Le scandale Al-Dura, vu par la presse israélienne.

La remise, dimanche 19 mai, au Premier ministre Binyamin Netanyahu du rapport gouvernemental israélien sur l’affaire Al-Dura, a fait, et c’est exceptionnel pour ce dossier, les grands titres de la presse israélienne de ce lundi. Le Maariv, le Israël-Ayom et le Makor-Rishon, tous trois quotidiens proches de la Droite israélienne, ont consacré leurs manchettes et la moitié de leurs premières pages aux conclusions de ce rapport qui remet en cause la thèse de France 2 et de son correspondant Charles Enderlin sur la mort de Mohamed Al-Dura, le 30 septembre au carrefour de Netsarim.
Quant au Yediot Aharonot (centre-gauche) et au Haaretz (extrême-gauche), ils mentionnent l’affaire en une, et la commentent. Dans chacun de ces quotidiens, on aperçoit la même fameuse photo montrant Djamal Al-Dura et son fils se protégeant des tirs, derrière un bloc de béton. Dimanche soir, les JT des trois grandes chaines sont plus ou moins longuement revenus sur les conclusions de ce rapport et ont rappelé à l’aide d’images d’archives, la scène du carrefour de Netsarim.

Les titres :

– Maariv titre : « 13 ans après l’événement-symbole de la seconde Intifada, un rapport gouvernemental statut que Mohamed Al-Dura a été vu vivant après les tirs »

– Israel Ayom : C’est officiel : Tzahal n’a pas tué Mohamed Al-Dura. La commission ministérielle chargée d’enquêter est parvenue à la conclusion que le symbole de l’Intifada repose sur des mensonges. La vidéo le prouve : Mohamed n’a pas été tué durant l’accrochage. Et il est douteux qu’il ait été blessé. France 2 réagit : Djamal AL–Dura est prêt à une autopsie du corps de son fils.

– Makor Rishon : « l’information sur la mort de Mohamed Al-Dura était fausse »

– Yediot Aharonot : « Il n’y a pas de preuve qu’AL-Dura soit mort ». La commission ministérielle dément l’accusation au cœur de la seconde Intifada »

Les commentaires

Plusieurs commentateurs mentionnent ce dénouement important et apportent leur éclairage. En voici trois de tendances politiques distinctes:

Ben Dror Yemini, l’un des commentateurs les plus originaux et les plus sérieux de la presse israélienne, regrette que ce rapport soit publié 13 ans trop tard : « D’un coté, mieux vaut tard que jamais, affirme-t-il en première page du Maariv, mais de l’autre, les dégâts ont déjà été causés et aucun rapport ne parviendra a les amenuiser. Concrètement, c’est le mensonge qui l’a emporté, car la vérité est arrivée trop tard. Bialik écrivait : S’il y a une justice qu’elle intervienne sans délai… Dans cette affaire, la justice n’est pas intervenue immédiatement, mais elle est finalement arrivée. Le mensonge a vaincu, mais la vérité est apparue comme une étincelle, rare et brève ».

Amnon Lord, rédacteur au Makor Rishon et éditorialiste au Maariv estime que ce rapport met fin à ce que le professeur Richard Landes de l’université de Boston avait qualifié de « premier crime rituel et antisémite du XXIe siècle ». Lord rappelle les efforts entrepris par Nahum Shahaf, dès 2002, pour aller à contre-courant et réfuter la thèse selon laquelle Mohamed AL-Dura avait été tué par des balles israéliennes. Il rappelle à ses lecteurs que ce jour-là Charles Enderlin n’était pas sur place, mais à Ramallah, que la seule source-vidéo était celle, douteuse, de Talal Abou-Rahmé, le caméraman de France 2 et il explique avec clairvoyance : « Cette affaire a pris tant d’ampleur pour une seule raison : parce qu’en Europe, sous l’influence de la guerre psychologique que mènent les Palestiniens, il était déjà évident à l’époque que Tsahal était une armée qui assassinait des enfants. C’était l’axiome … » et de conclure : « Étant donné que l’affaire continue à être débattue devant la justice française, il est possible que ce rapport tardif serve de nouvelle munition à ceux qui veulent réenclencher des plaintes contre France 2 ».

Barak Ravid en page 5 du Haaretz, est bien moins enthousiaste : « Le rapport rendu public hier est l’un des documents officiels israéliens les moins intéressant publiés ces dernières années et la remise de ce rapport parait surréaliste….Il est le résultat d’une action quasi obsessive du général (de reserve) Yossi Kuperwasser qui mène depuis 13 ans de véritables combats d’information face aux Palestiniens…. Ce rapport permettra certainement de convaincre les convaincus mais pas beaucoup plus. Et puis, il en ressort une odeur de campagne vengeresse contre le correspondant de France 2, Charles Enderlin comme si l’on voulait faire endosser à ce Juif, Israélien, qui a servi au bureau du Porte-Parole de Tsahal et dont les deux fils ont servi dans l’armée, l’ensemble des problèmes de l’État d’Israël et du peuple juif. La commission est même allée très loin en insinuant qu’Enderlin serait indirectement responsable de l’attentat contre l’école juive de Toulouse…. concrètement, les dégâts que ce rapport peut causer dépassent de loin son apport douteux »

Tout retard dans la justice, est une injustice. C’est l’une des raisons pour lesquelles, les tribunaux « rabbiniques » devaient se hâter de rendre leur jugement pour ne pas aggraver éventuellement les dommages.

Dans cette affaire, avoir attendu 12 ans pour éclaircir ce scandale, et surtout avoir laissé quelques personnes porter ce combat face à des médias moqueurs dans le meilleur des cas et calomniateurs dans d’autres, sans que l’État d’Israël qu’elles voulaient défendre ne leur apporte son soutien paraît être d’une grave inconséquence.

Il n’en demeure pas moins, que l’histoire reste toujours morale. Ce n’est pas l’happy-end hollywoodien, mais bien la Providence qui gère l’histoire et qui Seul est garante de sa moralité.

En peu de temps, la condamnation de l’OLP dans l’affaire Véolia-Alsthom, la vérité sur l’affaire Al-Dura, la chute des pays arabes dans l’enfer islamiste, voire la condamnation implicite de la France comme étant une puissance colonisatrice de la Polynésie, sont autant d’indices qui nous permettent de croire en la Justice.

Revue de la presse israélienne, par Nissim Liel.©JFORUM.FR