« Si les Israéliens frappent les sites nucléaires en Iran c’est 18 mois de problèmes. S’ils ne frappent pas et que l’Iran développe la bombe nucléaire c’est 30 ans de problèmes ». Une petite phrase que l’on prête à un responsable d’un pays arabe en dit plus sur l’inquiétude qui règne désormais dans le Golfe face à la possibilité d’un Iran nucléaire que sur la probabilité d’une frappe _ ou plutôt de frappes _ sur des installations en Iran. Il est évident qu’il est très difficile aujourd’hui de prédire l’éventualité d’une attaque, voire même d’affirmer avec une certitude absolue que le régime des mollahs à Téhéran veuille se doter de cette arme de destruction massive ou simplement rester au « seuil » le plus proche pour être à quelques mois _ si nécessaire _ de développer des bombes.

Car au moment où le « G-6 », les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France) plus l’Allemagne, ont « proposé » à l’Iran de reprendre des négociations, gelées depuis plus d’un an, peu d’experts occidentaux ont des doutes sur les intentions militaires du programme nucléaire de l’Iran.

Téhéran a, d’ailleurs, annoncé récemment que des centrifugeuses plus performantes devaient enrichir à 20% du combustible nucléaire pour le centre de recherche d’Ispahan. Ce qui pourrait lui permettre, dit-on, de pousser encore au-delà cet enrichissement. En novembre dernier, déjà, l’AIEA (Agence internationale pour l’énergie atomique) avait _ pour la première fois _ évoqué « une possible dimension militaire » de ce programme en dépit des dénégations de Téhéran sur ses intentions purement civiles.

Ce qui a provoqué une grande inquiétude non seulement en Israël mais aussi dans tous les Etats arabes sunnites de la région qui se sentent menacés par une puissance chiite qui serait doté de la bombe nucléaire, avec en tête l’Arabie saoudite.

Surtout que les chances que des discussions _ si l’Iran accepte bien de les reprendre _ aboutissent à un quelconque accord, sont faibles. Depuis des années, note ainsi un expert occidental, « on fait du striptease devant les Iraniens. On est en string mais rien ne se passe ».

Même les dernières propositions russes que les occidentaux jugeaient très laxistes, ont été repoussées par Téhéran. Les occidentaux ont aussi fait discrètement des concessions, affirme-t-on, notamment sur le fait que le « gel » du programme d’enrichissement de l’uranium n’est plus une condition à la reprise des pourparlers entre le « G-6 » et l’Iran.

Ce mercredi sur i-Télé, le chef de la diplomatie française Alain Juppé a d’ailleurs exprimé un certain scepticisme sur la volonté de l’Iran de conclure un accord. Pour lui, l’Iran continue à tenir un double langage. Il est nécessaire, a-t-il dit, de rester ferme sur les sanctions, « la meilleure manière d’éviter une option militaire qui pourrait avoir des conséquences incalculables ».

Reste qu’à ce jour les sanctions ont vraisemblablement contribué à ralentir le programme nucléaire iranien mais sans parvenir à dissuader Téhéran. D’autant plus que ni Moscou ni Pékin ne sont prêts à aller beaucoup plus loin en matière de sanctions.

Dans un tel contexte, Israël _ menacé par un régime à Téhéran promettant sa « disparition » _ ne cesse de mettre en avant l’option militaire pour arrêter l’Iran dans sa course apparente vers l’arme nucléaire. Les Israéliens sont d’autant plus inquiets que l’Iran a développé dans un site souterrain à Fordow ses capacités d’enrichissement. Ce qui obligerait à réaliser plusieurs frappes sur plusieurs jours pour faire des dommages irréparables à une telle installation. Sans oublier que les différents centres nucléaires sont disséminés sur le territoire en Iran.

Et si rien n’est dit. Tous les scénarios commencent à circuler. Certains prédisent même une attaque israélienne avant les élections présidentielles des Etats-Unis de novembre, peut-être même à la fin de l’été vers le début septembre. En pleine campagne pour sa réélection Barack Obama ne pourrait pas ne pas soutenir son allié israélien au Moyen Orient, même s’il a exprimé à plusieurs reprises son hostilité à la perspective de frappes contre l’Iran.

Mais le débat sur les conséquences d’un bombardement éventuel est largement ouvert. il va de la perception de la catastrophe annoncée à une réaction plus réservée de Téhéran, comme le régime l’avait d’ailleurs fait en 1988 après la destruction en vol d’un Airbus d’Iran Air abattu par des missiles tirés d’un croiseur américain. Un attaque par méprise selon les Américains qui avait fait 290 victimes dont 66 enfants.

C’est un « régime rationnel », affirme un expert. « Il sait que l’opinion publique iranienne est terrorisée par la guerre ». Le souvenir de la guerre avec l’Irak (1980-1988) qui avait fait d’un million de morts, reste très vif en Iran. De plus, fermer le Golfe pour l’Iran après des frappes aériennes serait une balle à double tranchant car c’est la voie aussi empruntée par ses navires. Sans oublier que sa marine militaire est faible en face des capacités militaires américaines. Ses vedettes rapides seraient insuffisantes pour parvenir à bloquer le détroit d’Ormuz, pense-t-on.

De plus au moment où l’allié de l’Iran, la Syrie réprime dans le sang la rébellion, il serait pour Téhéran de plus en plus difficile de faire parvenir des armes au Hezbollah pour tirer depuis le Liban sur Israël. Certes, reconnait-on, au sud du Liban il existe des combattants mais dans son ensemble le Hezbollah ne se conçoit pas comme une « milice » de l’Iran.

Certains se rassurent aussi après les récents attentats et tentatives à New Delhi, Bangkok et Tbilissi, dont l’initiative a été attribuée par Israël à l’Iran. « C’est le scénario de la panthère rose », dit-on.

Mais il reste que pour nombre d’autres experts des frappes sur l’Iran par Israël auraient des conséquences extrêmement graves, dans une région prête à s’enflammer et très déstabilisée par les années de guerre en Irak et la permanence du conflit israélo-palestinien. Des frappes même très ciblées sur les sites nucléaires iraniens pourraient obliger les Etats-Unis à intervenir en soutien à son allié, avec l’éventualité d’aggraver les rivalités entre l’Amérique et la Chine.

La voie est toujours très étroite, mais elle passe bien par un savant dosage de sanctions, même limitées, de pressions et de diplomatie. En comptant toujours bien sur une certaine rationalité de l’Iran et en lui offrant très clairement la garantie que sa sécurité ne sera pas menacée …

Jacques HUBERT-RODIER Article original

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boguy126

bonjour a tous,moi je pense que l’iran c’est comme l’irak de 1991,on disait attention l’irak possede des armes de destruction massive,que l’irak avait une armee de deux millions d’hommes surtout la garde republicaine resultat une coallition de moins de 500000 hommes a pu en moins d’une semaine envahir tout ce pays.ne craignez pas ce tigre en papier qu’est l’iran a qui je ne souhaite pas qu’Israel « s’occupe » chabat chalom HAM ISRAEL HAY