Nicolas Sarkozy a confirmé ce lundi soir qu’une seule et « même personne » était responsable de la fusillade sanglante devant une école juive à Toulouse et de l’assassinat de trois militaires dans cette même ville et à Montauban au cours des derniers jours.

Depuis ce lundi matin, au fil des éléments connus sur la terrible fusillade de Toulouse, de plus en plus d’éléments similaires tendaient à rapprocher ces trois dramatiques événements. Voici ce que l’on sait à cette heure du tueur et de son comportement lors des trois fusillades qui ont fait neuf victimes, dont trois enfants.

Ce lundi matin, le procureur de Toulouse, Michel Valet, avait indiqué qu' »il existe des éléments qui justifient qu’on se pose très sérieusement la question d’un lien » entre la fusillade ayant fait quatre morts et un blessé grave dans l’établissement juif de Toulouse et les assassinats de parachutistes de la semaine dernière. Un lien qu’a donc confirmé ce soir le chef de l’Etat. « Nous savons que c’est la même personne, la même arme qui a tué des militaires, des enfants et un enseignant ».

Toulouse, lundi 19 mars, quatre victimes

– Les circonstances : une personne, circulant sur un deux-roues, « une moto ou un scooter » noir ou noir et blanc, selon les témoignages, tire au hasard devant le collège-lycée juif Ozar-Hatorah situé au 33, rue Jules Dalou, dans le quartier de Jolimont, au nord de Toulouse. Certains témoins indiquent qu’il aurait poursuivi des enfants à l’intérieur même de l’établissement avant de repartir sur son deux-roues.

– Les victimes : un professeur en religion franco-isréalien de 30 ans, et ses deux enfants de 3 et 6 ans, ainsi qu’une fillette de 10 ans, sont tués. Un adolescent de 17 ans est grièvement blessé.

– Les armes : le tireur a utilisé deux armes. Il aurait notamment utilisé un 9 mm devant l’établissement. Il aurait également utilisé un calibre 11.43 comme dans les deux affaires précédentes. L’une des deux armes se serait enrayée. Selon une source proche de l’enquête, il s’agirait de la même arme que celle utilisée lors des meurtres des militaires de Montauban et de Toulouse. Ce qui a été confirmé par la suite.

Montauban, le jeudi 15 mars : deux morts

– Les circonstances : trois militaires du 17e régiment de génie parachutiste de Montauban, sont visés par un tireur alors qu’ils attendent pour retirer de l’argent à un distributeur situé non loin du régiment. L’attaque ressemble à une exécution, indiquent les premiers témoignages qui font état du sang-froid effroyable du tueur. Le tireur s’enfuit sur un scooter de type Yamaha T-Max de grosse cylindrée, rapportent plusieurs témoins. Il est filmé dans sa fuite par plusieurs caméras de vidéosurveillance. Celles-ci semblent montrer que l’agresseur connaît bien les rues de Montauban. Ces images perdent la trace du deux roues alors qu’il prend la direction de la commune de Corbarieu.

– Les victimes : Abel Chennouf, 24 ans, et Mohamed Legouad, 26 ans, tous les deux parachutistes au 17e RGP, ont trouvé la mort. L’un d’eux allait devenir papa dans quelques semaines. Le troisième militaire visé, d’origine martiniquaise, est toujours entre la vie et la mort.

A la suite de cette fusillade, des consignes de vigilance ont été données aux militaires de la région de Toulouse, a indiqué un porte-parole du Sirpa Terre: « il leur a notamment été demandé de ne pas porter l’uniforme hors des enceintes ». Ces mesures concernent l’ensemble de la zone où est stationnée la 11e Brigade parachutiste, notamment à Toulouse, Montauban, Pamiers, Tarbes.

– L’arme : là encore, une arme de calibre 11.43 est utilisée. Dès le vendredi, le parquet annonce qu’il s’agit de la même arme que celle utilisée le dimanche 11 mars à Toulouse. 17 douilles sont retrouvées sur les lieux de la fusillade, ainsi qu’un chargeur sur lequel aucune trace ADN n’a été retrouvée.

– Un témoin : une femme affirme avoir vu le visage du tireur qui l’aurait bousculé dans sa fuite. Selon elle, il porterait un tatouage ou une cicatrice au niveau de la joue gauche. Il serait, selon elle, de taille moyenne et de corpulence assez forte, déclare-t-elle à RTL et à la Dépêche du Midi. Selon d’autres témoins, il était habillé de sombre et portait un casque intégral.

Toulouse, le 11 mars : un mort

– Les circonstances : Imad Ibn-Ziaten, 30 ans, sous-officier au 1er régiment du train parachutiste de Francazal (près de Toulouse), est tué d’une balle dans la tête, chemin de Limayrac, dans un quartier résidentiel de l’est de Toulouse.

– La victime : le militaire tué, qui était en tenue civile, considéré comme un excellent élément par sa hiérarchie, indique La Dépêche du Midi, a donné rendez-vous à un acheteur éventuel de sa moto Suzuki de 650 cm3. Celui-ci l’a contacté par téléphone quelques minutes avant le drame après avoir vu une annonce déposé par le militaire en février sur le site internet de vente Le Bon coin. Le militaire aurait indiqué sa profession sur cette annonce, mais pas son identité, rapporte Le Figaro.

– L’arme utilisée est de calibre 11.43. Ce pistolet automatique est notamment utilisé dans le grand banditisme. Il en vente dans des armureries, a précisé le procureur de Toulouse qui supervise les trois affaires. Une seule balle, tirée en pleine tête, aurait provoqué la mort.

Les hypothèses des enquêteurs

Un tueur calculateur, déterminé, sportif qui agit avec sang-froid, connaît les armes et cible ses victimes : beaucoup d’enquêteurs jugent crédible la piste d’un militaire ou para-militaire xénophobe et raciste dans les affaires de Toulouse et Montauban, sans exclure le geste d’un déséquilibré dépourvu d’idéologie.

Voici les principales pistes examinées :

– Ex ou actuel militaire : De nombreux enquêteurs notent l’apparente « connaissance parfaite » des armes du tueur, son « habitude à leur maniement », son « sang-froid », sa « capacité à garder son calme », sa « détermination », son côté « sportif », sa maîtrise « de la conduite de deux-roues à moteur de forte puissance ». Aussi envisagent-ils d’avoir à faire à « un militaire ou paramilitaire », ancien ou encore en service, individu « xénophobe et raciste », ou néo-nazi. « Ca sent son +mil+ (militaire, ndlr), c’est un pro ou un ancien pro », avancent d’autres, en écho aux premiers.

Calculateur, il avait une arme de rechange. Il s’en est servi à Toulouse car son arme tirant des balles de 11,43 s’est enrayée, selon une source proche de l’enquête. Une autre source relativise cependant les qualités de tireur de l’auteur des attaques. Il relève des traces de balles perdues et des tirs facilités par la faible distance avec ses cibles.

– Racisme et xénophobie : Les trois parachutistes de Toulouse tués étaient d’origine maghrébine, un quatrième blessé d’origine antillaise. Les victimes tuées ou blessées devant le collège-lycée de lundi sont juives.

– Déséquilibré: L’hypothèse d’un « déséquilibré sans idéologie », bien que « pas exclue », ne paraît toutefois pas « tenir la corde », selon des enquêteurs. Si, pourtant, il s’agissait de cela, ce serait un « déséquilibré organisé », selon une source qui fait remarquer que chaque tuerie a été perpétrée à quatre jours d’intervalle.

– Terrorisme : Cette piste, au sens propre de « terrorisme extérieur (Al-Qaïda par exemple) ou intérieur » (ultra gauche ou néo nazie) n’est pas obligatoirement privilégiée par les enquêteurs, même s’ils ne veulent pas « l’exclure a priori ». Que le parquet antiterroriste de Paris ait été saisi ne propulse pas cette hypothèse en première ligne, puisque cette saisine a été retenue en raison de l’impact de ces tueries, qui créent « un climat d’intimidation et de terreur », a-t-on précisé de source judiciaire. Si toutefois elle devait s’avérer, ce serait davantage vers le « terrorisme intérieur » qu’elle s’orienterait.

– Ultra-droite : Un homme opposé à une société multiethnique, comme en Norvège, où Anders Behring Breivik, qui a tué 77 personnes le 22 juillet

– Ultra-gauche : La région toulousaine est un fief historique de l’ultra gauche, dont certains adeptes sont à la fois anti-militaristes et antisionistes, mais les policiers spécialistes français semblent ne pas y croire.

– Néo-nazis : Le 17ème RGP de Montauban auquel appartenaient les trois militaires visés lundi dans cette ville avait été le théâtre, comme le souligne Le Point après le Canard enchaîné, de démonstrations nazies de la part de trois de ses militaires, dénoncés à leur hiérarchie par un autre qui a depuis quitté l’armée.

Ce lundi soir, une source proche de l’enquête précise : « On est sur deux pistes principales évidentes: la piste islamiste et l’ultra-droite ».

Les moyens déployés

Ce lundi, le parquet antiterroriste de Paris a ouvert trois enquêtes pour assassinat après les fusillades perpétrées à Toulouse contre une école juive et contre des militaires à Toulouse et Montauban, a annoncé le procureur de Paris dans un communiqué.

« Le parquet de Paris s’est saisi au titre de sa compétence antiterroriste des trois enquêtes diligentées pour des faits qualifiés d’assassinat et tentatives d’assassinat en lien avec une entreprise terroriste », a déclaré François Molins dans ce communiqué.

L’ensemble des services de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) ont étés saisis pour travailler sur cette affaire, soit des milliers d’hommes et de femmes incluant les services centraux spécialisés de la DCPJ et les directions interrégionales de la police judiciaire (DIPJ) en province notamment, indique-t-on de source policière.

A.B./B.P. et AFP

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