En Pologne, ce lieu de mémoire et ses archives subissent l’usure du temps : près de 70 ans après la libération du camp, ses conservateurs cherchent à financer un programme de réhabilitation.L’érosion du temps mais aussi les marécages, le climat rigoureux de la Silésie, les parasites et une fréquentation en constante augmentation (1,4 millions de visiteurs, l’an dernier) menacent la préservation du site d’Auschwitz-Birkenau, symbole parmi les symboles de la Shoah.

Classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, l’ancien camp d’extermination nazi, qui s’étend sur près de 200 hectares à une soixantaine de kilomètres de Cracovie (Pologne), posent à ceux qui en ont la responsabilité d’innombrables problèmes de conservation.

La tâche est immense : 155 bâtiments, des kilomètres d’enceintes, de barbelés et de voies ferrées, 250 mètres d’archives linéaires mais aussi quantité d’objets laissés par les victimes (80.000 chaussures, 3.800 valises, 280 châles de prière, 40 km de lunettes…) sont présentés sur le site, tout à la fois sanctuaire de la mémoire, cimetière géant sans sépulture (1,1 million de personnes y périrent), musée et centre de recherche historique.

Son directeur a lancé il y a quelques années un cri d’alarme qui a conduit à la création d’une Fondation chargée de constituer un fonds perpétuel de 120 millions d’euros destiné à financer un programme de préservation à 20-25 ans.


Piotr Cywiski, inquiet pour la préservation du lieu de mémoire polonais. Photo DR

Agir sur le long terme

« À ce jour, 50 millions ont pu être réunis grâce à l’implication d’une trentaine d’États ; avec les promesses de dons qui nous ont été faites, nous devrions pouvoir doubler ce fonds dans les prochaines années.

Cet argent, nous n’y touchons pas mais nous l’avons placé ; les intérêts qu’il génère nous permettent de mener chaque année diverses actions de sauvegarde, selon des priorités à présent définies », explique Piotr Cywiski, de passage à Metz pour une conférence.

Une dizaine de conservateurs travaillent désormais sur place auxquels des experts du monde entier (chimistes, architectes, archivistes…) viennent prêter main forte.

« Les difficultés les plus critiques portent sur les baraques en briques de Birkenau et les vestiges des chambres à gaz et des crématoires, dynamités par les nazis juste avant leur fuite », précise-t-il. Certains objets en plastique posent également problème.

« Dans un musée classique, la conservation porte sur quelques pièces maîtresses auxquelles on tente de restituer la beauté originelle. Là, nous sommes un peu dépassés par l’énormité de la tâche, qui vise à préserver l’authenticité d’une multitude d’éléments »

Piotr Cywiski a retrouvé néanmoins un peu d’optimisme : « Si nous parvenons à constituer notre fonds et à trouver les bonnes solutions techniques, alors, nous pourrons agir sur le long terme ».

Nicolas Bastuck

L’Est Republicain Article original

TAGS : Shoah Auschwitz-Birkenau Mémoire Histoire Pologne

Fondation Piotr Cywiski

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