financier direct et avéré du Hezbollah et un simple homme d’affaires chi’ite, originaire du Liban, qui en viendrait, « naturellement », à soutenir « politiquement » le Hezbollah. Par conséquent, la volonté récente de l’Union Européenne de placer la « branche armée » du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes va, probablement avoir un impact très limité sur la capacité du groupe à exploiter l’Europe pour financer ses activités. Prouver qu’une personne est un combattant du Hezbollah est souvent extrêmement difficile, et le Hezbollah tend à utiliser des « hommes d’affaires » chi’ites en Europe, qui ne sont, d’ordinaire, pas détenteurs d’une carte du « Parti de Dieu » et dont « l’arme fatale » est le billet de banque.

Sans la volonté politique de prendre ces affaires commerciales pour cibles d’enquêtes et de déclarer ouvertement le Hezbollah lui-même comme une organisation terroriste active – et pas seulement sa « branche militaire », un distinguo que l’organisation elle-même n’a jamais reconnue et ne reconnaîtra jamais – les opérations de transactions et de levée de fonds, depuis le cœur même de l’Europe, qui paient les frais d’assassinats pour motifs politiques, à travers le monde entier, se poursuivront sans encombre. Et comme les dossiers de Burgas et de Chypre l’ont démontré, il n’y a aucune raison valable de croire que les attentats à la bombe et les meurtres commis par le Hezbollah resteront confinés au Moyen-Orient. Ils pourraient, tout aussi bien, survenir en Europe même.

Hanin Ghaddar et Ana Maria Luca

Hanin Ghaddar est la rédactrice en chef de NOW English, établi à Beyrouth. Elle Tweete via @haningdr Article original. Ana Maria Luca est journaliste, travaillant pour la même publication. Elle réidge sur Tweeter, via @aml1609 Article original.

tabletmag.com Article original

Adapté par : Marc Brzustowski

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BALTHAZAR

ET CE SONT LES MEMES QUI DENONCENT LA SOI DISANT MAIN MISE DES JUIFS ET DES SIONISTES SUR LA FINANCE MONDIALE.

gabriel67

Tout à fait d’accord, l’UE n’en n’est pas à sa première hypocrisie! Condamner la branche armée ne signifie rien, la démarcation entre la zone politique et la zone armée étant plus que floue, qui plus est, comme le dit bien cet article, les fonds du Hezbollah sont bien planqués en Europe, et ces soit disant « sanctions » n’auront aucun impact. Ce qu’il fallait, pour être honnête, c’est condamner le Hezbollah dans son ensemble, comme l’ont fait les Pays-Bas, le seul en Europe.

beni

Uniquement « la branche armée » est sur la liste rouge.

Quelle « subtilité » quelle « finesse » d’esprit habite l’Europe ?

Des islamo barbares qui eux ne font pas dans la dentelle pour assassiner femmes et enfants dans des autobus de tourisme (Burgas)
des juifs dans leurs batiments communautaires (Bueno Aires)….pour qui les crimes contre l’humanité s’appellent action militaire, assassinat de civils opération de guerre. Eux qui ne portent jamais d’uniforme et qui prennent leurs propres civils comme boucliers humains, en un mot il n’y a pour eux aucune distinction à faire entre un civil et un soldat.

Là l’Europe géniale fait la distinction entre les islamo fascistes portant les bandeaux rouges verts ou noirs, et les autres qui se présentent en djellaba et turban comme Nasrallah.

Quelle comedie, quelle hypocrisie !

Denis

Les Shiites libanais contrôlent le commerce du cacao en Côte d’Ivoire, que pense faire Ouatara avec eux?

Loutchia

Et vous vous étonnez que ces pays soient pro-palestiniens et contre Israël?