Les évènements actuels, à l’examen de la résolution 338, démontrent qu’une paix juste et durable dans la région ne dépend pas de la résolution immédiate du problème palestinien, qui a perdu toute centralité. Le 40ème anniversaire de la Guerre de Yom Kippour, de 1973 marque aussi l’instauration de la Résolution 338 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Point chaud de la guerre froide, le fait qu’Israël ait repoussé l’attaque syrienne sur les hauteurs du Golan et pu établir une tête de pont à la frontière égyptienne du Canal de Suez a provoqué une intense pression internationale pour mettre un terme aux combats. Le Secrétaire d’Etat Henry Kissinger s’envolait pour Moscou, le 20 octobre 1973 et, de concert avec les Soviétiques, proposait une résolution de cessez-le-feu au Conseil de Sécurité de l’ONU.

Le réexamen de la résolution 338 est aujourd’hui très utile, alors qu’elle met en lumière sa propre obsolescence, étant donnée la tourmente contemporaine qui règne en Syrie et, dans une très large mesure, dans l’ensemble du Moyen-Orient. Les résolutions 242 (qui est intervenue à la suite de la Guerre des Six-Jours de 1967) et 338 de l’ONU s’imposent comme un prérequis pour « instaurer une paix durable dans la région » par un compromis territorial entre Israël et ses voisins. Clairement, au cours des quatre décennies passées depuis la guerre, la paix n’est devenue ni proche ni imminente – et, de façon plus dérangeante, personne n’est plus tout-à-fait certain de ce que ce terme signifie.

Les Israéliens, cela dit, n’ont pas oublié les leçons de 1973 et n’ont aucune intention de répéter les erreurs faites il y a 40 ans, particulièrement, lorsqu’il s’agit de la Syrie d’aujourd’hui. La mémoire collective israélienne perçoit encore la guerre de Yom Kippour de la même façon que les Américains se souviennent de Pearl Harbour – une attaque choquante dévastatrice, suivie d’une guerre qui a arraché la vie à près de 3000 soldats de Tsahal (à l’ époque, près d’un pour cent de la population juive d’Israël).

Au cours des quatre décennies passées, Israël a été en mesure de conclure un traité de paix avec seulement deux pays arabes – l’Egypte et la Jordanie. La Syrie en tant que partie responsable de 1973, et actuellement en situation d’éclatement total, pourrait difficilement être en plus fâcheuse posture pour négocier quoi que ce soit. Tout comme les Palestiniens de l’OLP (sous Arafat), qui ont accepté, à contrecœur la 242, plus de 20 ans après qu’elle ait été votée (en 1988) ; aujourd’hui, ces mêmes Palestiniens –divisés entre l’OLP conduite par l’Autorité Palestinienne, en Judée-Samarie/Cisjordanie et le Hamas islamiste, à Gaza – ne sont même pas prêts de concéder à Israël le simple droit d’exister.

La centralité du problème palestinien en net recul

Ces dynamiques éclatées éclairent la complexité de l’architecture du Moyen-Orient, autant que le rôle croissant des voix islamistes qui restent focalisées sur la destruction d’Israël. Alors que le paradigme de la paix négociée, incarné par les résolutions 242 et 338, a été adopté par la communauté internationale dans son ensemble, il a été rejeté par la plupart des acteurs arabes, pour qui, Israël en tant que « partenaire légitime » est un concept qui ne fait pas partie du lexique des possibilités.

La clé des résolutions 338 et 242 de l’ONU – autant que du processus de paix amorphe – consiste à résoudre l’un des aspects les plus insolubles du conflit palestino-israélien : celui des réfugiés palestiniens et de l’exigence arabe d’un « droit au retour » intégral. Alors que l’UNRWA, l’agence pour les réfugiés palestiniens, peut encore faire semblant de croire que le problème des réfugiés palestiniens représente le point de focalisation du conflit au Moyen-Orient, le nombre croissant de réfugiés syriens fuyant les massacres menés par le régime Assad décrit un tout autre tableau.

Actuellement, le monde arabo-musulman étant confronté à une authentique tragédie humanitaire, la centralité du problème palestinien est en recul. L’afflux de réfugiés syriens au Liban défie l’opinion communément admise au sujet des réfugiés palestiniens. Der Spiegel a récemment cité un combattant du Hezbollah en Syrie, qui déclarait : « Se battre contre les rebelles en Syrie est même, désormais, plus important que la lutte contre Israël », et un peu plus loin : « Laissons les Palestiniens libérer leur pays par eux-mêmes ».

Qui aurait pu l’imaginer?

En tout et pour tout, les préoccupations arabes concernant l’imminence d’un Etat palestinien sont détournées, du fait de la déstabilisation potentielle du Liban ; la capacité de cette nation à sécuriser ses frontières, tout en aidant les réfugiés syriens dans le besoin, est le problème le plus urgent.

Que la citation précédente du milicien du Hezbollah doive ou non être prise au sérieux, elle souligne l’éloignement de toute centralité du conflit palestino-israélien, comme étant la clé de voûte de la violence au Moyen-Orient. Alors que les résolutions 242 et 338 de l’ONU reflétaient la réalité des décennies qui ont suivi immédiatement l’indépendance d’Israël, les évènements actuels démontrent qu’une paix durable et juste dans la région ne dépend absolument pas d’une solution immédiate du problème palestinien. Bien qu’il n’y ait aucun doute que ce conflit affecte la région au détriment des Palestiniens, il devient plus difficile de croire qu’il serait la force motrice à l’origine de l’instabilité de la région dans son ensemble.

Est analyste du Moyen-Orient basé à Philadelphie, chercheur associé d Middle East Forum. Nicole Brackman est politologue, et écrit beaucoup sur les politiques israéliennes et moyen-orientales.

Asaf Romirowsky, Nicole Brackman

Publié le : 04.11.13, 11:18 / Israel Opinion

ynetnews.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski.

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MarcBRZ

En effet, j’avais proposé cette acceptation à Manfred Gerstenfeld pour certaines de ses adaptations. Il est clair, dans mon esprit, qu’Israël n’a pas déclenché la Première, ni la Seconde Intifada, s’est retiré de Gaza, en août 2005, le Hamas trucidant le Fatah local et se mettant à déclencher 2 à 3 guerres ou interventions, à force de tirs continuels de missiles et Qassam, qu’Israël n’est toujours pas reconnu comme Etat Juif par ses voisins,…

Dans la mesure où l’essentiel du conflit est idéologico-religieux, alors que sur le fond, Israël accepte de se situer dans un environnement largement arabo-musulman et ne déclenche, généralement, que des guerres de défense ou préventives, voire y compris, lors de l’intervention « paix en Galilée », de 1982, à cause des attaques incessantes palestiniennes, à l’époque, depuis le Liban et l’assassinat d’un diplomate en Europe, ce sont, jusqu’à preuve du contraire, les Palestiniens qui ont un problème avec l’existence de leur voisin, l’inverse étant purement conjoncturel.

DANIELLE

je viens de découvrir le conflit « palestino-israélien ».

En effet, vous voyez juste, ce sont donc les Palestiniens qui ne s’entendent pas avec les Israéliens ?