Le soutien de Moscou à la Syrie, qui s’est exprimé avec éclat par un veto russe à une résolution de l’ONU, est dû à la stratégie électorale de Vladimir Poutine en vue de sa réélection à la présidence, a estimé mercredi à Ottawa un des leaders de l’opposition russe.
Boris Nemtsov, l’un des organisateurs des manifestations anti-Poutine à
Moscou, a affirmé que le Premier ministre cherchait à « jouer sur les
sentiments anti-américains », une attitude toujours populaire en Russie,
surtout en province, pour faire oublier son image de « leader d’une
bureaucratie corrompue » à la veille de l’élection présidentielle du 4 mars
prochain.
Quant au veto, « nous sommes contre cela, soutenir Assad est contraire aux
intérêts de la Russie. Nous perdons le Proche-Orient pour longtemps », a
déclaré M. Nemtsov lors d’une conférence de presse à Ottawa, où il se trouvait
pour soutenir d’éventuelles sanctions canadiennes contre les présumés
responsables russes de la mort en 2009 en prison du juriste Sergueï Magnitski.
Il a estimé que l’appui de la Russie à l’Iran s’expliquait par les mêmes
raisons, alors qu’un Iran disposant de l’arme nucléaire présenterait plus de
risques pour la Russie voisine que pour l’Occident.
Enfin, M. Nemtsov a affirmé qu’en protégeant le président syrien, M.
Poutine « cherche à se protéger lui-même », pensant « qu’après (le président
déchu Hosni) Moubarak viendra le tour d’Assad, et après Assad, son tour à lui ».
« Il n’y a aucune stratégie là-dedans », a-t-il dit.
OTTAWA, 8 fév 2012 (AFP)