Est-ce que les Arabes, qui représentent un cinquième de la population d’Israël, peuvent être des citoyens loyaux de l’Etat juif?

C’est en pensant à ce problème que j’ai récemment visité plusieurs régions d’Israël habitées par les Arabes (Jaffa, Baqa al-Gharbiya, Umm al-Fahm, Haïfa, Acre, Nazareth, le plateau du Golan, Jérusalem) et que j’ai eu des discussions avec des Israéliens juifs et arabes importants .J’ai découvert que la plupart des citoyens arabophones éprouvaient des sentiments contradictoires concernant le fait de vivre dans un système politique juif.

D’une part, cela leur déplaît fortement que le judaïsme soit la religion privilégiée du pays, que la loi du retour permette seulement aux Juifs d’immigrer à volonté, que l’hébreu soit langue principale de l’Etat, que l’étoile de David soit sur le drapeau, et que la mention de « l’âme juive »soit dans l’hymne national.

D’autre part, ils se rendent bien compte de la réussite économique du pays, du niveau de soins de santé, de l’état de droit et du fonctionnement de la démocratie.

Ces conflits de sentiments s’expriment de différentes manières.

La population arabe israélienne de 1949, petite, sans instruction, et vaincue a décuplé, acquis des compétences modernes et retrouvé de l’assurance.

Certains issus de cette communauté ont obtenu des situations de prestige et de responsabilité, par exemple Salim Joubran de la Cour suprême de justice, l’ancien ambassadeur Ali Yahya, l’ancien ministre du gouvernement Raleb Majadele et le journaliste Khaled Abu Toameh.


Ali Yahya, ancien ambassadeur d’Israël en Grèce et en Finlande.

Mais ces quelques assimilés paraissent dérisoires à côté des masses mécontentes qui s’identifient au Jour de la Terre le 30 mars (NDLT) »>Article original, au jour de la catastrophe Nakba 15 mai (NDLT) »>Article original, et au rapport sur la vision de l’avenir des Arabes palestiniens en Israël »>Article original.

Fait révélateur, la plupart des parlementaires arabes israéliens, tels que Ahmed Tibi et Haneen Zuabi , sont des exaltés vomissant de l’anti-sionisme.

Les Arabes israéliens ont de plus en plus recours à la violence contre leurs co-nationaux juifs.

En effet, les Arabes israéliens vivent deux paradoxes.

Bien qu’ils souffrent de discrimination au sein d’Israël, ils jouissent de plus de droits et d’une plus grande stabilité que n’importe quelle personne de la population arabe vivant dans son propre pays souverain (on pense à l’Egypte ou à la Syrie).

Deuxièmement, ils possèdent la nationalité d’un pays que leurs compatriotes arabes calomnient et menacent d’anéantir.

Mes conversations en Israël m’ont amené à conclure que cette complexité empêche une vraie discussion, de la part des Juifs et des Arabes, sur toutes les implications qu’a l’existence anormale des Arabes israéliens.

Les parlementaires extrémistes et les jeunes usant de violence sont rejetés comme étant des marginaux non représentatifs.

En revanche, on entend dire que si seulement les Arabes israéliens obtenaient plus de respect et plus d’aide municipale de la part du gouvernement central, le mécontentement actuel serait atténué; car l’on doit distinguer entre (les bons) Arabes d’Israël et (les mauvais) Arabes en Cisjordanie et à Gaza ; et l’on met en garde que les Arabes israéliens contamineront les Palestiniens si Israël ne les traite pas mieux.

Signes religieux le long d’une rue principale de Baqa al-Gharbiya.

Mes interlocuteurs ont généralement écarté les questions sur l’Islam.

Cela paraissait presque impoli de parler de l’impératif islamique que les musulmans (qui représentent 84 pour cent de la population arabe israélienne) gouvernent eux-mêmes.

Discuter de la campagne des musulmans pour l’application de la loi islamique suscitait l’ébahissement et l’on passait à des sujets plus urgents.

Le soin mis à éviter le sujet m’a rappelé la Turquie avant 2002, quand le courant dominant des Turcs prétendait que la révolution d’Atatürk était permanente et prétendait aussi que les islamistes resteraient un phénomène marginal.

Il s’est avéré qu’ils avaient tort: une décennie après que les islamistes aient démocratiquement pris le pouvoir à la fin 2002, le gouvernement élu n’a cessé d’appliquer de plus en plus les lois islamiques et a construit un pouvoir régional néo-ottoman.

Je prédis une évolution similaire en Israël, alors que les paradoxes vécus par les Arabes israéliens gagnent en intensité.

Les citoyens musulmans d’Israël continueront à augmenter en nombre, compétences et confiance en eux, devenant simultanément plus profondément »>Article original intégrés à la vie du pays et plus désireux de se débarrasser de la souveraineté juive.

Cela donne à penser que, comme Israël surmonte les menaces externes, les Arabes israéliens vont s’imposer comme une préoccupation toujours plus grande.

En effet, je prévois qu’ils représenteront l’ultime obstacle à l’établissement du foyer national juif prévu par Theodor Herzl et Lord Balfour.

Que peut-on faire?

Les chrétiens du Liban ont perdu le pouvoir parce qu’ils ont incorporé trop de musulmans et ils en sont venus à représenter une proportion trop petite de la population du pays pour le gouverner.

Si on se rappelle cette leçon, l’identité et la sécurité d’Israël exigent de réduire au minimum le nombre des citoyens arabes – non pas en restreignant leurs droits démocratiques, et encore moins en les expulsant, mais par des mesures telles que ajuster les frontières d’Israël, construire des clôtures le long des frontières, mettre en œuvre de strictes politiques de regroupement familial, changer la politique pro-nataliste, et examiner attentivement les demandes d’asile.

Comble de l’ironie, le plus grand obstacle à ces actions sera que la plupart des Arabes israéliens souhaitent absolument demeurer des citoyens déloyaux de l’Etat juif (par opposition aux citoyens loyaux d’un Etat palestinien).

En outre, beaucoup d’autres musulmans du Moyen-Orient aspirent à devenir des Israéliens (un phénomène que j’appelle l’Alya musulmane).

Ces préférences, je le prédis, paralyseront le gouvernement d’Israël, qui n’élaborera pas les réponses adéquates, transformant de ce fait le calme relatif d’aujourd’hui en crise de demain.

Daniel Pipes -The Washington Times Article original
22 mars 2012

Version originale anglaise: Israel’s Arabs, Living a Paradox

Adaptation française: Anne-Marie Delcambre de Champvert

Mots-Clés : Israël Palestiniens Liban Juifs Musulmans Daniel Pipes

Démographie Prospective Géopolitique Politique Syrie Jordanie Turquie

Ataturk Islam

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yacotito

Excellent article auquel je souscris. J’ai particulièrement noté quelques phrases de cet article:
– Les Arabes israéliens ont de plus en plus recours à la violence contre leurs co-nationaux juifs.
– Les chrétiens du Liban ont perdu le pouvoir parce qu’ils ont incorporé trop de musulmans
– la plupart des Arabes israéliens souhaitent absolument demeurer des citoyens déloyaux de l’Etat juif
ajuster les frontières d’Israël

{{dire que le problème est très délicat serait un euphemisme.}}
– Comment en effet concilier la sécurité d’Israël avec le besoin vital de conserver un territoire majoritairement juif ? Comment, si on conclu un accord avec les palestiniens, ne pas reproduire l’erreur faite à Gaza, tout territoire donné étant automatiquement investi par des terroristes armés de missiles
– Comment vivre avec une forte minorité agressive envers ses co-nationaux, minorité qui ne respecte pas les valeurs humaines. Prendre le tram ou rouler en voiture constituera bientôt un risque non négligeable

Je pense que si accord avec les palestiniens il y a, l’échange de territoire doit être important de manière à positionner les zones à forte population arabe dans le futur état palestinien.

{{
J’en viens à me dire que seule la main de D. peut résoudre ce problème et qu’il est temps que le messie arrive}}